Perpignan, Mardi 10 Mai 2011,
Le poing d'Estelle qui s'écrasa devant moi sur la table de réception me tira de ma rêverie.
- Réveille toi bon sang Sarah !
Je sursautai et me tins droite.
- Je gère, Madame Estelle, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez rentrer.
Elle me lança un regard sévère. La patronne de l'Hôtel « Le Palais », Estelle, n'était pas une méchante femme mais elle ne plaisantait jamais pendant le travail et veillait à ce que tout soit toujours en bon ordre.
Jamais elle ne me traita mal, ni moi ni aucun autre membre du personnel mais nous avions très souvent droit à des réprimandes et à juste titre. C'était une perfectionniste de la première heure. Elle me terrifiait parfois mais je l'admirais.
C'était une femme de soixante-et-un an qui assurait la bonne démarche de son établissement très spécial, « Le Palais ».
L'Hôtel avait vraiment l'air d'un palais mais ce qui s'y passait à l'intérieur était atypique. C'était un lieu de débauche de « luxe » ou les hommes d'affaires, les pères de familles fatigués de leurs femmes et les jeunes amants fortunés venaient passer du bon temps avec leurs partenaires, loin des regards indiscrets et dans la sécurité la plus totale.
Depuis le temps Estelle avait fait de son métier un art. Quiconque voulait passer du bon temps venait au « Palais ». Ce qui s'y passait ne sortait jamais et les habitués avaient une confiance totale en Estelle et en sa façon de faire.
On m'a raconté qu'elle avait démarré ce projet vingt ans plus tôt après avoir touché un petit héritage et surtout, après avoir mit à la porte son mari chômeur et alcoolique. Elle acheta une petite villa qu'elle transforma en Maison d'Hôtes. A l'époque, l'espace de réception était minuscule, l'espace de restauration mesurait à peine vingt mètres carrés et il n'y avait que quatre chambres.
Au fil du temps et grâce à son ingéniosité, elle avait petit à petit acquis les lotissements qui l'entouraient, les avait annexés et « Le Palais » d'aujourd'hui était devenu Hôtel. Un vaste espace d'accueil, un bar d'une quinzaine de tables avec un grand comptoir et vingt-huit chambres. Il y avait même une piscine, un sauna et un petit bar secondaire.
Estelle n'avait pas d'enfants, elle avait « Le Palais ». C'était toute sa vie.
Christine, ma collègue et meilleure amie, était en service avec moi ce soir-là. Il était presque vingt-deux heures, j'avais pris mon service une heure plus tôt. Estelle nous fixa une par une avec ses petits yeux bleu clairs et vifs.
- Nous avons des retardataires. Une famille devrait débarquer d'une minute à l'autre, ils devaient arriver cet après-midi mais ils ont eu un contre-temps, vous leur donnerez la suite N°4, aussi nous avons un touriste qui devrait normalement arriver. Vous lui donnerez la chambre du fond, près de l'annexe. Je compte sur vous pour honorer l'établissement.
- Ne vous inquiétez pas, répondis Christine, il n'y aura aucun problème, soyez tranquille.
- Bien, répondit simplement Estelle.
Elle fit quelques pas en direction de la porte et se retourna.
- S'il y a le moindre problème, vous pouvez faire appel à Arthur.
Arthur était le bras droit d'Estelle. C'est un homme de trente ans, homosexuel, qui prenait son métier au « Palais » aussi sérieusement qu'Estelle elle-même. Il assurait la gestion de l'établissement pendant la nuit. Estelle quittait généralement à vingt-et-une heure et revenait toujours le lendemain matin à six heures. Elle n'était jamais absente, même malade.
VOUS LISEZ
Les Passions de Sarah - Tome I
RomanceInspiré de faits réels, ce livre vous plonge dans l'univers interdit de Sarah, une jeune immigrée marocaine de 19 ans, qui quitte sa terre natale pour poursuivre ses rêves en France. Lorsqu'elle rencontre un homme mystérieux et plus âgé à l'hôtel o...