Déviance - 8

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Le lendemain soir, Christine était de service avec moi. Nos relations s'étaient à nouveau normalisées même si je sens que l'histoire de ma disparition était constamment dans mon esprit. Elle était contente, elle venait d'avoir un nouveau copain, un nouveau copain qu'elle allait sûrement larguer au bout d'une semaine parce qu'il aurait fait une remarque déplacée ou qu'il aurait mis la mauvaise chemise avec le mauvais pantalon. C'était ça Christine, elle n'avait aucune tolérance pour les imperfections morales, sur le plan physique, malgré sa beauté, elle n'était pas très exigeante.

La nuit s'annonçait longue et sans événements. L'hôtel était quasiment complet mais il n'y avait aucun événement prévu. Certains habitués iraient peut-être à la terrasse de l'hôtel pour rencontrer quelqu'un en douce comme d'habitude, mais personne n'allait débarquer et personne n'allait s'en aller. Nos deux présences à Christine et moi, étaient vaines et futiles.

- La nuit s'annonce chiantissime, déclara Christine.

- Oui, répondis-je.

Cinq minutes de silence s'écoulèrent. Christine était sur son téléphone et moi sur internet, quand soudain, je demandai :

- Christine ?

- Oui.

- Est-ce que je suis belle ?

Elle me regarda avec de gros yeux.

- Eh bien.

Elle se leva et s'approcha de moi, j'ai tourné ma chaise pour lui faire face, le regard inquiet.

- Tu es pleine de surprises ces derniers jours toi.

« Mince, allait-elle faire le lien ? »

- Aller lève-toi, me dit-elle.

Je me mis debout.

Elle me prit par l'épaule et me tourna une fois à droite puis à l'inverse, elle faisait son show. Ensuite, elle lâcha mes épaules et recula de deux pas.

- Prête pour le verdict ?

J'ai hoché la tête.

- Si on met de côté tes vêtements qui horrifieraient un réfugié et ta manière vieux jeu de te coiffer, tu es totalement parfaite.

« Quoi ? »

- Hein ?

- Eh bah quoi ? Rigola Christine, tu pensais que tu étais un thon ?

Je me sentis rougir. Cette nouvelle qui confirmait plusieurs compliments que j'avais eu auparavant, traversa mon esprit et y installa un ouragan de sentiments étranges, entre bonheur, fierté mais de honte également.

- Comment ça ? Explique-moi, demandai-je

- Que je t'explique quoi au juste ?

- Pourquoi tu as dit ça ?

- Bah tes vêtements sont affreux franchement.

- Tu sais bien de quoi je parle Christine, dis-je avec frustration.

Elle rigola. Elle adorait me tourner en bourrique.

- Laisse-moi te poser une question, me dit-elle. Pourquoi crois-tu que tu te sois faite draguer par le meilleur parti de la fac dès tes premiers jours ?

Je ne sus quoi répondre. Il était vrai que je m'étais toujours posée la question, mais ce que je pensais que Dieu sait quoi l'avait attiré chez moi et qu'il était tout simplement tombé amoureux de moi pour des raisons inconnues comme ça se passe dans les films.

- Je ne sais pas, répondis-je d'une petite voix.

Il tapa de la main de dépit sur le comptoir.

- Je vais te le dire.

Elle s'approcha à nouveau de moi et me prit par les mains.

- Sarah ma chérie, tu as été abordée par un mec beau, riche et populaire uniquement parce que toi aussi tu es très belle.

- Je ne suis pas belle.

- Non, tu es belle, tu es juste ringarde et ennuyeuse mais tu es très belle regarde toi.

Laissant tomber mes mains, elle recula à nouveau et leva les deux bras.

- Tu passes inaperçue à cause de ton comportement assommant et à cause des loques que tu portes mais regarde-toi.

J'étais là scotchée, ne sachant pas quoi dire.

- Taille correcte, silhouette magnifique, joli cul, gros seins, ventre plat, peau nette comme du marbre, Nom de Dieu Sarah, tu n'as même pas le moindre bouton. Jolis lèvres, nez droit, grands yeux bruns, super cheveux, longs et soyeux, tu es parfaite dans le moindre détail.

- Mais personne ne me regarde jamais.

- Lucas t'a bien remarqué lui.

- Je parle en général.

- Tu sais, même Megan Fox si on l'habille comme toi elle passerait pour une femme de ménage.

La remarque blessante ne m'atteignit même pas tellement je sentais un élan de joie m'envahir.

- Tu penses vraiment que je suis belle ?

- Mais oui tu es belle Sarah arrête de faire chier.

Elle se tourna et théâtralement elle se lassa tomber sur sa chaise. Mais je voulais en savoir davantage, à mon tour, je me suis rapprochée d'elle.

- Mais Christine, je suis normale, je ne peux pas être belle à ce point. Toi tu es belle.

Elle rigola.

- Bien sûr que je suis belle, dit-elle en faisant un gros sourire, encore heureux. Mais je suis loin d'être comme toi, d'ailleurs très peu de personnes sont comme toi.

J'étais tellement surprise que je me sentis sur le point de tomber. Christine, la magnifique Christine que j'idolâtrait, pensait que j'étais beaucoup plus belle qu'elle.

- Mais Christine, ça ne peut pas être vrai, je suis ordinaire moi.

Elle plissa les yeux.

- D'accord, si tu veux le prendre comme ça, libre à toi. Dieu donne d'une main et reprend de l'autre il paraît, il t'a donné le physique de rêve et a mis en toi l'âme d'une vieille grand-mère.

Je ne répondis pas. Puis Christine se leva d'un bond si rapidement que je sautai presque en arrière.

- Ah mais j'ai une idée ! S'écria-t-elle.

- Quoi ?

Il me fit son plus gros sourire.

- C'est normal que tu penses être moche vu comment tu es mise, alors après le boulot, je vais te ramener chez moi pour te recoiffer. Ensuite, je t'emmène acheter des fringues.

J'ouvris la bouche pour protester mais elle leva sa main pour me faire taire.

- C'est moi qui décide, dit-elle avec autorité. Prépare-toi à te métamorphoser la petite berbère. 

Les Passions de Sarah - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant