Chapitre 33.

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Mon regard cherche celui du roi des pirates qui aborde un sourire en coin. Octave semble méduser. Ce fin faisceau de lumière nous indique une direction pour une durée éphémère.

– La carte, sort la carte ! ordonné-je.

La grande main de Nox plonge à l'intérieur de son manteau noir. Il la déplie avec attention. Octave sort la boussole de sa poche. En voulant me la tendre, l'inattendu se produit. L'objet lui glisse des mains et tombe au fond de la cuve. Je laisse échapper un cri de surprise et manque de m'étouffer. Le silence qui suit est assourdissant. Tous les regards sont rivés sur la boussole, au fond de l'eau. Face au désastre, je lutte contre l'envie d'enfoncer le visage d'Octave dans la vasque. Zephyra qui est bien plus vive que nous, hurle à l'attention de l'équipage qui est resté dehors :

– Est-ce que l'un de vous a une boussole ?!

– Pourquoi ? Tout va bien là-dedans ?

– Répondez à la question !

Tétanisée, j'essaie d'articuler quelques mots. Non seulement mes ressentis étaient complètement faux, mais une fois que je touche le but du bout des doigts, un pirate se sent obligé de tout gâcher. L'eau s'apaise et l'objet qui y réside au fond nous nargue. Mes iris ne se décollent pas du liquide enfin calme et translucide, si innocent en apparence. Mes pensées fusent et mon cerveau est en ébullition. Mes espoirs se brisent à mesure que les secondes passent. C'est impossible. Je refuse que mon échec pour trouver le trésor d'Aëloria soit dû à un pirate bon à rien.

Octave essaie de réparer son erreur en glissant son sabre dans l'eau. La boussole remonte de quelques centimètres puis finit par glisser et retomber au fond de l'eau. Sans m'en rendre compte, je chuchote à moi-même :

– La lumière des deux lunes risquent de converger encore quelques minutes grand maximum. Le temps qu'on trouve un deuxième compas, si l'on part du principe que quelqu'un en a un...La lumière aura disparu.

– Quoi ? questionne Nox en tournant la tête vers moi.

– Je vais y aller.

Mon cœur est sur le point d'exploser. Avec des gestes brusques, je déboutonne mes poignets de chemise. Je retrousse ma manche et mon corps se plaque contre la sculpture de pierre. Mon bras commence à se tendre au-dessus de la surface de l'eau. Je fais le vide en moi en ralentissant mes battements de cœur. En faisant ça, la douleur devient plus supportable.

– Pas question.

Nox m'attrape le poignet avec autorité. Grâce à sa force démesurée, il me contraint à reculer. N'ayant pas conscience de ses capacités physiques, mon dos tape contre la roche derrière moi. L'arrière de mon crâne se cogne contre la paroi arrondie. La douleur me pique à vif mais je garde conscience qu'elle n'est que passagère. Mon souffle reprend sa course frénétique. La colère m'anime et j'ai l'impression de brûler de l'intérieur. C'est par leurs fautes que je ne bénéficierai pas du premier indice. Je rugis :

– Ça suffit !

Je suis sur le point de braquer mon pistolet sur Nox lorsque je m'immobilise. Sans la moindre hésitation, il plonge son bras dans la cuve. Le seul son qui couvre le rythme de nos respirations à l'unisson, est celui du crépitement de sa peau. Son avant-bras est rongé par l'eau saturée en sel.

Ses cheveux noirs de jais retombent sur son front. Tous les traits de son visage sont tirés. Sa mâchoire est si tendue que je me demande s'il va lui rester des dents à la fin de cette torture. Ses lèvres sont pincées. Nox n'émet aucun bruit. Il se contente d'encaisser la douleur.

Quand son avant-bras ressort de l'eau, je manque de m'évanouir. Sa peau est rouge et gonflée. Ses doigts lâchent la boussole par terre, ne pouvant plus supporter la douleur. Son membre tremble énormément. Le crépitement de sa peau résonne encore dans mes oreilles. Il s'adosse contre la roche et respire difficilement. Sans plus attendre, j'attrape la boussole à terre et la positionne au-dessus de l'eau encore en mouvement. Zephyra positionne la carte en dessous de moi, en tenant compte des directions. Elle prend garde à ne pas toucher l'eau.

– Encore un peu...Encore un peu...Stop ! Ne bouge plus !

La boussole et la carte sont enfin alignées dans le même axe. Je pose mes yeux sur notre position exacte. La lumière indique soixante trois degrés à l'Est. Dans ma tête, mon cerveau trace une ligne imaginaire pour trouver notre destination. J'essaie de rester concentrée malgré le souffle saccadé de Nox derrière moi. Il doit souffrir le martyr mais il reste digne.

Je suis cette ligne des yeux, elle traverse l'océan sur de nombreux centimètres jusqu'à un point. Un point que tout pirate aimerait éviter. Je m'exclame en portant ma main à ma bouche. Ce n'est pas possible. Personne ne s'aventure là-bas. Zephyra croise mon regard. Elle ne dit rien et pourtant nous savons toutes les deux où est-ce que cette lumière nous dit d'aller. Nox qui semble avoir compris qu'il y a problème de taille demande d'une voix grave :

– Qu'est-ce que ça dit ?

Quand je me tourne vers lui, l'horreur me submerge. Son autre bras tient le deuxième, ce dernier étant complètement brûlé. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? J'étais sur le point d'y aller. Il m'a évité une douleur significative et des cicatrices à vie. Je devrais me sentir reconnaissante mais je me sens coupable. S'il est dans cet état, c'est à cause de moi. J'aurais dû être celle qui devait plonger son bras.

– La lumière a disparu, remarque Zephyra dans mon dos.

Je m'approche de mon ennemi. Je ne sais pas où poser mes mains tant je suis désemparée. Mon corps est partagé par un millier de sensations. Je regarde les rougeurs sur le bras de Nox et d'une voix tremblante je lui promets :

– Tout ira bien. Tu vas passer en premier et on va te soigner.

– Galia, où pointait la lumière ? demande-t-il sur un ton grave.

– Luzarelle a des mains magiques, tu sais ? Elle fera son maximum. Pour l'instant, il faut que tu ne fasses aucun mouvement brusque.

À mesure que je fixe ses brûlures, mon vertige s'intensifie. Une vague de chaleur me traverse. À certains endroits on peut voir des cloques commencer à faire leur apparition. Mes mains se mettent à trembler. Je n'ai plus de contrôle sur mon propre corps. L'anxiété a pris en otage mon estomac et ne compte pas me le rendre de si tôt. Je continue de déballer de quoi le rassurer sans me soucier de ses questions sur ce que nous avons trouvé. Tout à coup, son bras encore valide se tend. Ses doigts attrapent mon menton et le glissent entre son index et son pouce. Il relève ma tête dans sa direction. Ses pupilles envoûtantes croisent les miennes et je ne peux plus lui résister. J'ai tellement de peine pour lui que je serai prête à faire tout ce qu'il me demande. D'une voix douce, il me questionne :

– Où devons-nous mettre le cap ?

Je demeure silencieuse quelques secondes avant d'annoncer notre destination.

– La Mer Rouge.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant