00h20. Manhattan, État-Unis
...Damian...
Le whisky brûle légèrement ma gorge à chaque gorgée, mais c'est une des plus douces brûlures que l'homme puisse connaître. Je fixe la ville depuis mon nouvel appartement, un refuge que j'ai trouvé après avoir quitté la maison familiale. Je n'ai jamais aimé y vivre, depuis le départ de mes parents. Elle était la seule raison qui me donnait envie de rentrer.
Maintenant, j'ai un appartement en plein cœur de Manhattan. Autrefois, j'aurais détesté l'idée de vivre au centre-ville, entouré par le chaos urbain. Mais aujourd'hui, les bruits de la ville apaisent mes nuits. Chaque fenêtre de mon appartement donne sur un spectacle de lumières urbaines. Ces lumières m'aident à rester éveillé, à ne pas sombrer dans l'obscurité qui menace de m'envahir.
Je n'ai pas quitté cet endroit depuis une semaine. Pas la force. Ma dispute avec Harper n'a rien arrangé. J'ai été un salaud. Elle souffre autant que moi, mais tout le monde semble vouloir tourner la page, comme si parler de ce qui s'est passé pourrait m'aider. Mais je ne veux pas en parler. Ça rendrait tout trop réel.
La seule personne qui semble comprendre, c'est Rhys. Mon corps est parfois secoué de spasmes, je ne sais pas si c'est à cause de la fatigue... ou autre chose. J'ai besoin de repos, mais même enfermé ici, je n'arrive pas à dormir. Mon téléphone est éteint, et le sol de mon appartement est jonché de journaux, de rapports de police, de dossiers de criminologues. J'essaie de trouver quelque chose, n'importe quoi, qui me prouverait que tout ça est faux. Mais c'est écrit partout : ils ont trouvé des traces du corps de Swan, ainsi que celles de Mark Miller.
Le poids de cette vérité s'abat sur moi, implacable. J'avais passé ces six derniers mois à vivre avec un mince filet d'espoir, aussi irrationnel soit-il, qu'elle pourrait encore être là, quelque part. Chaque jour, je m'étais raccroché à cette idée, essayant d'ignorer le fait que, si elle était en vie, elle m'aurait sûrement fait signe. Mais maintenant, avec ces rapports étalés devant moi, c'est comme si chaque mot, chaque ligne, m'enfonçait un peu plus dans le néant.
Ils ont pris six mois pour confirmer ce que je redoutais depuis le début. Swan est morte. Morte dans l'explosion qui a aussi emporté Mark Miller. Les preuves sont indiscutables : des morceaux de son corps ont été retrouvés, des fragments, réduits en cendres par le feu. Comment est-ce qu'on peut réellement comprendre ça ? Qu'un être humain, une vie entière, puisse être réduite à des cendres, à des restes à peine identifiables ?
Je revois encore la scène, comme un cauchemar incessant. L'explosion. Les flammes. Le chaos. Et moi, impuissant, incapable de la sauver. Tout ça parce que je n'ai pas été assez rapide. Parce que j'ai échoué. Parce que j'ai provoqué tout ça. Chaque morceau d'elle retrouvé dans ces décombres est comme un coup de poignard dans mon cœur, une nouvelle confirmation que je suis responsable.
Je baisse les yeux vers les rapports de police, essayant de contenir la rage et la culpabilité qui montent en moi. Comment ont-ils mis tant de temps à trouver ces fragments ? Comment est-ce que tout a pu prendre autant de temps ? Mais je sais bien la réponse. Des centaines de tonnes de débris, des bâtiments effondrés, un feu dévorant... tout cela a suffi à effacer presque entièrement son existence.
La réalité me frappe encore plus fort : elle n'est plus là, et elle ne reviendra jamais. Plus d'illusions, plus de faux espoirs. C'est terminé. Elle a été emportée par ce monde violent que j'ai créé, un monde où personne ne peut s'en sortir indemne. Pas même elle.
Je me laisse tomber dans le fauteuil, le regard perdu. Tout est si... vide. La vengeance m'a consommé pendant des mois, me donnant un objectif, une raison de continuer. J'ai tué Mark Miller, l'homme qui a tout détruit. Je devrais me sentir soulagé, peut-être même satisfait. Mais il n'y a rien. Juste ce gouffre béant à l'intérieur de moi. Un trou que la vengeance n'a pas pu combler. Parce qu'au fond, la seule personne que je voulais sauver, je l'ai perdue.
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NightHawk
Romansa« J'aime la façon dont tu prononces mon nom, mais c'est vulgaire venant d'une bouche aussi pure. » « Ne me sous-estime pas. » « Oh, je n'oserais pas, princesse. » « Je suis un ange, pas une princesse. » Elle s'était juré de mettre un terme à son pas...