Chapitre 70.

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Ancrée au plancher de L'Équinoxe, je n'ai jamais autant désiré quelque chose de ma vie. Le besoin de franchir cette limite me ronge les os. Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je le vois aussi en Nox, cette lueur de désir. Tout à coup, des bruits de pas lourds se rapprochant brisent cet instant magique. Un mort-vivant se jette dans le dos de Nox.

– Derrière toi !

Nox m'arrache mon sabre des mains et me pousse en arrière. De justesse, il pare le coup du maudit. Mon cœur bat si fort contre ma poitrine. Notre presque baiser nous a fait oublier la dureté des combats autour de nous. Les pirates n'ont plus l'avantage. Les maudits les épuisent à petit feu. Ils sont bien moins entraînés que les hommes de Nox mais ils ont un atout considérable. Ils ne peuvent pas mourir. Les maudits tombent un à un mais finissent toujours par se relever.

C'était écrit. Nous ne pouvons pas esquiver l'inévitable. Il est impossible de tuer des êtres qui sont déjà morts. Ils finiront par nous épuiser pour gagner cette bataille.

Je me retourne vers Nox qui se bat avec le même maudit qui nous a coupé dans notre élan. Je plisse les yeux et découvre avec stupeur que son adversaire n'est d'autre que le capitaine du navire.

Le pirate maudit incarne l'essence même de la terreur. Sa peau pâle et décomposée semble avoir été tirée par les griffes de la mort. Son visage est marqué par des cicatrices et des lambeaux de chair putréfiée. Son regard perçant reflète les ténèbres de son âme corrompue. Cette chose n'a plus rien d'humain si ce n'est son squelette.

Ses traits sont déformés par la décomposition. Ses pommettes saillantes et son menton angulaire sont recouvert d'une très fine couche de peau. Elle semble si fragile qu'elle pourrait être ouverte par une simple griffure. Son sourire carnassier est figé dans un rictus déformé qui révèle ses dents pourries et pointues.

Vêtu d'un long manteau de cuir usé par le temps, la chose est ornée de nombreuses médailles rouillées. Des breloques macabres pendent le long de son cou. À sa ceinture, une lame dentelée et rouillée est encastrée dans son fourreau. Sa deuxième arme est prête à être dégainée s'il venait à être désarmé.

Les deux capitaines se battent en duel, enchaînant des coups parfaitement exécutés. Nox a tendance à plus s'appuyer sur sa jambe droite. Un précieux détail qui n'échappe pas au capitaine maudit. Ce dernier profite de cette occasion pour abattre son sabre rouillé sur sa jambe. La lame est si proche de son corps que je laisse échapper un cri mais il dévie le coup avec agilité. Mon hurlement alerte Nox, hagard, qui fait volte face dans ma direction. Il se tient prêt à abattre n'importe quel homme qui se dresserait devant moi, tournant le dos à son adversaire pour me sauver quoi qu'il en coûte, déterminé à se mettre lui-même en danger pour moi.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant