Les Passions de Sarah - Tome I

Découverte - 1

Au moment où j'écris ces lignes, j'ai trente deux ans. Les événements qui se sont déroulés avec Joaquim il y a treize ans n'ont pas vraiment été le tournant dans ma vie. C'était surtout ce qui allait se passer ensuite.

Pour ceux ou celles qui se le demanderaient, je n'ai plus jamais revu Joaquim et je n'ai plus jamais entendu parler de lui depuis. Dieu seul sait où il est, ce qu'il fait et si même il se rappelle de moi. Je me dis avec du recul que j'étais une parmi les dizaines d'aventures qu'il avait dû avoir au cours de ces voyages. S'il est encore de ce monde, il doit avoir dans les cinquante cinq ans facilement. Je ne su donc jamais pour quelle raison il me donna de l'argent ni même ce qu'il pensa de moi.

Le fait qu'il révéla en moi un attrait qui ne reste plus à confirmer aujourd'hui pour la débauche sexuelle et pour les aventures torrides n'est que pur accident. Je ne pouvais pas le comprendre à l'époque mais je pense que Joaquim n'a fait qu'accélérer les choses. J'aurais d'une manière ou d'une autre au fil des années découvert cet aspect de moi. Les choses ont fait que j'ai découverts ça prématurément à dix-neuf ans, dans un pays où je n'étais qu'une étrangère sans le sou, sans famille et sans repères.

Ce fut à partir de ce soir-là qu'un changement allait s'opérer progressivement en moi. Les raisons de ce changement est simple, j'avais envie de comprendre mes actes et en creusant profondément, j'avais ouvert la boite de pandore.

Revenons à mon histoire.

Ce jour-là, j'étais rentrée chez moi. Je pris la plus longue douche de ma vie pour être sûre que rien ne laisserait Lucas deviner ce qui s'était passé ensuite, je me suis écroulée sur mon lit pour ne me réveiller que le lendemain à quatorze heures.

Lucas m'appela une heure plus tard pour me dire de me préparer et qu'il allait venir me chercher. Je l'attendis devant l'immeuble. Une demi-heure plus tard, nous étions arrivés au restaurant.

J'étais en forme. Les souvenirs de la veille miroitaient faiblement dans mon esprit. Je me disais que Joaquim était sûrement déjà parti depuis longtemps et que plus important encore, le lendemain je devais m'assurer de ne pas être enceinte. Etrangement, je me rappelle que je ne ressentais aucun réel stress par rapport au sujet. C'était comme si j'étais dans un rêve et que j'allais me réveiller pour découvrir que rien de tout ça n'était arrivé.

- Tu es encore sur les nuages Sarah.

Sa remarque me tira de ma rêverie.

- Hein ?

- Tu es ailleurs. Qu'est-ce que tu as ces derniers temps ?

Je laissai échapper un soupir.

- Je te l'ai dit mon chéri, je n'ai rien. Cette année a été bien longue pour moi. Je suis pressée de finir mes examens et de me reposer.

- Quand est-ce que tu passes tes examens ?

- Dans deux semaines.

- Tu te sens prête ?

- Bien sûr que je suis prête.

- Excuse-moi de demander mademoiselle je sais tout.

Lucas m'irritait quand il faisait allusion à mon côté première de la classe mais il avait raison. J'étais vraiment la meilleure élève et de loin. Pour les autres, il voyait en ça du génie, pour ma part, je trouvais ça naturel dans la mesure où j'ai toujours été apte à assimiler facilement mes cours et à rester à jour. De plus, mes heures de solitudes à l'hôtel me donnaient le temps d'effectuer des recherches supplémentaires et d'avoir toujours un coup d'avance sur le programme universitaire.

- Que comptes-tu faire quand tu seras en vacances ? Demanda-t-il. Y a-t-il quelque chose qui pourrait te faire plaisir ?

- Pas vraiment non, répondis-je. Je pense que je vais profiter des premières semaines pour me reposer et ensuite on verra.

- Ensuite nous voyagerons, en Août.

- Oui j'en suis ravie.

Il fronça les sourcils.

- Mais tu n'as pas l'air ravie.

- Lucas, j'ai à peine suffisamment d'énergie pour manger en ce moment alors... mais ça me fait énormément plaisir crois moi. Passer du temps avec toi loin de ce rythme infernal va beaucoup m'aider sois en sûr.

Il sourit.

- Rien d'autre sinon ?

- Quoi rien d'autre ?

- Tu n'envisages pas de...

Il marqua un temps de silence ensuite il ajouta.

- Rentrer visiter ta famille.

Cette phrase me mit directement en éveil et balaya toutes mes pensées du moment.

- Quoi ? Tu es sérieux en me demandant ça ?

Il parut paniquer un instant et tenta de se justifier.

- Enfin Sarah, ça fait longtemps que tu n'as pas vu ta famille. Ils doivent sûrement s'inquiéter pour toi.

- Tu es fou de suggérer ça Lucas, tu sais que si jamais je mets les pieds là-bas je serai à nouveau enfermée sans espoir de retour.

- Tu exagères.

- Et toi tu parles de choses dont tu ignores tout.

Un silence gênant s'installa. Ce fut Lucas qui le rompit.

- Tes parents sont sévères à ce point ?

- Bien plus que tu ne l'imagines.

- Il pourrait te retenir de force ?

- Facilement.

Un deuxième silence.

- Et tes frères et sœurs ?

- Quoi mes frères et sœurs ?

- Ils ne pourront pas t'aider.

- M'aider à quoi ? Ils sont comme mes parents. La preuve, ils sont comme eux et vivent avec eux.

Lucas se gratta la tête.

- Ils ne te manquent pas ?

- Non.

C'était faux.

- Bon eh bien parlons d'autre chose. Je vais te raconter ce qui se passe chez moi ces derniers temps, peut-être que ça te fera un peu rire.

Le reste du déjeuner s'écoula ainsi. Après une longue conversation, du vin et un bon repas, je me détendis et je redevins la petite amie que Lucas adorée. Ensuite c'était l'heure du retour à la maison. Lucas me ramena chez moi en voiture.

Je compris à travers plusieurs allusions qu'il voulait monter chez moi pour faire l'amour. Et bien que je n'en avait pas envie, j'ai laissé faire.

Le sexe avec Lucas n'avait jamais été mauvais, au contraire il était attentionné, avenant et se préoccupait beaucoup de mon plaisir. Mais il manquait ce côté sauvage et brutal que j'avais découverts et que j'aimais mais qui semblait totalement inexistant chez lui.

Après quinze minutes à faire l'amour, c'était fini. Nous avions tous les deux jouis et il s'affaissa à côté de moi dans mon lit minuscule.

- Tu es magnifique, me dit-il.

- Toi aussi mon amour.

- Je t'aime.

- Moi aussi.