Chapitre 63.

466 46 46
                                    

•─────⋅☾ ☽⋅─────•

•─────⋅☾ ☽⋅─────•

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

•─────⋅☾ ☽⋅─────•


Je ne peux détacher mes iris de l'entaille de Nox dont le sang s'écoule à une vitesse folle. Le liquide noir et poisseux dégouline sur sa peau encore immaculée. Le son de gouttes qui tombent sur le plancher du navire me ramène à moi. Les traits de mon environnement deviennent plus clairs. Le bateau reprend ses couleurs. Nous ne sommes plus que tous les deux comme durant notre combat, nous sommes entourés d'une foule ahurie.

Du coin de l'œil, Zephyra pose sa main sur le manche de son sabre. L'ambiance est si lourde que nous devons nous tenir prêtes à une potentielle explosion. Ces hommes restent des pirates. Des pirates qui obéissent à leurs rois et qui pourraient se sacrifier pour lui. Je viens une nouvelle fois de tourner Whitley en ridicule devant son équipage. Sa mine sombre me fait frissonner. Je suis certaine qu'il s'imagine comment il va me dépecer et jeter mes restes aux monstres marins. La bouche encore pâteuse je déclare :

– On va tous à quai.

Je tourne les talons et prie la déesse pour ne pas me prendre un coup de poignard dans le dos. Mes filles me suivent en un mouvement à l'unisson, toujours à l'affût ddu moindre débordement. La pression qu'exerce le roi des pirates dans mon dos me donne des sueurs froides. Il doit être fou de rage mais comme à son habitude, Nox garde le contrôle. Ce qui est d'autant plus inquiétant.

En l'espace de quelques minutes nous levons l'ancre et le Shell met les voiles. Une fois derrière le gouvernail, tout se bouscule dans ma tête. Ma perte de contrôle, le médaillon, la quête...Puis mes pensées dérivent vers Nox. Son sang est aussi noir que les abysses. Il a été maudit. Une multitude de questions m'assaillent. La ligne des Whitley serait entièrement maudite ou seulement son descendant ? Qui l'a maudit ? Pour quelles raisons ?

Soudain, un lien se crée naturellement. Le bien le plus convoité pour le roi des pirates est en ma possession. La pierre de lune. Un cristal aux propriétés dites magiques, capables de soigner tous les maux. Je comprends enfin son obsession pour la pierre de lune. Je la touche à travers le tissu de mon vêtement, m'assurant de sa présence. Je ne m'en sépare jamais.

Cette pierre de lune est si chère à ses yeux car il pourra enfin se débarrasser de sa malédiction.

– Les esprits s'échauffent entre les pirates et nous, capitaine.

Zephyra me tire de mes pensées et me met en garde. Elle a une nouvelle fois raison. Face à mon désarroi, elle reprend :

– Notre quête est au point mort et cela pèse sur le moral de l'équipage. Peut-être devrions-nous confier aux pirates notre trouvaille ? Ils auront peut-être des idées sur l'origine du médaillon...

Ma main droite se détache du mat pour caresser la poche de mon pantalon. Je sens le relief du bijou à travers mon vêtement et ce contact me détend automatiquement. Sa suggestion n'est pas idiote, au contraire. Cependant, j'en ai assez de devoir tout partager avec ces pirates. Un jour arrivera le jour où je ne partagerai plus. Je fixe l'horizon comme si l'océan allait donner des réponses à mes tournants.

– Je sais que c'est la meilleure chose à faire à l'heure actuelle pourtant ça ne me plaît pas, dis-je en ravalant ma salive.

– Alors, soit. Nous pouvons continuer à garder le médaillon secret. Je pense néanmoins que de continuer dans cette voie pourrait compromettre notre pacte avec le capitaine Whitley.

– Terre en vue ! Sathyne s'époumone du haut du nid de pie.

Je soupire une nouvelle fois et baisse la tête pour fixer le bout de mes bottes.

– Continueras-tu de me suivre, même si nous nous mettons à dos le roi des pirates ?

Zephyra marque un temps d'arrêt puis enchaîne d'une voix affirmée.

– Jusqu'aux contrées les plus lointaines s'il le fallait.

Un poids se soulève de mes épaules. C'est une bonne chose. Car plus que jamais, je vais avoir besoin d'un équipage soudé.

* * *

J'enchaîne les chopes de bières et descend un verre de rhum entre chacune. Seule au comptoir, j'entends des rires féminins s'élever dans les airs. Après toutes ses années de navigation, la solution pour remonter le moral des troupes est toute simple. L'arrêt dans une taverne bien fréquentée agit comme un remède miracle.

Mes iris fixent le fond de ma choppe dans l'espoir qu'elle se remplisse de nouveau. La tavernière me tourne le dos. Elle est occupée à essuyer un verre.

– Une nouvelle chope s'il-te-plaît.

Lorsqu'elle se tourne, sa beauté me frappe. Elle rabat sa serviette sur son épaule et me sourit de toutes ses dents parfaitement alignées. Ses yeux noisettes pétillent. Elle doit être dans la vingtaine comme moi. Son carré brun qui se termine juste au-dessus de ses épaules. Ses cheveux sont lisses et mettent en avant ses traits célestes. Le genre de femme pour laquelle on rase des villes entières. Elle me lance d'une voix admirative :

– Ça bien longtemps que je n'ai pas croisé une femme avec une descente pareille.

– Qu'est-ce que j'y peux ? Je suis exceptionnelle, dis-je en plaisantant.

Ses yeux se plissent et elle lâche un rire discret. Je ne peux m'empêcher de fixer ses lèvres pulpeuses et elle semble le remarquer.

– Et c'est la première fois que j'accueille une femme pirate dans mon établissement.

Dès lors qu'elle prononce cette phrase, je me raidis contre ma chaise et grince des dents. Je lui confie :

– Je préfère le terme de navigatrice.

L'alcool me monte à la tête et le brouhaha autour de moi ne fait qu'amplifier ma confusion. La tavernière se tourne quelques instants puis s'approche de moi avec une nouvelle chope de bière en main. En posant le verre sur le comptoir, sa main douce comme l'écume vient rencontrer mon poignet. Je me pétrifie quand elle se penche lentement sur le comptoir. Sa peau chaude contre la mienne accélère les battements de mon cœur. Mon souffle se fait plus court. Une fois suffisamment proche de moi, elle se fige. Aux yeux de tous, nos deux visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Ses pupilles envoûtantes fixent mes lèvres avec désir. Cette proximité réchauffe mon estomac. Elle pourrait se ruer sur moi à tout moment et je me laisserai aller contre ses lèvres.

– Quelle différence ? Je sais reconnaître les femmes avec du pouvoir.

Nos visages sont si proches que je sens son souffle chaud s'écraser contre ma bouche entrouverte. Je suis tétanisée pourtant je meurs d'envie de me débarrasser des derniers centimètres qui nous séparent. Inclinée en avant, les coudes appuyés sur le comptoir, son chemisier met parfaitement en valeur sa généreuse poitrine. Elle semble satisfaite de l'effet qu'elle produit sur moi. Elle me susurre d'une voix suave :

– Je t'attendrai dans la chambre au fond du couloir, après mon service.

Mon cœur est sur le point de défaillir. Elle se retire enfin de cette position, me laissant enfin respirer librement. Elle n'attend pas ma réponse et se dirige vers un client qu'il l'a appelé de l'autre côté. Une fois de dos, je ne peux résister à l'envie de lorgner son corps. Ce pantalon taille haute la met parfaitement en valeur. Une fois de plus, la tavernière comprend qu'elle est l'objet de mes désirs, elle tourne sa tête pour me faire un discret clin d'œil.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant