...Swan...
La nuit était tombée depuis longtemps quand j'avais finalement pris le chemin du retour. Chez moi, j'avais enfilé des vêtements confortables, m'étais glissée sous les couvertures, espérant que le sommeil m'emporterait rapidement, m'éloignant de ce que j'avais vu. Mais les images refusaient de s'effacer. Elles tournaient, dansaient dans mon esprit, me ramenant sans cesse à la scène, le sang éclaboussant les murs, la chair lacérée, cette odeur âcre et métallique qui imprégnait l'air.
Chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais ces détails, comme si ma mémoire les peignait encore plus violemment. Mon cœur battait dans ma poitrine, et le silence de la nuit ne faisait qu'accentuer cette angoisse qui bouillonnait en moi. J'avais passé des heures à me retourner dans mon lit, la mâchoire serrée, les poings crispés sur le drap, à attendre que le sommeil m'engloutisse, mais il m'échappait comme une chimère. À mesure que la nuit s'étirait, je comprenais que le repos ne viendrait pas.
Au matin, épuisée, vidée, je ressentas un besoin irrésistible d'en parler, de ne pas porter seul le poids de ce que j'avais découvert. Et pourtant, je savais que ma curiosité m'avait, une fois de plus, entraînée dans une direction périlleuse. Combien de fois m'étais-je promis de ne pas céder à cette impulsion, de ne pas m'aventurer au-delà des limites de ce que je pouvais supporter ? Et pourtant...
On retourne toujours là d'où l'on vient, n'est-ce pas ?
Je traversais le salon pour me rendre à la cuisine. Je pris une tasse, versai un café noir, amer, espérant qu'il me donnerait la force d'affronter cette journée, qui s'annonçait déjà interminable. J'étais prête à partir, du moins en apparence. J'avais une réunion prévue avec Dalton, et je devais m'y rendre, mais au fond de moi, quelque chose s'y opposait. Une part de moi se rebellait, me criait que ce n'était pas là où je voulais être.
Hier soir, j'avais senti le souffle de la mort. J'avais cru que ce serait ma dernière nuit, et cette peur sourde ne me quittait plus. Mais au milieu de cette terreur, j'avais aussi compris le genre de personne que j'avais en face de moi. J'avais saisi quelque chose de fondamental sur cette réalité à laquelle je m'exposais. Et je réalisais d'une manière cruelle et limpide, que jamais je ne pourrais publier une histoire aussi complexe dans un journal réputé comme celui pour lequel je travaillais. Personne ne prendrait le risque d'ouvrir les yeux sur des vérités aussi sombres. On se contenterait de publier sur une disparition ou un meurtre. Rien de plus. Les lecteurs ne verraient jamais les rouages cachés, l'engrenage sinistre où chaque détail compté, un tueur animé d'une passion morbide, une femme dévorée par la vengeance, des hommes et des femmes vendus à la corruption.
En acceptant ce poste, je m'étais convaincue que c'était le rêve de ma vie. Je l'avais désiré, longtemps, mais pas ainsi. J'avais soif de vérité, je voulais dénoncer, intriguer, révéler des réalités enfouies.
Ce matin-là, une chose me frappa avec une clarté douloureuse, je ne ressentais plus aucun plaisir à écrire de simples chroniques criminelles. Mon cœur aspirait à autre chose, à des vérités plus profondes. Je m'étais trompée de chemin.
- T'es rentrée tard hier soir, siffla la voix de Derek derrière moi.
La réalité me ramena brutalement. Je pivotai, le voyant se tenir dans l'encadrement de la porte, ses yeux perçants braqués sur moi, comme pour sonder mes pensées. Je portais calmement ma tasse de café à mes lèvres, savourant la chaleur amère du liquide, un contraste apaisant face à la froideur de son regard.
S'il savait pourquoi j'étais rentrée si tard... Je n'en revenais toujours pas qu'il n'ait rien découvert. Lui, si rigide, si méticuleux, qui avait toujours l'œil sur tout. Et pourtant, une part de moi ne pouvait s'empêcher de reconnaître qu'il avait raison sur certains points. Si j'avais suivi ses conseils, je n'aurais jamais vu ce que j'avais vu la veille, et sans doute que mon sommeil n'aurait pas été hanté par ces images.
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NightHawk
Romance« J'aime la façon dont tu prononces mon nom, mais c'est vulgaire venant d'une bouche aussi pure. » « Ne me sous-estime pas. » « Oh, je n'oserais pas, princesse. » « Je suis un ange, pas une princesse. » Elle s'était juré de mettre un terme à son pas...