𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]

Chapitre 62.

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Au petit matin, alors que je suis en train de fixer l'horizon, Octave enjambe l'une des nombreuses planches qui relie L'Équinoxe au Red Shell. Nous sommes sur le point de remonter l'ancre quand celui-ci m'indique :

– La capitaine vous attend à bord.

Il marque un temps d'arrêt.

– Toutes.

Il ne dit rien de plus et repart en me toisant. Les têtes du pont se tournent dans ma direction et je marque un temps d'arrêt avant de leur faire un signe de tête positif. L'Équinoxe se remplit rapidement. Je m'adosse au mat, les bras croisés, attendant que le roi veuille bien se montrer. Les filles se placent derrière moi formant un arc de cercle. Je m'interroge sur la nature de ce rassemblement. Nox finit enfin par apparaître le visage fermé. Quand nos regards se croisent, il détourne automatiquement le sien. Je fronce les sourcils. Son comportement est étrange. Il se place au contre de la foule, une main placée sur son arme.

– Si j'ai voulu attendre que Galia se réveille, c'est parce que je n'ai aucune piste.

Le silence qui suit sa révélation est presque inquiétant. Personne ne conteste ou ne témoigne son mécontentement.

La réalité me frappe. Il se fichait que je sois consciente ou non. Il n'avait aucune piste et avait besoin de mon aide pour que l'on discute du plan pour les prochaines semaines. Nox s'attendait peut-être à ce que je trouve la solution miracle et que je lui apporte sur un plateau mais ça ne s'est pas passé comme cela. Il aurait peut-être même fini par s'en attribuer tous les mérites. Notre marché lui importe peu.

– Nous allons nous arrêter au prochain port pour quelques jours. Le temps de reprendre des forces et de nous reposer. Je vais étudier la carte des 1001 contrées et chercher où est-ce que je me suis trompé.

– Hors de question.

Toutes les pupilles du pont convergent vers moi. Nox me lance un regard sombre avant de se tourner dans ma direction. Ma voix est calme et posée, je lui précise :

– Nous ne resterons pas à terre. C'est trop dangereux.

– Pas plus que rester statique en mer, répond-il instinctivement.

– Aucune de mes filles ne restera plus d'un jour sur terre. Point final.

– Quand tu seras vraiment capable de protéger ton équipage comme il se doit, on en reparlera.

Bien qu'il ne m'ait pas touché physiquement, sa remarque résonne en moi comme un coup de poing dans le ventre. Il sait quel coup abattre pour me mal. Il sait que je me sens toujours coupable de la mort d'Aelis.