Chapitre 41.

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Agrippée au gouvernail, tous mes sens sont en alerte. L'Équinoxe ouvre la voie. À bord de mon navire, une tension tangible règne. Cela fait quelques minutes que nous naviguons dans la mer des monstres. Pour l'instant, il n'y a rien à signaler si ce n'est que la mer aux reflets rouges est particulièrement calme. Zephyra me sort de mes pensées.

– C'est calme.

– Trop calme.

– Peut-être que les monstres sont trop éloignés dans les abysses pour nous entendre, dit-elle en fixant l'horizon.

– Ou peut-être qu'ils n'existent pas du tout.

Je ne crois que ce que je vois et il y a une part de mystère indiscutable autour de cette partie du globe. Personne ne s'aventure dans cette zone et personne n'en revient. Les marins qui prétendent avoir vaincu les monstres sont souvent des charlatans qui souhaitent impressionner les continentaux. Les vrais marins savent que les seules personnes ayant survécu sont très rares et vivent souvent seuls en autarcie. Ce sont des rescapés qui ne veulent pas replonger dans le passé.

Sauf qu'avec de telles informations sur les monstres marins et leurs fonctionnements, si ces hommes n'étaient pas cachés, pirates et amiraux toqueraient sans cesse à leurs portes. Ce sont des survivants d'une bataille impossible à gagner. Zephyra tourne la tête vers moi avec un regard accusateur. Je me défends.

– Quoi ? C'est une théorie.

– Vous vous accrochez à l'espoir qu'on peut s'en sortir, sourit-elle.

– On va s'en sortir.

– Et comment ça ? Avons-nous un plan peut-être ? Que ferons-nous si les monstres nous attaquent ?

Je sais que Zephyra fait ça pour me pousser dans mes retranchements et m'aider à trouver une autre solution mais honnêtement ce n'est pas ce dont j'ai besoin à l'heure actuelle. La tension est si palpable au sein du Red Shell que je pourrai croire que le navire est sur le point d'exploser. Toutes mes filles sont à leurs postes respectifs et attendent le moindre signe suspect. Je tends l'oreille à la recherche d'un son inhabituel. Seul le bruit de l'écume s'écrasant contre la coque m'accueille.

Plusieurs filles ont le regard braqué sur l'eau qui nous entoure. Sathyne, perchée dans son nid-de-pie est l'un de nos meilleurs atouts. Avec la hauteur, elle pourra nous prévenir si elle voit quelque chose de suspect.

– Je n'ai pas de plan. On ne peut rien prévoir. Si l'on se fait attaquer et bien on répliquera, c'est tout.

– Si ça pouvait être aussi simple.

– Zephyra j'adore ton franc-parler mais je dois avouer que quelques encouragements seraient les bienvenus.

Elle ricane puis reprend son sérieux. Je peine à assimiler l'information que nous sommes au cœur du danger. Il n'y aucun monstre à l'horizon, rien qui serait susceptible de nous envoyer par le fond. Hormis la couleur de l'eau, tout est normal.

J'aimerai pouvoir en parler avec Nox. C'est un pirate averti qui doit en savoir plus que moi dans ce domaine. Il croit à beaucoup de légendes et y compris à celles des monstres marins. L'histoire raconte que la déesse Aëloria elle-même, aurait concentré tous les monstres marins dans un même endroit pour laisser une chance aux hommes de survivre en mer.

– Là !

Une mousse hurle et pointe du doigt une direction précise dans l'eau. Elle se fait rapidement encerclée et tout le monde observe le fond.

– Ce n'est rien qu'un requin tête d'enclume !

Minaa, la mousse la plus proche d'elle lui donne une petite tape sur le crâne. Elle bafouille et se sent gênée d'avoir inquiété l'équipage pour un simple requin.

– Retournez à vos postes.

Nous naviguons à soixante trois degrés à l'Est comme prévu. Il n'y aucune embûche dans notre trajet. Pour mon plus grand plaisir, nous avançons vite.

Cela fait déjà une heure que nous traversons la Mer Rouge sous un soleil écrasant. La deuxième heure s'écoule avec une lenteur telle qu'il devient difficile de maintenir sa concentration tout du long.

– Et bien ! Qu'est-ce qu'ils sont terrifiants ces fameux monstres marins ! Peut-être que j'avais raison et qu'il n'y a absolument rien dans cette fichue mer.

Zephyra hoche la tête de droite à gauche et désapprouve mon arrogance. Je souris face à sa réaction. Je continue de fixer l'horizon quand la voix de Sathyne perce le silence.

– Terre en vue !

J'hoquète de surprise. Je lègue la barre à Zephyra et attrape ma longue vue. Lorsque je vois l'île de mes propres yeux, je manque de m'écrouler. L'angoisse que nous avons subi ces derniers jours était inutile. Il n'y aucun monstres marins dans cette zone. Ils ont fait l'objet d'une légende pour protéger cette île et empêcher les hommes d'y accéder. Une île qui existe bel et bien mais qui n'est recensée sur aucune carte car personne n'en a la connaissance. Cette terre n'est même pas affichée sur la carte des 1001 contrées.

– Hourra ! crie l'une des membres de mon équipage.

Ce cri d'allégresse est suivi par une cacophonie d'exclamations d'enthousiasme. Certaines des filles commencent à danser en se prenant par le bras. Je lance mon chapeau en l'air. La terre n'est plus qu'à une petite heure de navigation et il n'y aucune trace de monstres marins. Tout va bien. Lorsque je pose les yeux sur Zephyra, celle-ci garde un visage fermé. En souriant je plaque mes mains contre mes hanches et déclare :

– Tu vois, il n'y avait pas besoin de plan.

Tout à coup, comme si l'océan m'avait entendu, l'eau s'agite autour du navire. Le navire tangue suffisamment pour nous inquiéter. C'est de nouveau le calme plat sur le Red Shell. Plus personne ne crie ou ne parle. La vie est figée. Nous naviguons depuis deux heures et le navire n'a, à aucun moment, tangué de la sorte. C'est comme si quelque chose venait de donner un léger coup dans la coque.

Je descends les escaliers en courant pour rejoindre le gaillard avant mais je ne vois rien.

– Que se passe-t-il ?

Je chuchote à moi-même. Quand je jette un coup d'œil à Sathyne, je comprends que quelque chose ne va pas. Je décèle la tension qui émane de son corps. Ses deux mains agrippent le bois et elle semble paralysée.

Mes jambes s'actionnent en direction de l'échelle de corde. Je fais au plus vite pour prendre suffisamment de hauteur et voir de mes propres yeux ce qui vient de taper la coque. Mes mains s'accrochent si fort à la corde qu'elle finit par me brûler la peau. Une fois suffisamment en hauteur, je ne vois rien.

L'eau s'agite mais je n'en connais pas la cause. De plus grosses vagues viennent claquer contre la coque. Je demeure suspendue dans les airs durant de longues minutes. Le souffle coupé, j'attends. J'attends le moindre signe qui pourrait me confirmer que nous sommes en danger. À quoi bon se préparer quand l'on ne sait même pas ce que nous allons affronter ? Sathyne hurle à s'en déchirer la voix. Habituellement si discrète, elle me pointe du doigt quelque chose :

– Ici !

Je suis la direction qu'elle m'indique et je m'agrippe un peu plus aux cordages. Une centaine de mètres plus loin, une nageoire dorsale verte ornée d'écailles fend l'eau dans notre direction. Cette créature colossale se déplace avec une nage véloce à la surface. Elle est le prédateur. Nous sommes la proie. Et nous sommes prises en chasse.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant