Le Palais - 4

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- Réception, dis-je.

- Hello, there is a problem in my room. (Bonsoir, il y a un problème dans ma chambre). 

Je reconnus directement la voix du mystérieux brésilien. Une vague inquiétude m'envahit. Rassemblant toutes mes connaissances anglophones, je dis : 

- Could you tell me what is the problem exactly ? How can I help you ? (Pouvez-vous m'expliquer le problème ? Comment puis-je vous aider ?)

Il y eut un court silence qui me sembla durer longtemps. Je respirais difficilement et j'essayais de me concentrer au mieux pour comprendre ce qu'il allait me dire. Finalement, il répondit : 

- I can't explain. My English is not enough. Could you please come and check ? (Je ne peux pas expliquer. Mon anglais n'est pas bon. Pouvez vous venir voir ?).

- Yes, I am coming (Oui, j'arrive). Répondis je

Il raccrocha. 

Je restai distraite un moment au point d'oublier de raccrocher de mon côté. Pour une raison que je ne comprenais pas, je ressentais un sentiment totalement inexplicable qui tenait plus de l'angoisse qu'autre chose. 

"Enfin pourquoi je m'en fais ? J'ai fait ça des dizaines de fois, avec aussi des touristes avec qui j'avais du mal à communiquer. Cette fois-ci ne sera pas différente. Allons."

Je contournai le comptoir de la réception et je me dirigeai vers l'aile en question. Le couloir était incroyablement silencieux, tellement en contraste avec l'ambiance vibrante qu'il y avait à l'hôtel ce soir. Mes pas étaient étouffés par l'épaisse moquette qui recouvrait le sol.

En passant devant une grande fenêtre qui donnait sur la cour, mon attention fut attirée par la fête libertine qui avait lieu dehors. Je m'arrêtai quelques instants, fascinée. Des lumières chatoyantes éclairaient des visages enivrés, tandis que la musique provenant des haut-parleurs se mélangeait aux rires et aux conversations. Tout le monde semblait heureux et immergé dans ce moment d'évasion. C'était comme si le temps s'était arrêté et que toutes les préoccupations avaient été mises de côté.

Je restai là quelques secondes de plus, les yeux fixés sur la fête libertine en contrebas. Je n'ai jamais vraiment compris l'attrait du libertinage, cette liberté d'explorer des liaisons multiples et d'enfreindre les normes traditionnelles. Mais je devais admettre, à voir les visages lumineux et les corps détendus des participants, qu'il y avait quelque chose d'enviable dans leur bonheur apparent. Ils semblaient totalement en phase avec eux-mêmes, sans retenue ni inhibition.

Je me sentis un peu en décalage, comme si je regardais à travers une fenêtre sur un monde que je ne pourrais jamais vraiment comprendre, ou peut-être que je n'avais pas le courage d'essayer de comprendre. Les rires et les éclats de voix me parvinrent de nouveau, et je me demandai quel genre de courage ou de confiance en soi était nécessaire pour vivre de manière si débridée. Ces gens avaient l'air plus heureux et plus épanouis que moi, et je ne pouvais m'empêcher de me sentir un peu envieuse.

La réalité me rattrapa, et je me rappelai que j'avais une mission à accomplir : la réclamation du client. Je pris une profonde inspiration, comme pour capturer un peu de l'énergie que j'avais perçue, et je me dirigeai vers la chambre du client. 

Arrivée au bout du couloir, j'ai toqué à la porte. Elle s'ouvrit. 

Les Passions de Sarah - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant