NightHawk

Chapitre 33

...Swan...

8h00. Tarrytown, État-Unis

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis cette nuit où Damian m'avait confié une partie de ses pensées. Les souvenirs de cette conversation tournaient encore dans ma tête, se mêlant aux inquiétudes croissantes qui nous entouraient. Depuis ce moment, nous n'avions plus reparlé de cette nuit. Il semblait tendu, tout comme je l'étais. Une distance invisible s'était installée entre nous, bien que nous partagions le même espace.

Je n'avais pas pu retourné chez Thea, bien que chaque jour la tentation de le faire se fasse plus forte. L'idée de retrouver un semblant de normalité était séduisante, mais je savais que la réalité m'attendait, sombre et inéluctable. Les Miller étaient à la recherche de quelque chose, et je commençais à croire que c'était moi. Harper s'était confiée à moi, révélant que ma famille me cherchait activement. Pourquoi, je ne le savais pas, mais il était certain qu'ils ignoraient ma proximité avec NightHawk.

Personne n'était allé chez Thea pour le moment, mais chaque jour la tension montait. Les murmures dans les couloirs devenaient plus persistants, et l'atmosphère se chargeait d'une électricité palpable. Chaque nuit, je m'endormais à ses côtés, mais à mon réveil, il avait déjà disparu. Nous ne nous croisions que dans l'obscurité de la nuit, et bien que nos corps partageaient le même lit, nos âmes semblaient se tenir à distance, retenues par des chaînes invisibles. Nous ne nous étions plus embrassés, bien que j'en brûlais d'envie. Chaque fois que nos regards se croisaient, une tension électrisante nous traversait, mais aucun de nous n'osait faire le premier pas. Damian semblait absorbé par quelque chose de plus grand, quelque chose qui l'éloignait de moi, même lorsque nous étions ensemble. Il se passait quelque chose en lui, une bataille intérieure que je ne comprenais pas entièrement mais que je pouvais percevoir dans chaque ligne de son visage tendu.

Toutefois, sa présence me suffisait. Savoir qu'il était à mes côtés me permettait de voir qu'il ne m'ignorait pas. Chaque soir, je me demandais s'il allait venir près de moi, et avant même que je ne désespère, il arrivait. Malgré toute la distance qui avait pu exister entre nous, il restait, pour une fois, il restait quelque chose. Ce qui suffisait à me faire sourire, dans la pénombre de la chambre, quand je sentais le matelas s'affaisser et la chaleur de son corps près du mien.

J'imaginais déjà la solitude que je ressentirais s'il n'était pas dans ce lit. J'aimais dormir seule. Je préférais dormir seule, n'entendre personne, ne pas sentir le lit bouger et avoir toute la couverture pour moi. Mais avec Damian, c'était la première fois que je voulais l'entendre bouger, écouter son souffle. J'étais même prête à partager la couverture pour qu'il reste avec moi.

Je dépends trop de toi, Démon.

Les nuits que nous passions ensemble, bien que silencieuses, étaient devenues un refuge. Chaque soir, je ressentais une étrange anticipation, me demandant si cette nuit serait différente, si cette fois-ci, il briserait le silence et s'ouvrirait un peu plus. Et chaque fois, même si les mots ne venaient pas, sa simple présence suffisait à combler ce vide.

Je me tournais souvent vers lui dans l'obscurité, guettant le moindre signe de mouvement, écoutant le rythme régulier de sa respiration. Il y avait une sorte de paix dans ces moments, une tranquillité que je n'avais jamais connue. Même si nous n'échangions pas un mot, il y avait une compréhension tacite, un lien silencieux qui nous unissait.

Ces nuits partagées étaient devenues ma nouvelle normalité, un contraste saisissant avec ma vie d'avant. J'étais passée de la solitude volontaire à une dépendance subtile mais croissante envers sa présence. Chaque nuit passée à ses côtés renforçait ce sentiment, m'ancrant un peu plus dans cette nouvelle réalité.