Le Palais - 9

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Pour une raison qui m'a échappé à l'époque et qui m'échappe encore, je n'ai pas vu Joaquim passer une seule fois. Comme la veille les habitués étaient venus se regrouper dans le hall et avaient ensuite été invités à passer à la terrasse. La grande porte s'était ensuite refermée sur eux et sur leurs secrets. Et pendant plusieurs heures, pas une seule personne ne passa dans le hall de réception excepté la femme de ménage qui est à peine restée dix minutes.

Pourtant, vers deux heures du matin, le téléphone de la réception sonna. Mon sang se figea et un stress inexplicable m'envahit. Plus que du stress, une terreur. Je restai là quelques secondes à regarder le téléphone sonner sans oser le décrocher. Il n'y avait que ce bruit persistant et ennuyeux qui perturbait le silence de la salle, comme une agression sonore.

La main tremblante, je décrochai.

- Réception !

- Hello, I have a problem in my room, could you please come and check ? (Bonsoir, j'ai un problème dans ma chambre. Pouvez-vous venir voir s'il vous plaît ?).

C'était lui. C'était Joaquim. Alors il était là. Comment était-il rentré ? Était-il rentré dans sa chambre avant que je ne commence mon travail ? S'est-il mêlé à la foule plus tôt et était passé inaperçu ? Etait-il même sorti de sa chambre depuis la veille ? Et plus encore, je comprenais au fond de moi de ce qu'il insinuait. Je comprenais sans le moindre doute possible ce qu'il voulait. Et ça me terrifia encore plus.

Toujours maladroite, j'ai demandé :

- Which room please? (Quelle chambre s'il vous plaît).

Il raccrocha.

Evidemment.

Je restai là tremblante, ne sachant quoi faire. Il venait de me donner le choix. Celui de le rejoindre dans sa chambre ou de rester ici. Le choix est simple. Je ne vais pas le rejoindre. Après les dernière vingt-quatre heures de souffrances morales par lesquelles je suis passée, j'ai bien compris la leçon. J'ai gravement faillis à mes devoirs professionnellement et sentimentalement et je considère que j'ai retenu la leçon. Egoïstement, et peut-être grâce aux paroles d'Arthur, je compris que je pouvais garder cette histoire pour moi pour toujours. De cette manière, je ne perdrai ni l'homme que j'aime, ni ma réputation sociale et professionnelle. Mon choix était donc fait. Dieu m'offrait un choix à présent et je choisis d'être correcte. Comme cela je mériterais ma rédemption et surtout j'arrêterais de me sentir comme une moins que rien. Voilà, c'est décidé.

Pour une raison qui dépassait tout mon être à l'époque, au bout de cinq minutes, je me suis retrouvée devant la porte de Joaquim. Sans pouvoir sonner et sans pouvoir faire demi-tour.

« Mon Dieu Sarah, qu'est-ce que tu fais encore ? Tu vas encore refaire la même erreur ? Tu n'en as pas eu assez ? »

Je sentais cette inexplicable feu ardent brûler en moi comme ce fut le cas hier. C'était mon corps qui prenait l'ascendant sur ma raison, sur mon cœur, sur tout mon être.

« Suis-je vraiment comment ça ? Suis-je une... trainée ? »

Tout mon être refusait cette idée abjecte. Je n'ai toujours eu que du mépris pour les femmes légères et infidèles. Je n'étais pas comme ça, je refusais d'être comme et j'allais tout de suite mettre un terme à cette erreur monumentale qui allait me coûter mon homme et mon âme.

Ce fut comme si cette pensée avait atténué mon feu intérieur. A la seconde même où je tournais pour repartir, Joaquim ouvrit la porte.

- Here you are ! (Tu es enfin là).

Et sans attendre de répondre de ma part, il s'avança et me traina par la taille à l'intérieur et me colla directement contre le mur. Dans la confusion du baiser qu'il me donna, je ne ressentis qu'une seule chose. Encore ce feu ardent qui redoubla et retripla d'intensité jusqu'à me faire perdre le sens des réalités. Les premières minutes, tout ce dont je me rappelle, c'était de ma position à genoux encore devant lui à faire de mon mieux pour lui donner l'illusion que je savais ce que je faisais, ce qui était évidemment faux. Je n'étais pas du tout une experte en fellation et encore moins avec un calibre aussi grand. J'avais quelques fois fait ça avec Lucas mais c'était totalement différent. C'était beaucoup plus doux et la taille était complétement différente.

Les Passions de Sarah - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant