Chapitre 19.

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Je me tiens sur le seuil de ma porte. Mes traits se crispent lorsque je remarque qu'elle est entrouverte. J'entre en furie dans ma cabine, pensant me retrouver isolée de toute vie humaine. Dès lors que je me trouve au milieu de la pièce, je sens la tension monter d'un cran. L'odeur du bois mélangé à celui de la lavande ne masque pas l'odeur mentholée du pirate.

Je ne suis pas seule, et le temps que je m'en rende compte, Whitley se dégage de sa cachette. Il plaque son corps contre le mien. Je me retrouve dos à lui et si j'ai le malheur de ne serait-ce que tourner la tête, je me fais trancher la gorge. Sa deuxième main est plaquée contre ma bouche. Elle est si grande qu'elle me prend tout le bas du visage. La froideur de ses chevalières contre ma peau m'arrache un frisson. Je lui mords les doigts et il les retire instantanément. Il ne bronche pas et laisse même échapper un rire rauque. Le souffle saccadé, je lui demande :

– Comment as-tu réussi à ouvrir la porte ?

Avant de me répondre, il plaque une nouvelle fois sa main contre ma bouche. Il n'en a pas conscience mais je ne risque pas d'alerter mon équipage. J'ai trop de fierté pour admettre que je me suis laissée berner par un homme.

– J'ai crocheté la serrure...D'ailleurs j'ai eu le temps de fouiller dans ta cabine pendant un petit moment.

Son ton est grave. Un frisson me traverse la colonne. Je sais où est-ce qu'il veut en venir.

– Je n'ai pas trouvé la pierre. M'aurais-tu menti ?

Sa voix rauque murmure au creux de mon oreille. Il est tellement proche que je sens son souffle chaud dans mon cou. Sa barbe de quelques jours me démange la joue mais je ne peux pas me permettre de faire un seul mouvement de travers. Le métal froid de la lame sur mon cou me rappelle de me tenir droite. Je sens sa main se détendre et se dégager lentement de ma bouche. Mes poumons se remplissent d'air frais.

– Tu voulais une pierre de lune. Les légendes disent que c'est une gemme aux propriétés magiques capable de soigner tous les maux.

Nul besoin d'appeler à l'aide, le pirate n'est pas encore un véritable danger. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis en totale maîtrise de la situation. S'il avait voulu me tuer, il l'aurait fait dès que j'aurai mis un pieds dans ma cabine. J'en conclus qu'il veut seulement discuter.

– Toi, le fils héritier du roi des pirates, tu as déjà tout. Un héritage, un nom, des trésors, des femmes. Mais tu t'intéresses à un vulgaire caillou.

En une demi-seconde, il soulève la lame qui me colle au cou pour pouvoir me retourner. Il me pousse contre le mur le plus proche. Son corps est si proche du mien que je peux en sentir chaque centimètre. Ses yeux bleus s'ancrent aux miens et ce que j'y vois me donne froid dans le dos, Whitley aborde un regard des plus noirs, chargé de haine. Le genre de regard qui fait chavirer un cœur ou qui le brise définitivement. Je fais de mon mieux pour ne pas me laisser déstabiliser. Je reconnais enfin le pirate dont parlent les légendes. Le pirate froid, sanguinaire, sans cœur. De nouveau le couteau sous la gorge, il l'oriente de tel sorte à ce que je dois suivre sa direction. Le menton vers le haut, je maintiens son regard.

– Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer sur le champ.

La situation m'échappe. Je ne sais pas ce que j'ai pu dire pour le contrarier autant, mais j'aimerais pouvoir revenir en arrière. Son corps si lourd contre le mien, m'empêche d'aligner des mots qui ont un sens. Je suffoque. Dans un souffle étouffé, je lâche :

– Et si...Et si on faisait affaire ? Toi et moi ?

Pas un seul de ses traits de visage ne se détend. Toujours aussi stoïque et tendu il me répond :

– C'était le plan de base avant que tu n'essaies de me plumer, demi-portion.

– Je sais, je sais...Mais cette fois c'est pour de vrai ! Tu veux cette pierre. Et moi je veux cette carte. Alors marchandons !

Il ne bouge pas d'un poil et je surenchéris.

– Je me contrefiche de cette pierre mais je sais qu'elle a de la valeur pour toi. Mettons les choses au clair une bonne fois pour toutes.

Son sourcil droit s'arque, interpellé par ma proposition. Il me prouve que je ne fais pas face à une bête sauvage fermée à la discussion. Malgré son visage sévère, le bleu de ses yeux est envoûtant. Il a dû avoir droit à de nombreuses faveurs de la part des femmes. Sa réputation de tombeur le suit sur tous les continents.

– Je ne sais même pas si tu possèdes vraiment cette pierre.

– Je pourrais te la montrer si tu enlevais cette lame de ma gorge.

Son visage se tourne de droite à gauche. Ses lèvres s'étirent en un sourire mesquin. Je comprends vite que je vais devoir continuer de négocier dans cette position délicate. Je tente le tout pour le tout :

– La pierre contre la carte.

– Comme je te l'ai dit il y a plusieurs jours déjà, il est hors de question que je me sépare de cette carte.

– C'est le contrat.

Quand je prononce ces mots, Whitley rit jaune face à mon audace.

– C'est hors de question.

– Alors je peux te l'emprunter pour une durée déterminée ? suggère-je.

– Pour que tu en fasses une copie ? Pour que je ne la revois jamais ? Me prends-tu donc pour un idiot ?

Je soupire, agacée de voir que tout est compliqué avec cet homme. Je veux cette carte. Quand je l'obtiendrai, je me ferais une joie d'envoyer Whitley dans les abysses, ligoté à un canon pour être sûre qu'il ne revienne plus jamais m'agacer. Je change de stratégie et joue la carte de l'honnêteté.

– Étant donné que nous ne sommes pas en capacité de trouver un accord...Dès que Aelis verra que je ne suis pas de retour d'ici une dizaine de minutes, elle viendra et te tuera de sang froid.

– En es-tu si sûre ? me questionne-t-il en me toisant du regard.

Ses lèvres se rapprochent dangereusement de mon oreille. Ses longs cheveux noirs jais me chatouillent le cou. Son odeur de menthe mélangée au musc emplit mes narines. Alors qu'il se rapproche de moi, je coupe ma respiration sans en avoir conscience. Il me susurre d'une voix rauque :

– Elle semble avoir succombé à mon charme.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant