Chantage - 2

285 10 2
                                    


Je n'arrivais pas à me concentrer sur mon travail. Mon esprit était obnubilé par la rencontre avec Elias, et chaque seconde qui passait amplifiait mon angoisse. Il y avait une tension sourde dans ma poitrine, une pression constante qui me comprimait le cœur. J'essayais de sourire et de paraître normale devant les clients, mais à l'intérieur, c'était le chaos.

Elias me faisait du chantage. Ce n'était pas seulement la peur d'être découverte, c'était bien plus que ça. Il avait des vidéos de nous, de moi, dans des situations indécentes. Des vidéos qui pourraient détruire ma vie si elles étaient révélées. Et il le savait. Chaque fois que je pensais à ces images, à la façon dont il m'avait filmée à mon insu, mon estomac se retournait. J'avais envie de vomir, mais je devais rester professionnelle. Je devais continuer à travailler comme si de rien n'était, malgré l'horreur de la situation.

À chaque heure qui passait, je sentais mon anxiété monter en flèche. Cinq heures du matin me paraissaient à la fois terriblement lointaines et bien trop proches. Comment allais-je faire face à Elias ? Comment allais-je supporter son regard triomphant et son autorité suffocante ? Je m'imaginais le pire. Que se passerait-il s'il décidait de montrer ces vidéos à tout le monde ? Ma carrière serait finie, ma réputation ruinée, et ma relation avec mon copain éclaterait en mille morceaux. Je n'avais aucune issue. J'étais piégée.

Vers la fin de mon service, mes mains tremblaient et mon visage était blême. Je savais que je n'avais plus beaucoup de temps avant de devoir affronter Elias. L'idée de devoir le rejoindre dans sa chambre, de subir à nouveau son emprise, me terrifiait. Mais que pouvais-je faire ? Il avait toutes les cartes en main, et moi, je n'étais qu'une marionnette désespérée.

La panique montait en moi, prête à exploser, mais je devais rester calme. Pour l'instant. Juste jusqu'à cinq heures. Ensuite, je devrais trouver la force de me confronter à Elias, de lui faire face malgré la terreur qui m'envahissait. Puis l'heure fatidique vint, comme une sinistre magie, Elias apparut devant moi à la réception.

Arthur, mon collègue, arriva pour vérifier mon rapport et m'autoriser à partir. Ses yeux se plissèrent légèrement en apercevant Elias, la curiosité et la suspicion visibles sur son visage. Je voulais crier, le supplier de ne pas me laisser seule avec cet homme, mais les mots restaient bloqués dans ma gorge, étouffés par la peur.

Elias, avec son assurance habituelle, prit les devants.

- Bonsoir ou plutôt bonjour, dit-il d'une voix douce, presque amicale. Je suis un ami de Sarah, de passage en ville.

Arthur sembla hésiter, son regard se posant tour à tour sur Elias et moi, cherchant une confirmation dans mes yeux. Je n'avais d'autre choix que de hocher la tête.

- Oui, c'est vrai, répondis-je, ma voix tremblante malgré mes efforts pour paraître calme. Nous nous connaissons depuis longtemps.

Arthur, indéchiffrable, acquiesça et me tendit mon rapport signé.

- Très bien, Sarah. Tu peux y aller. A bientôt.

- Merci, Arthur, murmurai-je en prenant le rapport. Mon cœur battait encore plus fort alors que je me tournais vers Elias, dont le sourire triomphant n'avait rien perdu de sa froideur.

Nous sortîmes ensemble de l'hôtel, et la nuit enveloppa mes pensées d'une obscurité oppressante. Nous atteignîmes sa voiture, et il ouvrit la porte pour moi avec une fausse courtoisie qui me donnait envie de hurler.

- Après vous, dit-il, un éclat malicieux dans les yeux.

Je m'assis à contre-cœur. Elias prit place au volant et démarra le moteur. Le trajet fut silencieux.

- Nous allons d'abord trouver un endroit pour manger, me dit-il, ensuite nous allons récupérer les clés d'une maison que j'ai loué pour la journée. Attendre l'ouverture des hôtels est futile, nous n'aurons pas de chambre avant l'après-midi au mieux des cas.

Je ne répondis pas. La voiture s'arrêta devant un café, il m'invita à descendre. Je le suivis comme un spectre, sans dire un mot. Nous restâmes dans le café plus d'une heure. A contre-cœur, je mangeai de ce qu'il m'offrit, pour garder des forces mais je ne participais presque pas à la conversation. Ce qui me stupéfiait chez lui c'est qu'il parlait avec aisance, comme si le fait de m'avoir avec lui sous la contrainte était une chose totalement naturelle.

Vers sept heures du matin, il alla payer et m'invita à le suivre.

- Le propriétaire doit nous attendre, dit-il. Allons y.

- Si tôt ?

- C'est l'ami d'un ami, expliqua-t-il. Il y a beaucoup de gens à Narbonne qui ont des propriétés ici, où qui connaissent quelqu'un du moins.

La voiture démarra à nouveau et moins de quinze minutes plus tard, nous arrivâmes à l'appartement qu'il avait loué. En montant les marches, je me sentais comme une condamnée à mort montant à l'échafaud. Elias tenait la clé de ma liberté, et il le savait.

Une fois dans la chambre, il referma la porte derrière nous et se tourna vers moi.

- Sarah, dit-il doucement, nous avons toute la journée devant nous. Faisons en sorte que ce soit spectaculaire.

Je fermai les yeux, essayant de trouver la force. Mon esprit chercha désespérément une échappatoire, une solution pour mettre fin à ce cauchemar. Mais pour l'instant, je n'avais qu'une certitude : Elias ne lâcherait pas prise aussi facilement.

Les Passions de Sarah - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant