Les Passions de Sarah - Tome I

Renaissance - 12

L'idée de ne plus voir Ahmed pendant des mois, voire peut-être des années me brisa le cœur. Mais ce qu'il me laissa valait beaucoup plus que tout ce que j'avais obtenu au cours de mon entière existence. Ce n'était pas l'argent, c'était la promesse de venir telle qu'il me voyait devenir. Ça allait d'une manière ou d'une autre influer sur le reste de mon existence. J'avais maintenant un vrai but dans la vie, chose que je n'avais pas autrefois.

Essayant d'être aussi forte qu'il aurait voulu. Je me suis levé et j'ai rassemblé tout l'argent qu'il m'avait donné. Je n'ai jamais été en possession d'une telle somme et ça me paraissait énorme à garder dans mon sac. J'enveloppai le tout dans deux grandes feuilles de papier blanches et je les ai scotchés ensemble. Ensuite, je suis allée dans ma chambre où j'avais une grande armoire.

Me mettant à plat ventre, je me suis appliquée à coller cette enveloppe sous l'armoire. Je n'avais aucune intention d'utiliser cet argent qui, sur le coup, me paru comme étant la propriété d'une autre personne.

« Je vais prendre ma vie en main Ahmed, tu as ma parole. »

Je passai le reste de la journée plongée dans mes pensées. Mon feu apaisé, je regardais la télévision sans rien voir. Ensuite, quand il commença à faire nuit, je me fis belle comme j'appris à le faire si bien ces derniers jours et je suis allée au boulot.

Aujourd'hui encore, Christine n'était pas de service, pourtant j'aurais eu besoin de sa présence comme jamais.

« Sois forte Sarah, il y a un homme qui croit en toi et qui a prédit ton avenir. »

La tête haute, j'ai traversé le hall de l'hôtel pour me rendre à mon poste. Ce soir, il y avait beaucoup de monde dans le hall.

« Au moins, le travail m'occupera. »

Théo, un jeune homme qui travaillait dans le même poste que moi, m'attendait pour que je prenne la relève.

- Salut Sarah, tu vas bien ?

- Salut Théo, je vais bien merci. Et toi ?

- Très bien, Christine n'est pas de service ce soir ?

- Non.

- Mince.

Je fronçai les sourcils.

- Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Il y a un ami à elle qui la demande. Je l'ai fait attendre depuis une heure en pensant qu'elle était de service ce soir. Quelle gaffe.

- Où est-il ?

Du doigt, il m'indiqua l'un des fauteuils sur lesquels un homme qui nous tournait le dos était assis.

- Ça me fiche mal pour lui, dit Théo, si jamais je lui dis que j'ai gaffé, il va m'engueuler c'est sûr.

- Ne t'inquiète pas pour ça Théo, répondis-je, je vais gérer ça. Tu peux t'en aller, j'irais lui parler. Au pire, j'appellerai Christine pour qu'elle vienne ?

- Vraiment ? Tu ferais ça pour moi ?

- Bien sûr, aller vas-y. Passe une bonne soirée.

- Toi aussi.

Il s'en alla en faisant tout pour ne pas se faire remarquer du visiteur.

Je mis mon sac derrière le comptoir et j'ai collé mon badge à ma chemise. Ensuite, contournant le comptoir, je suis allée d'un pas ferme vers le visiteur.

« Dieu, faites qu'il soit compréhensif. »

Arrivée à un mètre derrière lui, je lui dis :

- Monsieur, vous avez demandé à voir Christine ?

Soudainement, la terre s'arrêta de tourner. En quelques secondes qui semblèrent durer l'éternité même, l'homme en question se leva et se tourna vers moi.

C'était Elias.