Les Passions de Sarah - Tome I

Déviance - 5

Un homme se tenait devant moi en souriant.

« Ahmed machin, originaire du Liban, environs quarante-cinq ans. Il est là depuis quelques jours et repart le lendemain. »

Sa fiche passait en mémoire derrière mes yeux.

C'était un bel homme. Grand, costaud, la crinière grisonnante mais dense.

- Je m'appelle Sarah, répondis-je en souriant comme une bonne réceptionniste.

Il était minuit passé. Cet homme, Ahmed, venait de rentrer à l'hôtel. Il sentait le tabac et l'alcool à plein nez.

- Moi c'est Ahmed.

- Enchantée Monsieur Ahmed, que puis-je faire pour vous ?

Il sourit et regarda autour de lui comme pour voir s'il y avait quelqu'un dans la réception.

- Je voulais vous demander un renseignement ?

- Bien sûr, dites-moi.

- Pourquoi vous avez passé les derniers jours à me lancer des regards.

J'esquissai un rire et restant professionnelle, je répondis :

- Comment ça Monsieur ? Je ne comprends pas.

- Vous ne comprenez pas.

Il ricana et se tourna encore pour vérifier qu'il n'y avait personne.

- Ais-je le droit de t'offrir un verre ?

- Je regrette Monsieur, je n'ai pas le droit de boire pendant le service.

- Aha.

Il tapa des mains.

- Donc si tu n'étais pas en service, tu aurais accepté de boire un verre avec moi.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit.

- Alors je te pose formellement la question, veux-tu boire un verre avec moi après ton service ?

- Je finis vers cinq heures du matin et puis Monsieur, je suis très flattée mais ce n'est pas professionnel de prendre des verres avec des clients en tant que réceptionniste.

Il eut un sourire vicieux.

- Et prendre du bon temps avec les clients, tu y as droit ?

« Tiens tiens ! Celui là ne pas par quatre chemins ».

J'avais beau m'être transformée en salope et j'avais beau appris à jouer du regard avec certains clients, j'étais en service et j'avais le devoir d'être à la hauteur par rapport aux attentes d'Estelle et Arthur.

Prenant mon air le plus innocent possible, je répondis :

- Du bon temps ? Que voulez-vous dire ?

- Tu ne sais pas ce que ça veut dire ? C'est pourtant moi l'étranger ici.

Il posa ses deux mains sur le comptoir de la réception devant moi et ajouta :

- Je suis un homme respectable, je n'ai aucune intention de te harceler. Mais j'ai voyagé suffisamment longtemps et eu suffisamment de femmes pour savoir quand il y a un intérêt mutuel.

Je le regardais fixement sans rien dire. Il se rapprocha encore du comptoir.

- Sur ton ordinateur tu as mon identité, je ne suis pas un homme dangereux. Alors ce que je te propose c'est de t'inviter à boire un verre demain avant de partir. Je quitte la ville mais je reviens après trois jours. Ou bien...