Les Passions de Sarah - Tome I

Découverte - 4

Au fil de ces treize ans et « uniquement » à cause de mon caractère téméraire, j'ai fait face à quelques gros problèmes. Mon premier « homme-problème » était Elias et je n'allais plus tarder à le rencontrer.

C'était vers mi-juillet que je fus abordée comme tous les jours par un nouvel homme. Cet homme qui se présenta à moi me marqua dès les premières secondes. Je m'attendais à voir un homme nu ou moitié-nu comme d'habitude proférant des phrases salaces mais ce que j'ai trouvé à la place c'était un bel homme qui devait avoir la trentaine maximum, bien habillé, bien bâti, souriant et qui m'a directement demandé comment je m'appelais.

Aussi étrange que ça puisse paraître, c'était la première fois que quelqu'un cherche à connaître mon nom. Sans trop réfléchir, je répondis.

- Christine.

« Mince, je ne suis pas allée chercher loin. »

Il sourit.

- Je ne vois pas ta tête mais tu n'as pas du tout l'air d'être une Christine.

Cette remarqua me dérangea. Le sentiment qu'on perce à jour mon anonymat était désagréable.

- Pourquoi ça ?

Il plissa les yeux.

- Un beau décolleté, une jolie voix, tu ne peux pas être une Christine. C'est trop fade Christine. Et toi tu as l'air vibrante.

Le compliment me fit glousser.

- Je ne m'appelle pas Christine.

- Et je ne vais pas t'obliger à me dire ton vrai prénom avant que tu ne te sentes prête. Ça te convient ?

- Merci.

- Tu me parles de toi ?

« Mais qu'est-ce que c'est que cet homme ? Il s'intéresse vraiment à moi où c'est une juste une manière de paraître plus élégant avant de demander à voir mes seins. »

- Ça t'intéresse vraiment ? demandai-je.

- Oui, sauf si ça te met mal à l'aise.

Je me tus un moment. Parler de moi n'était pas possible. J'aurais à parler de mon métier, de ma vie, et s'il était du coin ? Trop risqué.

- Je suis désolée, je ne veux pas parler de choses personnelles pour l'instant.

- Je ne t'en demande pas tant. Dis-moi par exemple ce que tu aimes regarder à la TV ?

« Il est sérieux ? Il compte arriver à ses fins de cette manière ? »

- Je vais te paraître vieux jeu mais j'aime regarder les documentaires.

- Quel genre de documentaires ?

- Tout et n'importe quoi mais surtout sur les sujets tels que l'économie.

- Tu as regardé « Les Rouages de la Crise de 2008 » ? C'est sorti il n'y a pas longtemps.

- Oui j'ai adoré.

- Ça nous fait donc un point en commun.

Je souris sans m'en rendre compte.

- Moi je m'appelle Elias, dit-il, et c'est tout ce que je dirais sur ma vie privée pour le moment. Mais je te promets que c'est mon vrai prénom.

- Enchantée Elias.

- Qu'est-ce que tu cherches sur ce site web au juste ?

Je rougis. C'était la première fois que j'avais une vraie conversation avec un homme, intéressant qui plus est. Lui parler de mes pratiques pourrait sûrement le révulser et je n'avais pas envie qu'il parte même si ça me démangeait de m'exhiber.

- Rien de particulier. Je découvre.

- Je vois, répondit-il, relation sérieuse ou autre ?

- Non.

- Non quoi ?

- Je ne cherche pas de relation sérieuse.

Il y eut un silence.

- En fait j'ai quelqu'un.

« Merde, je n'aurais pas dû dire ça. »

Il éclata de rire.

- Ecoute, je n'ai aucun jugement par rapport à ça, sois tranquille. Je ne vais pas non plus te demander tes raisons. Si ça peut te rassurer, je ne cherche rien de sérieux non plus. En revanche, si ça te dit, nous pouvons faire davantage connaissance.

- Oui ça me convient tout à fait, répondis-je, soulagée.

- Magnifique.

Contre toute attente, la conversation dura une bonne vingtaine de minutes pendant lesquels nous parlâmes de tout et de rien. Ensuite, il s'excusa et m'informa qu'il devait partir mais qu'il serait ravi si j'étais d'accord de parler à nouveau. J'étais d'accord. Il me plaisait bien.

Le lendemain, il ne fit aucun signe de vie. Ça me troubla beaucoup plus que je ne l'imaginais. J'avais conversé avec des dizaines d'hommes depuis ma nouvelle passion et je les jetais systématiquement à la fin de la conversation, cette fois c'était différent. J'avais envie de lui reparler et j'étais curieuse d'en savoir davantage sur lui. Sa façon de parler, son assurance me plaisaient et il était beau. Il paraissait grand, yeux et cheveux noirs, jolie carrure. C'était un profil idéal.

Au deuxième jour je reçu un message de sa part. Quelques minutes plus tard, la conversation vidéo avait démarré.

- J'espère que je ne t'ai pas trop manqué hier, me dit-il avec un gros sourire.

- Mais non, répondis-je.

« S'il savait ».

- Pourrais-je te demander quelque chose ?

- Quoi ? Demandai-je.

- Maintenant que tu sais que je ne suis pas un fou dangereux ou un pervers, pourrais-je demander à voir ton visage ?

La demande me terrifia. C'était la première fois que j'allais sortir de mon anonymat.

- Ça me met un peu mal à l'aise de dévoiler mon identité.

Il sourit.

- Je comprends, si ça peut te rassurer voir ton visage ne pourra m'aider à savoir qui tu es. Tu m'as donné un faux prénom après tout et puis nous ne sommes certainement pas de la même ville.

- Qui sait ?

- Moi je suis de Narbonne.

« Mince c'est à une heure de voiture d'ici, mais quelles sont les chances qu'il puisse me connaître moi et les gens de mon entourage. »

- Et tu as quel âge ?

- J'ai trente et un ans.

Je restais silencieuse, indécise, ne sachant pas quoi faire.

- Bon, dit-il, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Parlons d'autre chose tu veux ?

- Je ne suis pas mal à l'aise, c'est juste que j'ai peur de franchir ce cap.

- Et je comprends tout à fait, tu as raison de prendre des précautions. Pour ma part je prends déjà du plaisir à te parler alors je ne vais abuser.

La conversation se déroula comme la première, j'oubliai vite mon malaise et je me suis détendue. Finalement, c'était encore l'heure pour lui de partir.

- Je te dis à bientôt, me dit-il.

- Elias attend.

Prenant mon courage à deux mains, j'ai ajusté la webcam lui dévoilant mon visage. Il resta un moment bouche-bée.

- Wow, tu es vraiment magnifique. Je m'attendais à ce que tu sois belle mais pas à ce point.

« Ouf n'exagère pas tout de même. »

- Je crois que tu vas me manquer plus vite que prévu maintenant que je sais que tu es magnifique, dit-il en souriant avant de soudainement fermer la communication.