Chapitre 78.

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Je monte à bord du Red Shell, essoufflée et transpirante. Je passe le bastingage et m'effondre au sol dans un bruit sourd. Une bourrasque gonfle les voiles et nous propulse avec puissance, nous éloignant du rivage.

Cette fois, j'ai bien cru que c'en était fini.

Je me relève en me tenant mon bas du dos heurté et m'immobilise. Il y a quelque chose d'anormal. Je remarque d'abord Téhanie à genoux en train de prier. Ses yeux sont aussi blancs que la neige. Elle répète en boucle des paroles inaudibles. Une incantation.

Puis je découvre Luza, penchée au-dessus d'un corps dont je ne vois pas la tête. Non loin se trouve Jack, débout, tétanisé et focalisé sur le sang qui coule sur ses mains. Les visages se tournent vers moi et me cèdent la place à mesure que j'avance vers Luza. Une fois au-dessus du corps de Minaa, mon cœur se brise une nouvelle fois ce soir. Ses cheveux courts sont trempés de sueur et ses traits de visage sont détendus. Ses iris fixent un point au-dessus de nos têtes. Les étoiles. Elle est morte en observant les étoiles. Il n'y aucun signe de souffrance sur son visage. Luza, encore persuadée de pouvoir la sauver, s'obstine à lui apporter des soins inutiles. Des bandages. Des crèmes. Des plantes.

– C'est fini Luza, je lui chuchote.

Imperméable à ma présence, ses mains douces continuent de s'agiter autour de la plaie, cherchant à comprendre comment retirer la balle de son abdomen. Je m'approche d'elle et dépose ma main sur son épaule. Les mains de ma médecin, anciennement empoisonneuse, se figent.

– Elle a pris une balle perdue. Je pouvais la sauver...J'en suis sûre ! Mais elle perdait trop de sang. La plaie aurait pu être recousue si la balle était ressortie par l'arrière de son corps. C'est log-

– Tu as fait ce que tu as pu, lui répond-je simplement.

Malgré les lamentations et les pleurs, Zephyra donne des ordres. La foule autour de nous se disperse. Postée derrière le gouvernail, ma seconde tient la barre et veille à ce que nous nous éloignions au plus vite de la terre. Je m'abaisse aux côtés de Luza. Mes doigts se dirigent vers les paupières de Minaa et je les clos délicatement.

On se reverra dans une autre vie.

Plus je m'attarde sur son corps encore chaud, plus la culpabilité fait rage en moi. Je ferme les yeux et fais taire la tempête qui me détruit de l'intérieur. Elle n'aimerait pas savoir que je me tiens responsable de sa mort.

Une image me revient brutalement en tête. Je me souviens des mots justes que m'a confiés Nox, le soir où Aelis est morte. Nous étions en train de monter la garde autour d'un feu. « En tant que capitaine, tu dois apprendre que tu ne pourras pas sauver tout le monde. » Ces dires se répètent sans cesse dans ma tête comme un chant funeste. Un rappel morbide qui m'aide à ne pas éprouver de remords destructeurs.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant