Elias - 9

229 7 6
                                    

Il se tenait là son regard fouillant la réception jusqu'à ce qu'il tombe sur moi. Ses yeux, emplis de colère et de détermination, m'atteignirent comme une gifle. Je restai figée sur place, incapable de bouger ou même de respirer. Mon instinct me criait de fuir, mais mes jambes semblaient clouées au sol.

Christine, sentant le danger immédiat, se plaça instinctivement devant moi, son regard défiant Elias. Elle posa une main ferme sur mon bras, m'ancrant sur place.

- Que fais-tu ici, Elias ? demanda-t-elle d'une voix forte et claire.

Elias ignora Christine, ses yeux rivés sur moi avec une intensité qui me pétrifiait. Il fit un pas en avant, puis un autre, rétrécissant la distance entre nous. Christine, refusant de céder, fit un pas de côté pour continuer de me protéger.

- Sarah, viens ici tout de suite, gronda-t-il, sa voix remplie de menace.

Mon corps tremblait, incapable de réagir. Christine resserra sa prise sur mon bras et se tourna légèrement vers moi, ses yeux cherchant les miens.

- Sarah, écoute-moi, murmura-t-elle avec une urgence contenue. Tu ne vas nulle part avec lui.

Elias, voyant que je ne bougeais pas, perdit patience. Il avança encore, les traits de son visage se durcissant à chaque pas.

- Christine, écarte-toi, ordonna-t-il. C'est entre Sarah et moi.

Christine ne bougea pas, son regard ne vacillant pas un instant. Son courage me donna un semblant de force, assez pour m'arracher à ma paralysie.

- Non, Elias, dis-je finalement, ma voix tremblant mais résolue. Je ne vais nulle part avec toi.

Le vieil homme, qui observait la scène avec curiosité, sembla enfin comprendre la gravité de la situation. Il se leva lentement, posant sa tasse de café avec soin, avant de s'approcher de nous. Il ne dit rien, mais sa présence ajouta un poids moral à notre confrontation.

Elias, maintenant face à une opposition inattendue, hésita. Il regarda le vieil homme, puis Christine, et enfin moi. L'incertitude passa brièvement dans ses yeux, mais il la balaya rapidement.

- Vous ne savez pas à qui vous avez affaire, cracha-t-il. Sarah est à moi, et je la ramènerai chez nous, que vous le vouliez ou non.

Christine, imperturbable, ne bougea toujours pas. Elle glissa une main dans la poche de son tablier, sortant discrètement son téléphone. Avec un mouvement rapide, elle envoya un message d'alerte à la sécurité de l'hôtel.

- Elias, pars, dit-elle d'un ton ferme. Tu n'as aucun droit sur Sarah.

Elias, à bout de patience et de raison, attrapa soudainement mes cheveux, arrachant un cri de douleur de mes lèvres. La brutalité de son geste me paralysa un instant, la douleur irradiant de mon cuir chevelu jusque dans mon corps tout entier. Il commença à me traîner de force hors de la réception.

Christine se précipita pour tenter de le faire lâcher prise, tirant sur son bras et criant pour attirer l'attention, mais Elias semblait invincible, animé par une rage aveugle. Les secondes s'étirèrent en une éternité de cris et de confusion, la scène devenant un tourbillon de mouvement et de désespoir. Personne ne remarqua la porte de la terrasse qui s'était ouverte puis refermée dans la cacophonie ambiante.

C'était un combat de quelques secondes qui sembla durer une éternité.

Quand soudainement, une main forte et déterminée agrippa la tête d'Elias par l'arrière et la lui cogna violemment contre le comptoir de la réception. Le choc fut brutal, résonnant dans tout le hall, et Elias s'écroula au sol, lâchant prise sur moi. Je tombai à genoux, tentant de reprendre mon souffle, la douleur encore vive.

En levant les yeux, je vis Arthur, notre fidèle et sympathique collègue, se dresser comme un protecteur impitoyable. Son visage, habituellement si amical, était maintenant dur et déterminé. Pour la première fois, Arthur apparaissait comme redoutable, une force implacable face à la menace qu'incarnait Elias.

Très loin du cliché de l'homosexuel mou et efféminé, Arthur était à ce moment-là redoutable.

Avant même qu'Elias ne puisse se remettre complètement sur pied, Arthur lui asséna un autre coup, précis et puissant, le faisant s'écrouler à nouveau. Elias, groggy et incapable de se relever, gémissait de douleur sur le sol. Arthur se tenait au-dessus de lui, prêt à intervenir à nouveau si nécessaire.

- Tu vas vraiment regretter d'être venu semer le bordel dans mon hôtel, dit Arthur d'une voix glaciale.

Deux agents de sécurité, alertés par la scène chaotique, arrivèrent en courant, prenant immédiatement le contrôle de la situation. Ils attrapèrent Elias, le relevant avec fermeté mais sans douceur.

Christine se précipita à mes côtés, me prenant dans ses bras, ses yeux remplis d'inquiétude. Elle m'aida à me relever doucement, ses mains réconfortantes sur mes épaules.

- Tu vas bien, Sarah ? me demanda-t-elle, sa voix tremblant légèrement.

Je hochai la tête, encore sous le choc mais incroyablement soulagée.

- Je comprends mieux pourquoi jamais aucun client ne fait le client. Sacré numéro Arthur. Bravo.

Arthur dit aux agents de sécurité de prendre Elias à son bureau, ajoutant d'un ton glacial qu'Elias allait regretter que ce ne soient pas les flics qui s'occupent de lui. Les agents obtempérèrent sans un mot, traînant Elias hors de la réception. La tension palpable dans l'air commençait à se dissiper alors que l'agresseur était enfin éloigné.

Arthur disparut à son tour, laissant Christine et moi seules dans la réception désormais presque vide. La peur et l'adrénaline me laissaient tremblante, mes pensées encore embrouillées par l'agression soudaine. Christine fit de son mieux pour me rassurer, ses paroles douces et apaisantes créant une barrière fragile contre l'angoisse qui menaçait de me submerger.

- Tout va bien, Sarah, murmura-t-elle en me tenant fermement contre elle. Tu es en sécurité maintenant. Elias ne te fera plus de mal, je te le promets.

Le temps sembla s'étirer interminablement, chaque minute pesant lourdement sur mes épaules. Christine ne quitta pas mon côté, veillant sur moi avec une attention constante. Après deux heures, Arthur revint enfin vers nous, son expression adoucie mais toujours empreinte de détermination.

Il tendit d'abord le portable d'Elias, puis un autre appareil, celui qu'Elias m'avait volé, et enfin un trousseau de clés.

- Sarah, dit-il calmement, voici le portable d'Elias, ainsi que le tien qu'il avait volé. Et ces clés, ce sont les doubles de tes clés. Je te les rends en toute sécurité.

Je pris les objets avec des mains tremblantes, une vague de soulagement m'envahissant alors que je récupérais une part de ce qu'Elias m'avait pris. Arthur posa une main réconfortante sur mon épaule, son regard sincère et protecteur.

- Après le moment qu'il vient d'avoir avec moi, Elias n'osera même jamais te regarder dans la rue, ajouta-t-il d'un ton ferme. Tu es en sécurité, Sarah. Il ne te fera plus de mal.

Je hochai la tête, des larmes de gratitude coulant silencieusement sur mes joues. Les mots d'Arthur étaient une promesse de protection, une assurance que le cauchemar que j'avais vécu touchait peut-être à sa fin. Christine, toujours à mes côtés, me serra un peu plus fort, partageant ce moment de soulagement.

- Merci, Arthur, murmurais-je, ma voix brisée par l'émotion. Je ne sais pas comment vous remercier, tous les deux.

Arthur esquissa un léger sourire et s'en alla sans demander son reste.

Les Passions de Sarah - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant