𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]

Chapitre 56.

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Le moment que nous avons partagé Nox et moi dans les souterrains me paraît lointain. Je me remémore ce doux souvenir en fermant les paupières. La proximité de nos corps. Son souffle chaud. Ses doigts calleux s'enfonçant dans ma chevelure. Son parfum épicé. Ce moment magique et hors du temps fut unique. Nox a complètement baissé sa garde, me laissant entrevoir les tréfonds de son âme. Nous avons eu un moment de faiblesse durant lequel ma soif de pouvoir m'a rattrapé. Avant que nous soyons coupés, j'étais en train de prendre en main ma dague. Qu'aurais-je fait une fois armée ?

Cela fait des heures que nous marchons sous un soleil de plomb. La fatigue se fait ressentir. Nos provisions se font de plus en plus minces et nous nous devons de rentrer au plus vite sur le navire si nous ne voulons pas mourir de faim. Nox ouvre la marche tandis que je la ferme. Ses deux hommes de main devenus fous sont au centre de la troupe pour être facilement rattrapables s'ils venaient à s'enfuir. Ils hurlent à plein poumons des paroles inaudibles. Leurs regards sont si vides que je suppose qu'ils sont déjà morts de l'intérieur. Leurs iris ne reflètent même plus leur humanité. Claes et un autre homme de l'équipage de L'Équinoxe sont chargés de veiller sur leurs coéquipiers. Ils sont épuisés et à bout de souffle face au surplus d'énergie des deux malades.

– Ils ne sont pas dans un bon état, déclare Luza.

– Je vois ça. Tu penses qu'ils vont mourir ?

– S'ils ne s'arrêtent pas sous peu, oui, très certainement.

– Et tu ne peux rien faire pour eux ?

– Non. Sans mon matériel, je ne peux rien faire. Je ne connais pas les bienfaits des plantes de cette jungle.

– Je prierai pour qu'ils rejoignent la déesse Aëloria, déclare Téhanie qui a entendu notre conversation.

– Tes prières seront utiles mais ce sont des pirates, ne l'oublions pas.

Je ne souhaite pas froisser ma sorcière. S'il existe un au-delà, le seul endroit qui accueillera les pirates sera l'enfer. Téhanie hoche la tête et nous sommes rejoints par Zephyra.

– Ils sont devenus complètement fous en l'espace de quelques secondes. C'était impressionnant. Je n'ai aucune idée de ce qui aurait pu les rendre si agressifs.

– Le capitaine Whitley a l'air de se douter de quelque chose, reprend Téhanie.

– Je ne pense pas. Je commence à bien le connaître et je suis certaine qu'il ne contente que d'hypothèses comme nous toutes.

– À ce rythme, nous serons sur les bateaux avant la tombée de la nuit, réfléchit Zephyra.

– À ce rythme, nous perdrons la moitié de notre équipage, ajoute Luza.