Chapitre 58.

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Ma gorge se noue et un poids se dépose au fond de mon ventre. Mes oreilles sifflent et je peine à me concentrer sur ma mère. Je dépose mes mains sur mon crâne et laisse échapper un gémissement plaintif face à cette souffrance inattendue. Je suis prise par ce que je pense être un début de migraine lancinante, bien plus puissante que celles que j'ai pu endurer. Une fois de nouveau capable de parler, j'ouvre mes paupières. Ma mère n'a pas bougé et m'observe penaude. Comment peut-elle dire ça ? Je ne l'ai pas laissé. C'est elle qui m'a laissé.

– Ne dit pas ça. J'ai dû survivre seule sans toi.

Je me remémore le souvenir du corps sans vie de ma mère. Je l'ai retrouvé dans son lit, dans des draps tâchés de transpiration qui empestaient le renfermé.

J'étais beaucoup trop jeune pour voir ça. La vision de mon premier cadavre ne fut pas celle d'un pirate ou d'un soldat mais bien celle de ma mère. Atteinte d'une maladie rongeant les os, elle était mourante. Même en étant enfant, je m'attendais à cette fatalité mais je n'y étais pas assez préparée. Dans un coin de ma tête, je continuais d'entretenir l'espoir qu'elle pouvait guérir.

Un jour, je suis revenue à la maison avec une besace remplie de pommes que j'avais volé au marché. Une fois dans le salon, j'ai su qu'elle était partie. Je me souviens encore de son visage apaisé quand je l'ai trouvé. Tous ses traits étaient détendus comme si elle était enfin en paix. Libérée de sa maladie.

À sa mort, j'aurais dû fuir. J'aurais dû laisser les autorités trouver son cadavre et partir aussi loin que je le pouvais. Mais je ne l'ai pas fait. Je regrette amèrement cette décision. Chaque jour, chaque nuit, je prie intérieurement pour effacer ces images cauchemardesques de ma mémoire. Je suis secouée par mes propres sanglots. Repasser mon passé me donne des vertiges.

– Est-ce que tu es fière de ce que tu es devenue ?

– Maman, je suis devenue une grande navigatrice. J'ai un navire et un équipage !

Son rire doux et harmonieux s'envole dans les airs.

– Tu es le portrait de ton père, mon trésor.

– Ne parle pas de lui maman, dis-je d'une voix grave.

Sa comparaison me fait l'effet d'un pieu dans le cœur. Même après la mort, elle continue de l'aimer. Elle continue de l'attendre.

– Ma fille, j'ai beau t'aimer à l'infini je n'aurais jamais été capable de te concevoir seule...rit-elle.

– Cet homme n'est pas mon père. C'est un pirate. Il nous a abandonné maman.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant