Chapitre 41

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10 heures 25. Sleepy Hollow, État-Unis 

...Swan...

Je n'entends plus rien, mon corps flotte. La sensation de l'eau sur ma peau efface la lourdeur qui m'alourdit constamment. Je fixe le ciel, me laissant porter par le courant, appréciant ces instants où je m'éloigne de tout, où je plonge dans mon propre univers, au-delà des nuages. Pour un bref moment, mon esprit parvient à se vider de toutes pensées.

Mais soudain, la tranquillité est brisée par les remous d'un plongeon. Je me redresse, agacée.

- On dirait Patrick l'Étoile de Mer.

- Et toi, tu ressembles à..., je grogne, frustrée de ne pas trouver une réponse cinglante à lui lancer.

- Je venais vérifier que t'étais pas morte. De loin, on aurait dit un cadavre qui flotte.

- Si c'est le cas, la prochaine fois, ne viens pas me sauver, dis-je en sortant de la piscine, me dirigeant vers le transat pour récupérer ma serviette.

Je n'étais vraiment pas d'humeur pour les blagues lourdes de Leo. En vérité, je n'étais d'humeur pour rien ces derniers temps. Je saisis mon roman, la seule activité qui me restait pour combler le vide de mes journées dans cette cage dorée que mon père insiste à appeler "maison."

Depuis mon arrivée ici, je compte les jours avec une précision maladive : deux mois, 8 semaines, 56 jours. Nighthawk m'avait promis qu'il ne serait pas long, et mon père m'avait assuré que je ne resterais ici que quelques jours avant de me renvoyer loin de tout ça. Des mensonges, évidemment.

Malgré mon insistance auprès de Leo, il a toujours refusé de m'expliquer pourquoi je n'étais pas encore partie, pourquoi mon père me gardait ici contre mon gré. Nous n'en avons plus reparlé... en fait, nous ne nous sommes même plus croisés. Je ne comprends pas pourquoi mon père tient à me garder ici. Je ne suis rien, je ne vaux rien à ses yeux. Mais mon père ne prend jamais de décisions sans raison, il a toujours un plan, et cela ne présage rien de bon.

Même avec les mises en garde de Leo, j'ai essayé de fouiller la maison pour découvrir quelque chose, mais tout semblait soigneusement mis en scène pour que je ne trouve rien. Pourtant, une seule pensée m'obsède désormais : la lettre de ma mère. Cette question me taraude sans cesse, comment les successions fonctionnent-elles dans ce monde étrange, et suis-je réellement l'héritière de ce fardeau ? Je n'en serais jamais capable, je le sais. Je veux dire, c'est déjà assez difficile de gérer ma vie, alors une dynastie criminelle en prime, très peu pour moi. Mais une petite part de moi, cette partie masochiste apparemment, veut savoir si cette réalité pourrait exister dans un autre monde. Peut-être que dans un univers parallèle, je suis une reine du crime super stylée avec un empire sous mon contrôle. Mais honnêtement, même dans cet univers-là, je parie que j'aurais encore besoin d'un café pour commencer la journée.

Mon enfance a été rythmée par la froideur et les leçons de vie de mon père. Sous sa supervision, j'ai suivi des entraînements réguliers pour savoir me battre, charger une arme, et maîtriser les bases du hacking. J'avais toutes les qualités d'une espionne en devenir. Bon, avec le temps et sans pratique, je suis devenue un peu rouillée... Mais si mon père m'a un jour entraînée avec tant de rigueur, qu'est-ce qui a bien pu lui faire changer d'idée ? M'avait-il réellement préparée à reprendre le flambeau dès mon plus jeune âge ? Et si c'était le cas, qu'est-ce qui l'a poussé à abandonner ce projet ? La mort de maman, sans doute. Pourtant, une part de moi sait qu'il y a autre chose. Mais quoi ?

Perdue dans mes pensées, je me dirige vers la cuisine, espérant y trouver un peu de répit. C'est alors qu'un des hommes en costard noir de mon père, avec son allure de robot sans âme, me barre la route.

NightHawkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant