NightHawk

Chapitre 10.

3 heures 35. L'Eden, NYC. États-Unis.

Je me retrouvais dans le salon avec Damian. Dans cette ambiance plus intime, je pouvais discerner plus clairement ses émotions qui traversaient son visage. Le bruit de la piste de danse s'était estompé, laissant place au son de nos respirations. Immobile, je le regardais parcourir la pièce, murmurant des paroles incompréhensibles entre ses lèvres. Ce moment me ramenait à notre premier véritable échange, cette soirée où je l'avais retrouvé dans cette même pièce, où il avait tenu un couteau contre ma gorge et où nous avions conclu un pacte. Depuis cette nuit-là, ma vie avait pris un tournant et ma perception de lui avait changé. Je ressentais un besoin inexplicable de le comprendre davantage, de percer ses mystères. Cependant, je ne lui avouerais jamais cela, tout comme je ne pourrais jamais admettre que son monde était auparavant le mien. Peut-être était-ce cette dualité qui m'attirait, il représentait ce que j'avais autrefois méprisé et ma curiosité envers lui était presque malsaine.

- Tu m'as menti, gronda-t-il en me fusillant du regard.

Sa voix me crispa sur place, il avait toujours une voix menaçante, mais cette fois c'était différent, il y avait de la colère. Je n'avais rien fait, j'avais cherché des informations.

- Comment ça ? Je ne t'ai pas menti ! répliquai-je.

Je ne comprenais tout simplement pas où il voulait en venir. Nous n'avions rien à cacher l'un à l'autre et je ne lui avais fait aucune promesse. Ma réponse ne sembla pas lui plaire, car il s'approcha de moi jusqu'à ce que nos corps ne soient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

-  L'autre soir, je t'ai demandé si tu pourrais coucher avec lui, déclara-t-il en marquant une pause pour reprendre son souffle. Tu m'as dit que non.

- ET C'EST VRAI, criai-je.

Je ne pouvais pas croire qu'il pensait que j'avais pu coucher avec Tom. Il me prenait pour une folle. Pourtant, ses mots résonnaient dans ma tête. Il avait prêté attention à mes paroles cette nuit-là. Cette première nuit où nous avions vraiment discuté. Cette première nuit où j'avais découvert la douceur qu'il renfermait. Cette nuit où j'ai compris que je ne risquais rien avec lui, que sa présence n'était pas synonyme de danger, mais plutôt de sécurité. Il m'avait protégé, je ne lui devais rien et il l'avait fait. Il réagissait, mais n'agissait pas, du moins pas pour le moment. Il m'avait écouté ce soir-là et semblait blessé. C'était étrange, mais je me sentais attirée par lui plus que je ne l'aurais jamais imaginé.

Un sentiment de tristesse m'envahissait alors que je peinais à croire qu'il pensait que je lui avais menti. Nous ne nous connaissions que depuis quelques jours, mais ce qu'il savait sur moi, sur cette liste en particulier, dépassait de loin ce que n'importe lequel de mes amis aurait pu connaître. Je m'étais attachée à ce qu'il savait de moi, à cette connexion étrange et intense que nous avions développée en si peu de temps. Même si je n'avais pas confiance en lui, il était devenu un allié, malgré tout. J'avais eu le temps de réfléchir et je savais comment il allait m'aider dans ma nuit avant de disparaître.

- Alors, explique moi, dit-il en se posant sur l'un des canapés. Tu l'as revu, mais pourquoi ?

- C'était un hasard, proclamai-je avec assurance. Je l'ai croisé en me baladant et je ne savais pas comment réagir. Plutôt que de risquer qu'il découvre la vérité, j'ai choisi de jouer le jeu.

Son regard scrutait le mien, cherchant probablement la moindre faille dans mon récit. Je savais que je ne pouvais pas lui révéler la vérité tant que je n'avais pas toutes les cartes en main. Je me mordis l'intérieur de la joue pour dissimuler le doute qui me rongeait. Je priais pour qu'il ne puisse pas lire à travers mes mensonges.