Chapitre 65

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8h30. Manhattan, État-Unis

...Damian...

Je peinais à ouvrir les yeux. La soirée d'hier avait laissé des traces indélébiles sur mon corps et dans mon esprit. J'avais bu, trop bu, encore une fois. Cette habitude devenait un refuge, une échappatoire. Mais pour la première fois depuis longtemps, ce n'était pas seulement l'alcool qui avait calmé mes démons. Être allé au cimetière, devant sa tombe, avait été une étrange détente. Pourtant, malgré le poids qui semblait s'être allégé, une sensation étrange m'avait envahie. Hier soir, j'avais eu l'impression qu'elle était là. Je n'avais jamais autant senti sa présence, aussi proche de moi. 

Mon Cygne.

Je me levai avec difficulté, traînant les pieds jusqu'à la cuisine. Le soleil pénétrait doucement à travers les rideaux, éclairant chaque recoin de l'appartement, mais aussi tous les papiers qui jonchaient le sol. Mon esprit, tout comme cet espace, était en chaos. Depuis que je vivais ici, je m'étais noyé dans les dossiers, les plans, les recherches. Je m'étais battu pour tout remettre en question, pour reconstruire quelque chose à partir des ruines. Mais à quoi bon quand la réponse à toutes mes questions restait la même, invariable ?

Je prenais une tasse et me servais un café. Le liquide noir coulait lentement, et l'odeur familière remplissait l'air, me ramant à une routine à laquelle je m'accrochais. Mais à cet instant, une autre pensée me traversait l'esprit, rajouter du whisky. J'étais devenu accro à cette idée, à ce besoin de fuir la douleur dans un verre. Mon regard se posait sur la bouteille laissée sur le comptoir. 

Pas ce matin. 

En buvant mon café, je traversa le salon et mes yeux se posèrent sur les papiers éparpillés. Des preuves de ma propre descente, des indices de ma lutte contre les fantômes du passé. Depuis que je vivais ici, tout n'avait été que chaos et confusion. Je n'avais pas ouvert la porte à une seule personne, et si quelqu'un entrait, il verrait immédiatement à quel point tout était en désordre. Le désordre de mon appartement n'était rien comparé à celui de mon esprit.

Je repensais à cette nuit où sortir à l'Eden m'avait fait un bien fou. Le sentiment de penser à autre chose, même juste quelques heures, était une véritable drogue. Un court répit dans le tourment constant de mes pensées. Mais je savais que ça ne durerait pas. Ce n'était qu'une illusion de paix. Je m'habillais rapidement, prêt à me rendre au quartier général. Mes affaires ne faisaient que croître, et je me devais d'être à la hauteur, d'assumer pleinement cette montée en puissance. Le succès ne pouvait tolérer aucune faiblesse.

Je descendis de mon immeuble, le bruit des pas résonnant dans le silence du matin. L'air frais m'accueillit comme un rappel à la réalité alors que je traversais le parking. Mon esprit était encore embrouillé par les pensées de la veille.Lorsque je montai dans ma voiture, une sensation d'urgence m'envahit.  Je montai dans ma voiture, le poids des événements récents pesant lourd sur mes épaules. J'insérai la clé dans le contact, prêt à démarrer, quand soudain... quelque chose clochait. C'est à ce moment-là que je remarquais une ombre sur la banquette arrière. 

Sans hésitation, je dégainai mon Beretta, le canon pointé vers l'intérieur de l'habitacle. 

- Oh, on se détend, lança une voix agaçante que je reconnus aussitôt.

Je soufflai, irrité.

- On t'a jamais appris des notions de survie, putain ? dis-je, abasourdi. J'en reviens pas que tu sois la sœur d'Evan Ring.

- Grande sœur, marqua-t-elle avec insistance.

Je rangeai mon arme, exaspéré. À vrai dire, je n'avais rien à foutre qu'elle soit là, encore moins qu'elle ait décidé de s'incruster dans ma voiture. Si elle s'était fourrée dans ce merdier, c'était son problème. Tandis que je démarrais, elle se faufila sur le siège passager, me donnant quelques coups de pied au passage. 

NightHawkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant