Chapitre 60.

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Je suis vivante. Je me mords la lèvre pour réprimander la montée soudaine de mes larmes de joie. J'ai suffisamment pleuré pour les trois prochaines années. Zephyra, toujours aussi observatrice, devine que je ne suis dépassée par mes émotions et que je ne sais pas comment me comporter. Sa main se glisse dans la mienne et la soulève d'un coup sec, me montrant aux yeux de tous, et la foule explose. Les filles laissent échapper des cris de joie et des acclamations. Cette vague d'amour est si puissante que je manque de perdre pied. L'atmosphère de sonorité est si pure et intense que je remercie la déesse de m'avoir permis de me réveiller pour vivre ça une nouvelle fois.

Un sourire niais persiste sur mon visage malgré la migraine qui s'installe lentement. Mon équipage finit par trinquer en mon honneur et s'éparpille sous les ordres de Luza qui exige que l'on me laisse de la place. Elle dit que j'ai besoin de temps pour m'acclimater.

Je me dirige vers une place libre sur la grande table de gauche. Une pression se pose sur mon épaule, je me tourne pour découvrir le visage rayonnant de Claes qui tient de son autre main une énorme assiette de viande.

– Votre petite sieste improvisée vous a fait du bien ?

– Oh que oui ! lui dis-je en souriant.

– Capitaine Drachen, je viens vous informer qu'il y a du laisser aller au sein de votre équipage. Que font tous ces pirates sur votre navire ? rajoute Silvath d'une voix ronronnante.

Silvath dépose deux grandes assiettes débordantes de nourriture en face de moi. Il fait un clin d'œil à ma seconde qui lève les yeux au ciel. Claes tape sur le crâne chauve de son ami et ronchonne.

– Hey ! Chacun son tour !

– Désolée mon gars, tu n'es pas assez rapide.

Ils s'éloignent en se chamaillant et en se lançant des jurons. Devant moi, se trouve toute sorte d'aliments. Il y a des légumes, de la viande, des fruits et même des confiseries. Tout sent divinement bon et les effluves gourmandes m'ouvrent l'appétit. Je porte un bout de poulet à ma bouche mais ma mâchoire a dû mal à mastiquer les aliments. Je suis restée trop longtemps aliter. Après quelques claquements de dents maladroits, je peux enfin profiter de l'explosion de saveurs que me procure ce met.

– Comment bien de temps est-ce que j'ai dormi ?

Je pose la question qui me tiraille l'esprit depuis mon réveil. Zephyra ne se laisse pas déstabiliser et me répond simplement :

– Quatorze jours.

Deux semaines. J'ai dormi deux semaines. Je tire la grimace en pensant à tout ce que cela implique. J'ai dû rater énormément de choses en mon absence.

– Sur l'île, quand vous vous êtes évanouie, vous auriez dû mourir. C'est ce qu'on subit les pirates avant vous.

La dernière chose dont je me souviens est la sensation des bras chauds de Nox m'enveloppant pour me porter. Son odeur si singulière chatouillant mes narines une dernière fois avant que je ne sombre pendant quatorze jours.

Nox.

Je n'ai même pas la force de le chercher du regard.

– Mais nous avons trouvé un antidote. C'est Luzarelle qui vous a sauvé. C'est elle qui a su ce qui était en train de tous nous empoisonner.

– Quoi donc ? demandé-je avec curiosité.

– Les fleurs noires. Elles délivraient un gaz toxique qui avait le pouvoir de tuer sur le long terme. Elles ont été la cause de tous vos maux, dont les hallucinations avec votre mère.

Mon regard balaie la pièce à la recherche de ma sauveuse. Lorsque ses pupilles s'ancrent aux miennes, Luza détourne instantanément le regard. Mes sourcils se froncent et je tourne la tête en direction de ma seconde, dans l'attente d'explications.

– Pourquoi est-ce qu'elle m'évite ?

– Luzarelle se sent coupable. Elle dit qu'elle aurait dû savoir le mal qui vous rongeait plutôt. Elle se tient responsable de ce qu'il vous est arrivé.

– Mais elle ne pouvait pas savoir !

– C'est ce que j'ai essayé de lui dire mais elle est comme ça.

Zephyra hausse les épaules.

– Elle est restée à votre chevet durant les quatorze jours de votre coma. Le seul soir où elle sort de votre cabine pour partager un repas à nos côtés, vous vous réveillez miraculeusement.

Je chuchote plus pour moi-même que pour entretenir la conversation.

– Elle voulait être là à mon réveil.

– C'est exact.

– Mais je ne lui tiens pas rigueur de ce qu'il m'est arrivée !

– Je sais bien mais que voulez-vous ? Il va lui falloir du temps pour se le pardonner.

Je n'ajoute rien de plus. Je suis levée depuis une petite heure seulement mais je songe déjà à me recoucher. Je lorgne les assiettes encore fumantes face à moi. Je finis par becqueter quelques bouchées de viandes rouges et poissons grillés. En quelques coups de fourchette, mon ventre se remplit. Une fois repue, une nouvelle interrogation éclos dans mon esprit.

– Où sommes-nous ?

– Nous sommes à une journée de navigation du prochain port.

Je serre mes couverts avec force.

– Nous sommes...En dehors de la Mer Rouge ? interrogé-je inquiète.

– Oui, capitaine.

– Comment est-ce possible ? Qui était à la barre ?

– Moi, capitaine. Il n'y aucune perte à déplorer, déclare-t-elle avec un sourire en coin.

Je suis prise par une vague de soulagement. Si il n'y aucune perte au sein de notre équipage cela veut dire que c'est un pirate qui s'est sacrifié pour nous, pour que nous puissions vivre.

Chaque jour, je suis un peu plus reconnaissante d'avoir pu rencontrer Zephyra. Elle vient de me prouver une fois de plus que j'ai bien fait de placer toute ma confiance en elle. C'est une combattante qui a la carrure nécessaire pour contrôler ce navire si je venais à périr. Alors que je m'apprête à la féliciter, je me pétrifie. Dans un coin de la pièce, alors qu'il est assis sur une chaise, le roi des pirates me scrute. Son habituelle indifférence s'est évanouie en un souffle. Nox peine à camoufler les émotions qui le traversent. La surprise. L'anxiété. Le bonheur. Son menton s'abaisse, une de ses boucles retombe sur le devant de son front et son regard exerce sur moi une douce pression.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant