La Rencontre - 6

356 10 0
                                    


La voiture s'engouffra dans la nuit. Tout semblait calme mais mon esprit était en ébullition. Je n'arrivais à croire l'aventure que je venais vivre et je me sentais encore en danger. Toutes les demi-minutes, je me retournai pour scruter l'obscurité de la route qui se dessinait derrière le taxi. J'avais tout le temps l'impression que j'allais voir sa voiture apparaître soudainement.

- Tout va bien mademoiselle ? Demanda le chauffeur.

Il avait dû remarquer mon comportement étrange.

- Oui, répondis-je. Tout va bien merci.

- Vous êtes sûre ? Vous n'avez pas l'air bien.

- Je vais bien, dis-je en essayant de me calmer.

Ma voix chancelante lui indiqua que ce n'était pas le cas. Il fronça les sourcils.

- Je ne voudrais pas paraître impoli mais est-ce que nous pouvons faire comme convenu ?

- Pardon ?

Il se gratta la tête.

- Vous avez dit que vous me paierez à l'avance.

- Ah.

J'ouvris mon sac à la recherche de mon portefeuille. Les billets que m'avait donnés Joaquim étaient encore intacts. Je pris l'un des billets et je le tendis au chauffeur. Il le prit et commença à le chiffonner dans sa main.

- C'est un vrai billet, ne vous en faites pas.

- Oui, répondit le chauffeur, c'est pas du tout ce que...

- Vous voulez mes papiers d'identité ? Vous pourrez prendre une photo, si ça peut vous rassurer.

- Non ça ne sera pas nécessaire. Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise mademoiselle.

- Tout va bien, ne vous en faites pas.

J'essayais de reprendre mon calme mais mes genoux tremblaient et je me sentais au bord de l'asphyxie.

« Quelle galère ! Comment ai-je pu me mettre dans une situation pareille ? »

- Si vous voulez qu'on s'arrête en route pour que vous poussiez vous dégourdir les jambes ou souffler un peu, je peux m'arrêter, dit le chauffeur en me regardant avec inquiétude.

- Surtout pas. Je veux rentrer le plus vite possible s'il vous plaît.

- Bon.

« Oh mince ».

En regardant mon jean dans le noir j'eu l'impression qu'il était mouillé. Je cherchai mon téléphone dans le sac et j'allumais la torche.

« Oh non ! ».

Je m'étais enfouis de chez Elias sans avoir pu me nettoyer. Le sperme qui était en moi avait coulé et j'avais une tâche claire et nette sur mon jean.

« Oh mon Dieu, faites que je ne croise personne en rentrant chez moi ».

Puis un autre détail me terrifia. Le téléphone en main, je découvris que j'avais douze appels en absence.

« Oh non ! Non ! Non ! Non ! ».

Huit appels venants de Lucas, deux de Christine et deux d'Axel.

« D'accord, maintenant je suis clairement dans la merde ».

Lucas avait sûrement essayé de me joindre à plusieurs reprises au cours de la journée. Ne recevant aucune réponse, il avait essayé d'appeler Christine et Axel à leur tour. Ces derniers, inquiètes également avaient tentés de me joindre.

Et puis une bonne dizaine d'SMS de Lucas.

« Où es-tu ? »

« Est-ce que tout va bien ? »

« Sarah je suis vraiment inquiet, réponds-moi je t'en prie ».

« Je suis passé chez toi, mais tu n'y étais pas. Est-ce que tout va bien ? »

« Je viens de contacter Arthur, il m'a dit que tu avais déposé un congé. Tu ne m'en avais pas parlé. Qu'est ce qui s'est passé Sarah bon sang je me fais un sang d'encre. »

Dieu du ciel, j'étais dans une belle merde. Mon mensonge si fragile s'était écroulé comme un château de cartes.

Ensuite j'ai trouvé un SMS d'Axel.

« Tout va bien Sarah ? Lucas m'a appelé, il était dans tous ses états. Et je n'arrive pas à te joindre non plus. S'il te plaît, donne-moi un signe de vie. »

Et puis finalement Christine.

« Où est-ce que t'es Sarah putain ? Tout le temps est mort d'inquiétude pour toi. »

Je sentis les larmes me monter aux yeux. Tous les gens que j'aimais étaient follement inquiets et je ne pouvais rien faire pour leur dire que j'allais bien sans recevoir un appel immédiat et une demande d'explications. Je devrais trouver un moyen de me sortir de ce mauvais pas sans avouer ce que j'avais fait. Et ce que j'avais fait, ne sera toléré par aucune des personnes qui m'entouraient.

Je sentis mon angoisse monter encore et bientôt, j'étais presque incapable de respirer.

« Tiens le coup Sarah, tu dois arriver chez toi. Ensuite tu pourras te laisser. Sois forte ! Tu vas gérer ce problème étape par étape ».

Et là première étape consistait à rentrer chez moi pour me débarrasser de mes vêtements souillés et prendre une douche. Si l'un d'eux me trouvait dans cet état, j'étais grillée sans aucune chance de me défendre.

Les quarante minutes qui suivirent étaient les plus longues de ma vie. Mon esprit me torturait.

« Et si je ne réussissais pas à arriver chez moi ? Après tout, si Lucas était inquiet à ce point, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute qu'il serait là en train de l'attendre près de son immeuble ou pire, à l'intérieur de l'appartement ».

Mes tremblements redoublèrent.

« Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça ? Il aurait mieux fallu rester chez moi et aller au travail ».

Nous entrâmes à Perpignan.

- Vous m'indiquiez la route mademoiselle ?

Reprenant mes esprits, je me suis rappelée d'avoir indiquer au chauffeur d'aller à Perpignan sans plus de détails.

- Prenez cette route s'il vous plaît.

Pendant les dix minutes qui suivirent, j'indiquai au chauffeur comment se rendre jusqu'à chez moi. Quand le bâtiment dans lequel je vivais était enfin en vue, je lui dis de s'arrêter.

- Nous sommes arrivés ?

- Oui, merci pour votre aide Monsieur, bonne soirée à vous.

- A vous aussi.

Je descendis. L'air frais de la nuit me fit frémir. Tout ce que j'avais à faire maintenant c'était raser les murs en prenant toutes les dispositions nécessaires pour que personne ne me voit.

Avançant doucement dans la pénombre je scrutais les voitures garées à la recherche de celle de Lucas. Elle n'y était pas. Arrivée au niveau de l'immeuble, je regardai rapidement à droite à gauche et je me suis élancée vers l'immeuble gravissant les escaliers deux à deux. Troisième étage.

« Mon Dieu, faites que personne ne soit chez moi ».

J'ouvris doucement la porte. Tout était noir.

« Dieu merci, aucune alerte ».

La porte de la salle de bain à directement à droite, je mis la main sur le loquet pour l'ouvrir, quand soudain.

- Sarah ?

Les Passions de Sarah - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant