Le Palais - 11

484 19 0
                                    


A ce moment-là, rien ne pouvait m'énerver davantage que la présence de ma meilleure amie sur mon lieu de travail. Vu les événements des deux derniers jours, j'en avais presque oublié son existence. Lucas était un problème mineur dans mes plans et je savais comment résoudre le problème mais Christine était une totale autre histoire.

Elle travaillait avec moi et allait donc rester là avec moi toute la soirée, pulvérisant tous mes plans. J'étais outragée au plus haut point.

- Eh bah dis donc, fit-elle me regardant, tu es splendide aujourd'hui mais on dirait que tu t'es levée du mauvais pied.

- Non pas du tout, protestai-je.

« Oh non ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Comment vais-je faire ? pensais-je ».

- C'était la fiesta les deux derniers jours il paraît, fit-elle.

- Je ne sais pas Christine, je n'ai pas quitté mon poste pour aller voir tu sais.

Elle me regarda interloquée.

- C'était pour faire la conversation, dit-elle en fronçant les sourcils, pourquoi tu réagis comme ça ?

- Je suis désolée, répondis-je. C'est ce rythme et les cours, je suis un peu sur les nerfs. Je m'excuse.

- Ah la la, répondit-elle, Sarah toujours martyrisée entre les cours et le boulot. Il faut que tu apprennes à te détendre un peu tu sais. Tu devrais t'envoyer en l'air plus souvent tu sais ?

A cette remarque je rougis.

« Si tu savais, pensai-je, c'est même toi qui es la cause de ma frustration aujourd'hui. »

- Aller au boulot, dit-elle. Nous avons beaucoup d'arrivants ce soir, il faut être prêtes à les accueillir comme il faut.

La nuit démarra comme d'habitude. Les habitués arrivèrent et disparurent presque aussitôt dans la terrasse. Quelques couples arrivèrent assez tard. Christine et moi partageâmes leur gestion. Ensuite ce fut Lucas qui arriva tout content et s'en suivi une conversation des plus longues entre lui et Christine. Conversation à laquelle j'assistais comme un spectre.

Il n'y avait qu'une seule chose dans mon esprit : Aller retrouver Joaquim.

Lucas allait sûrement partir. Mais comment me débarrasser de Christine ? Cela semblait impossible. Et si jamais je partais vingt minutes et que je revenais, elle ne croira jamais que je m'occupais d'un truc strictement professionnel. Elle voudra avoir des détails. Elle posera des questions. Et fatalement elle comprendra que je cache quelque chose. Il ne lui faudra pas plus de quelques minutes pour tout comprendre et pour m'arracher la vérité du gosier. Non, la seule solution était qu'elle parte d'elle-même. Mais je ne pense pas que ça arrivera. Ça relevait de l'impossible. Christine avait beau être tout le temps détendue, c'était une vraie professionnelle et rien ne pourrait lui faire quitter son poste.

Comme prévu, Lucas fini par partir un peu avant minuit. Il déposa un baiser sur mes lèvres en partant et je me sentis très honteuse. S'il avait su ce que j'avais fait, plus jamais il ne m'adresserait la parole. Pas plus que Christine qui l'aimait beaucoup. J'essayais de sourire mais sans succès.

Finalement, vers deux heures du matin et comme chaque soir, le téléphone du standard sonna. Le premier soir, ce coup de téléphone m'avait réveillé. Le deuxième soir il m'avait terrifié. Ce soir, il me frustrait.

- Eh bah tu ne décroches pas ? Me demanda Christine.

- Fais le toi-même je t'en prie, répondis-je suppliante. Je n'ai envie de parler aux clients.

J'avais l'habitude de faire ce genre de remarque alors Christine n'y vit rien d'anormal. Elle décrocha.

- Oui ?

Je la regardais, devinant ce qui devait se passer. Allait-il reconnaître que cette voix n'était pas la mienne ? Au même temps nous n'avions presque jamais parlé lui et moi.

- All right (Très bien).

Elle raccrocha et se tourna vers moi.

- Le brésilien semble avoir un problème. Tu veux aller voir ?

J'ai secoué la tête.

- Le contraire m'aurait étonné. Espérons qu'il a une bonne raison cette fois.

Elle s'en alla me laissant dépitée. Moins de cinq minutes plus tard, elle était de retour. Evidemment.

- Alors ? Risquai-je.

- Décidément, cet homme est canon mais qu'est-ce qu'il est bizarre. A peine m'a-t-il vu, il a refermé la porte au nez. Il s'attendait à qui ? A voir le Christ ?

Je soupirai en fermant les yeux. 

Les Passions de Sarah - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant