𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]

Chapitre 25.

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L'homme qui me menace est accompagné de trois autres pirates. Je n'ai même pas le temps de lacer mes bottes qu'ils m'attrapent par les avant-bras et m'entraînent vers la sortie de la taverne. Il n'a plus personne hormis deux ivrognes en train de roupiller sur le comptoir, les joues contre le bois sale. Les effluves d'alcool restantes me chatouillent les narines et me permettent de mieux me réveiller. Une fois dehors, je me débats.

– Lâchez-moi bon sang ! Je sais marcher !

– La ferme !

Nous nous enfonçons dans le village. Toutes les lumières sont éteintes, me laissant ainsi seule dans la froideur de la nuit avec des pirates remontés contre moi. Les insulaires dorment profondément alors que je vais me faire torturer dans quelques minutes. Je pourrai hurler pour que l'on me vienne en aide, mais je prouverai aux pirates que je suis effrayée. Ils se délecteront de ma peur et l'utiliseront contre moi, pensant avoir une emprise psychologique.

Les hommes de Nox sont en colère, ils veulent me voir périr pour avoir tromper leur capitaine. J'ai humilié le roi des pirates et son équipage. Le pirate avec le double de mon âge me tire si fort que mes pieds effleurent le sol.

– Où m'emmenez-vous ?

– Sur L'Équinoxe. Tu as rendez-vous avec la mort.

Les membres de mon corps se tendent et un boulet de canon vient se loger dans mon estomac. Ma gorge se gonfle et il devient plus difficile pour moi de respirer. Non. Par instinct de survie, j'essaye de me tirer de cette situation en hurlant. Nous sommes maintenant trop loin du village, plus personne ne m'entendra maintenant. Leurs mains sont agrippées à mes avant-bras. Leurs ongles crasseux se plantent dans ma peau, m'ordonnant de rester tranquille.

– Lâchez-moi ! Je vous tuerai tous !

Le cœur battant à la chamade, je fais la seule chose que je suis encore capable de faire : les menacer. J'hurle à m'en déchirer la voix. Mes tentatives pour les impressionner n'ont aucun effet sur les pirates. Soudain, un des hommes se penche vers le sol. Il a l'air de récupérer quelque chose. Le bruit sourd d'un poids qui s'écrase contre mon crâne retentit. Avant que je ne tombe dans les pommes, ma dernière pensée se tourne vers mon équipage.

De l'eau glacée coule sur mon visage. Pour être sûre de ne pas m'étouffer, je prends une profonde inspiration. Mes yeux s'ouvrent en grand et tout tourne autour de moi. Ma vue est brouillée, je ne vois que des ombres qui m'encerclent. Des rires gras et moqueurs résonnent dans l'air marin. Je cligne des yeux plusieurs fois dans l'espoir que ma vue redevienne claire.

Les souvenirs me submergent. Les pirates m'ont enlevé pour me conduire jusqu'ici. Les contours deviennent plus clairs et les détails se dessinent devant moi. Je suis sur un bateau aux voiles noires et dorées, probablement L'Équinoxe. Nox porte son manteau de capitaine noir opaque. Il affiche un sourire narquois et savoure ma détresse. Ses compagnons se placent à ses côtés et m'observent comme si j'étais une bête de foire. Mon dos se décolle du sol. Lorsque j'essaie de me relever en m'aidant de mes mains, je me retrouve coincée. Elles sont liées dans mon dos par des menottes de fer. Je déglutis et un froid me glisse le long de ma nuque. Malgré l'appréhension qui me compresse la poitrine, je maintiens un visage impassible, dissimulant mes craintes derrière un masque de calme.