𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]

Chapitre 7.

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Le rire grave de Whitley résonne dans la cabine. Je lui récupère mon poignard du bout des doigts et le replace dans mon dos, sous mon chemisier. Il est hors de question que je lui en fasse cadeau. Son corps ancré au sol semble enfin avoir compris le danger qui le guette. Le silence dans la pièce me pèse. Le pirate exerce une pression psychologique simplement en se contentant de se taire. La pièce devient plus exiguë qu'elle ne l'est. Le bourdonnement incessant dans mes oreilles manque de me rendre folle. Je suis en train de menacer le roi des pirates sur son propre navire. Ce n'est pas le moment de flancher. Je me mords la langue si fort qu'un goût métallique et âcre se répand dans ma bouche, m'indiquant que je viens de me faire saigner. Par précaution, j'appuie un peu plus le bout du canon contre son dos. je dois lui faire comprendre que je ne plaisante pas. Il marmonne :

– Pirate.

– Je préfère le terme de navigatrice.

Il souffle bruyamment et reprend :

– Voilà ce à quoi je pensais quand je disais de ne rien tenter de stupide.

– C'est regrettable. J'adore me lancer dans des plans absurdes.

– Je vois cela. Tout était calculé, pas vrai ?

– À la seconde près.

– Espèce de rat-de-cale. Mon instinct me criait que vous n'étiez pas sincère mais j'ai pensé que je serais en capacité de maîtriser une demi-portion comme vous.

Je ne relève pas son insulte et continue :

– Vous n'êtes pas le premier à m'avoir sous estimé et vous ne serez pas le dernier à en payer les frais.

Je lui ordonne d'avancer et il obéit sans contester. Ça serait vraiment idiot de ne pas tenir compte de mes dires surtout dans une position aussi délicate que celle-ci. Nos pas sont synchronisés et nous nous retrouvons dehors face au pont. Les pirates sont tous à leurs postes respectifs, ils ne remarquent pas tout de suite notre présence. À travers la nuit, j'observe la scène qui se dresse face à moi. Chacun de leurs gestes sont coordonnés à la manière d'une danse endiablée. Les canonniers sont prêts à répliquer et à envoyer les premiers boulets de canon. Je me crispe et resserre un peu plus ma poigne sur mon arme.

Pour qu'ils nous prêtent attention, je tire deux coups de feu dans le ciel. La capitaine Whitley ne bouge pas d'un seul centimètre. Il n'a pas peur de mourir à ce que je vois. Les cris cessent et font place à un silence tonitruant. Tous les regards sont braqués sur nous et je vois le visage de nombreux pirates se décomposer. Plus personne ne bouge. J'ai même l'impression que plus personne ne respire. Je leurs hurle :

– Hissez le drapeau blanc. C'est un ordre. Si vous n'écoutez pas, ça sera votre cher capitaine qui en fera les frais.

– L'Équinoxe n'a pas de drapeau blanc, glisse le capitaine Whitley en serrant la mâchoire.