NightHawk

Chapitre 50

23 heures 30. Domaine des Hunter, État-Unis

...Swan...

Ça ressemblait donc à ça... à ce que c'est de se sentir à sa place, pour la première fois dans sa vie. Le monde s'effaçait autour de moi, et je réalisais que, oui, j'étais là où je devais être. Pas juste parce que c'était là que la vie m'avait menée, mais parce que, pour la première fois, je me sentais vue. Pas simplement remarquée pour mon nom, pour mes origines ou pour ce que je représentais dans cette mascarade de pouvoir et de richesse, mais pour moi. Pour la femme que j'étais devenue, pour mes choix, mes désirs, mes failles. Et c'était lui, celui que j'aimais, qui me regardait ainsi.

C'était étrange, cette sensation d'appartenance, de certitude, après des années à me sentir décalée, à jouer des rôles, à me fondre dans des attentes qui n'avaient jamais été les miennes.  Pendant des années, j'avais cherché à me dissimuler derrière un masque, à camoufler ma véritable nature, à cacher ma force et mes origines pour correspondre à autre chose que ma famille. J'avais vécu dans l'ombre de mes propres aspirations, consciente que chaque sourire, chaque geste n'était qu'un écran derrière lequel je me réfugiais.

Mais maintenant, tout était différent. Je ne voulais plus me cacher, je n'avais plus honte. J'avais longtemps porté le nom des Miller comme une chaîne invisible, une étiquette qui pesait sur mes épaules et me rappelait chaque jour combien je me sentais étrangère à ce monde. Pourtant, maintenant, je me libérais de ce poids. Je n'étais plus la simple héritière des Miller, je devenais quelque chose de plus. Je représentais les Hawk, un nom que j'avais méprisé mais qui, désormais, devenait un symbole de ce que je pouvais être, de ce que je voulais devenir.

Je n'étais plus la fille timide qui se fondait dans les attentes des autres, mais une femme qui prenait le contrôle de son destin, fière de ce qu'elle était et de ce qu'elle devenait.

C'était comme si les pièces de ce puzzle de mon existence se mettaient enfin en place. Et tout cela à cause de lui, à cause de la manière dont il me regardait, dont il me tenait, comme si j'étais la chose la plus précieuse au monde. À travers ses yeux, je me découvrais enfin, je voyais cette version de moi que je n'avais jamais osé embrasser. 

Forte, libre, audacieuse.

C'était lui qui me donnait ce sentiment d'appartenance, de reconnaissance. Il ne m'aimait pas pour ce que je représentais, mais pour ce que j'étais vraiment. Et dans ce moment, je me sentais puissante, ancrée, comme si je n'avais plus rien à prouver à personne. Il me connaissait, dans toute ma complexité, mes faiblesses, mes secrets. 

Ça ressemblait à ça... à être enfin reconnue. Pas seulement regardée, mais comprise, aimée pour la personne que j'étais profondément, pour mes choix, mes erreurs, mes envies. La chaleur de son regard me brûlait presque, mais je ne détournais pas les yeux. Il n'y avait plus de masques, plus de faux-semblants. C'était un face-à-face brut, sans filtre. Et c'était magnifique.

Je savais que dans quelques heures, je devrais prendre une décision, celle qui changerait tout. Mais en cet instant précis, je voulais juste me laisser porter par ce moment, par cette certitude douce-amère qu'il était là, qu'il me reconnaissait, qu'il m'aimait pour tout ce que j'étais, même les parties de moi que je n'aimais pas. Tout ce que je pensais devoir cacher, dissimuler, devenait soudain une force, un pouvoir. Et il était le seul à m'avoir donné cette force.

Ces dernières heures, j'avais imaginé des centaines de scénarios où il ne viendrait pas. Des centaines de façons dont j'aurais pu me révéler, seule, au grand jour. Mais maintenant qu'il est là, aucun doute. Je choisirai d'être à ses côtés, du moins pour cette soirée. Une décision m'attend, plus tard. Mais à cet instant précis, je veux juste savourer.