Chapitre 47.

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Je prends une profonde inspiration pour lutter contre le sentiment de dégoût qui monte en moi et qui se diffuse comme un acide sur ma langue. Ma vision se brouille par mes larmes qui menacent de s'échapper. Le passé revient me hanter et me prouve que je suis la seule fautive dans cette histoire. En plus de culpabilité de sa mort, maintenant je dois vivre avec le fait que j'ai même pas respecté sa dernière volonté. Je regrette d'avoir été si égoïste. Elle avait confiance en moi et je l'ai trahi. Je ne suis pas digne de mon équipage. Malgré ma gorge nouée, j'articule quelques mots :

– Est-ce que tu as des remords Whitley ?

Son masque d'indifférence s'abaisse. Je viens de piquer sa curiosité.

– De ma vie entière de pirate, aucun. Et toi ?

– Il se pourrait bien que oui.

– Qu'est-ce qu'il te fait douter ?

Il relève la tête dans ma direction le regard interrogateur. Je sors le petit morceau de papier de ma poche et je l'insère entre mon index et mon majeur. Il penche sa tête sur le côté et me demande d'une voix rauque :

– Qu'est-ce que c'est que ça ?

– Un mot qui t'était destiné de la part d'Aelis. Je l'ai jamais lu mais je l'ai gardé pour moi.

– De quand date-t-il ?

– Juste avant que je vienne soigner tes blessures.

Je suis reconnaissante que le feu brouille les traits de son visage. J'ai tellement honte de moi qu'apercevoir le sourire mesquin de Nox aurait fini de m'enfoncer. Pourtant, il ne fait rien. Il se contente de m'examiner les yeux plissés. En un instant, je suis redevenue une énigme dont il n'a pas la réponse.

– Pourquoi tu l'as gardé ?

– Je ne sais pas.

– Si, tu sais.

Le mot glisse entre mes doigts fins. Affronter la vérité est la pire des sentences. Je mérite d'être enfoncée au fond des abysses et de ne plus jamais remonter. J'aurai dû périr en mer aujourd'hui. J'aurais dû me sacrifier.

Mais je ne l'ai pas fait.

Pour une raison qui m'est encore inconnue. Je suis habituellement courageuse, mais la confrontation avec le monstre marin ne relevait pas du courage. C'était bien au-dessus de ça. Je n'ai pas peur de mourir mais je pense que je n'avais pas envie de mourir. Je pouvais pas me sacrifier et laisser mon équipage vivre. J'ai encore de grandes choses à changer dans ce monde. Je dois le modifier. Le façonner.

Non, je ne peux pas mourir.

Mourir, c'est abandonner le trésor d'Aëloria aux pirates. Aux hommes.

Selon les légendes, le trésor d'Aëloria est bien plus que celui qu'il prétend être. Il n'est pas fait seulement d'or et d'argent. Il va bien au-delà de l'imaginable d'où son caractère inestimable.

À l'origine, il est dit que tout homme est un continental. Nous sommes nés sur terre et les océans ont longtemps demeuré un mystère inexploré. Durant de nombreux siècles, les hommes seraient restés à terre, en sécurité et effrayés par l'inconnu. Alors pour attirer les hommes, Aëloria dans toute sa grâce divine, aurait rassemblé tous les trésors des océans en un même endroit mais ce n'était pas assez pour les continentaux qui étaient terrorisés à l'idée d'explorer les océans.

Un jour, il y eut un premier aventurier qui revint sain et sauf sur terre. Prouvant à tous les continentaux qu'il était possible d'explorer les océans et d'y survivre. La déesse des océans a longtemps attendu que les hommes voguent dans ses eaux alors quand les hommes se mirent enfin en route pour explorer les océans, il est dit que ce fut la journée la plus ensoleillée de l'histoire, attestant la joie infinie de la déesse.

Mais les océans reflètent la grandeur et la puissance d'Aëloria et les hommes n'étaient pas préparés. Nombre d'entre eux finirent par mourir en mer par manque de techniques, de moyens et de connaissances. Quand la déesse vit que les hommes qu'elles avaient tant attendu mourraient tous un à un, sans être capable de résister à l'océan, elle pleura.

Elle pleura.

Elle ressentit la douleur de toutes les âmes mortes en mer et cette souffrance la déchira. Ses larmes, dotées d'une puissante magie, descendirent des cieux pour prendre sa place au sein de son trésor. Quiconque boira les larmes de la déesse se verra confier un immense pouvoir. Un don. Le pouvoir de contrôler les océans.

Les larmes symbolisent la compassion de la déesse elle-même envers la condition humaine. Ses larmes sont un don d'Aëloria pour aider les humains à surmonter les épreuves maritimes.

Les siècles se sont écoulés et ses légendes vivent toujours. Tous les marins du monde, pirates ou soldats, sont à la recherche de ce trésor tant convoité.

Voilà pourquoi.

Je refuse de mourir avant d'avoir trouvé le trésor d'Aëloria. Si je péris, je serai contrainte de faire une croix sur ma destinée. Je dois trouver ce trésor pour prouver à tous les marins qu'une femme est aussi légitime qu'eux de voguer en mer. Que la déesse ne va pas entrer dans une colère noire et jalouser les femmes qui tentent leurs chances en tant que marin.

Avec ce pouvoir, je serais enfin reconnue à ma juste valeur et je ferai régner l'égalité. Je créerai un monde nouveau dans lequel les femmes auront les mêmes chances que les hommes et ne seront pas considérées comme de vulgaires poupées à engrosser. Avec ce pouvoir, je me vengerai sur tous les hommes qui m'ont sous-estimé, insulté et violenté. Je vengerai toutes les femmes en faisant périr tous les hommes.

Si je renonce ou que je meurs sans avoir trouvé le trésor, qu'en deviendra-t-il du sort des femmes ? Nous ne serons plus rien à leurs yeux. Nous n'aurons plus aucun droit. Si un pirate comme Beneto venait à trouver le trésor d'Aëloria, il y aurait des conséquences catastrophiques. Aucune femme ne serait, plus jamais, acceptée en mer. J'aurai été la seule exception et pour asseoir sa domination, il ferait tout ce qui est dans son pouvoir pour effacer mon nom de l'histoire. Je n'ai pas d'autre choix que d'aller au bout. Une pensée me traverse l'esprit. J'ai l'intime conviction que, bientôt, le monde sera à ma merci. Un frisson me parcourt l'échine. Nox me tire de mes pensées.

– Alors ?

Je dois me refaire intérieurement notre conversation pour lui répondre.

– Je...Je crois que j'étais jalouse.

– De quoi ?

Sa voix s'éclaircit. Ses pupilles sont remplies d'une lueur que je suis incapable d'interpréter. On dirait qu'il est impatient de savoir ma réponse. J'enfonce mon menton dans mes genoux. Cette discussion me met terriblement mal à l'aise. Je suis gênée au plus haut point et Nox semble apprécier cela. Il se délecte de la situation avec un petit sourire en coin.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant