Le retour à une vie presque normale après les mois de confinement fut un soulagement pour beaucoup, mais pour moi, ce fut une transition étrange, presque déstabilisante. Les rues d'Istanbul, autrefois si familières, semblaient avoir changé, comme si la ville elle-même avait été marquée par cette période de silence et d'isolement. Pourtant, peu à peu, les choses reprirent leur cours, et je me retrouvai à réintégrer une routine que j'avais presque oubliée.
Le retour de Sevda dans mon appartement marqua un tournant. Après deux semaines d'éloignement et de communications sporadiques, la voir franchir à nouveau le seuil de ma porte, avec ses affaires et son sourire rassurant, apporta une sensation de réconfort dont j'avais désespérément besoin. Sa présence à mes côtés, son énergie apaisante, tout cela contribua à restaurer une part de normalité dans mon quotidien. Les jours se déroulaient comme avant : nous partagions nos repas, nos soirées, nos moments d'intimité. Pourtant, malgré cette apparence de normalité, une part de moi restait ailleurs, préoccupée par des pensées que je n'osais exprimer à voix haute.
Une semaine après le retour de Sevda, je décidai de rendre visite à ma famille en Espagne. Ce séjour, je l'attendais depuis longtemps. Les mois passés loin de mon enfant, de ma vie là-bas, avaient creusé un vide en moi que seule cette visite pouvait combler. Alex et moi avions convenu que je passerais un mois entier en Espagne, pour profiter pleinement de ma famille et me ressourcer après cette période de tension. C'était aussi une occasion pour moi de changer d'air, de m'éloigner d'Istanbul et de tout ce que cette ville représentait pour moi à ce moment-là.
Mon séjour en Espagne fut à la fois revigorant et introspectif. Retrouver mon enfant, passer du temps avec Alex et revoir mes proches me procura une joie immense. Pourtant, même au milieu de ces retrouvailles, une nouvelle obsession commençait à germer dans mon esprit, une idée qui, d'abord fugace, devenait de plus en plus présente. Ce n'était pas une simple envie passagère, mais un désir profond, une pulsion que je ne pouvais ignorer : l'idée d'organiser une grande orgie.
Je ne saurais dire quand exactement cette pensée avait germé en moi. Peut-être était-ce le résultat de mois de confinement, de solitude, de réflexion sur mes désirs les plus enfouis. Quoi qu'il en soit, l'idée me fascinait. J'imaginais chaque détail, chaque aspect de cet événement que je voulais organiser. Il ne s'agissait pas simplement de rassembler des corps, mais de créer une expérience, un espace où les inhibitions seraient laissées à la porte, où chaque participant pourrait explorer ses désirs les plus profonds sans crainte de jugement.
Je passais des heures, parfois des nuits entières, à imaginer ce qui pourrait être. Dans mon esprit, je voyais la disposition de l'appartement, les lumières tamisées, les drapés soyeux, la musique envoûtante créant une ambiance sensuelle et mystérieuse. Je pensais aux invités que je choisirais, à la manière dont je les aborderais pour leur proposer cette expérience unique. Je réfléchissais à chaque détail, de la sélection des participants aux règles tacites que j'imposerais pour que tout se passe dans un respect mutuel, mais aussi dans une liberté totale.
Cette idée m'excitait, mais elle me troublait également. Jamais auparavant je n'avais songé à quelque chose d'aussi audacieux, d'aussi risqué. Organiser une telle soirée allait bien au-delà de ce que j'avais expérimenté jusqu'à présent dans ma vie de libertinage. C'était une plongée dans l'inconnu, une exploration de mes propres limites, et cela m'effrayait autant que cela me fascinait.
Cependant, je gardais tout cela pour moi. Ni Alex, ni Sevda ne devaient savoir ce qui se passait dans mon esprit. Alex me connaissait bien, mais même lui ne pouvait deviner la direction que prenaient mes pensées. Quant à Sevda, elle était revenue dans ma vie avec une telle sincérité, une telle volonté de restaurer notre relation, que je me sentais coupable rien qu'à l'idée de lui parler de ce projet. Elle cherchait à retrouver cette stabilité que nous avions avant le confinement, et je savais que partager cette idée avec elle risquerait de tout bouleverser.
Les semaines en Espagne passèrent rapidement, mais cette idée ne cessa de grandir en moi. Chaque jour, chaque nuit, je laissais mon imagination vagabonder, construisant peu à peu les contours de cet événement secret. À chaque fois que je pensais à revenir à Istanbul, je me demandais si je serais capable de franchir le pas, si je trouverais le courage d'aller jusqu'au bout de ce fantasme. Car si l'idée était enivrante, la réalité de sa mise en œuvre me paraissait tout aussi terrifiante.
De retour à Istanbul, l'excitation de retrouver Sevda fut tempérée par ce feu qui brûlait en moi, cette envie de plus en plus pressante de réaliser ce projet. Pourtant, je continuais à garder le silence, à ne rien dire. Je préférais laisser cette idée mûrir encore un peu, la laisser se développer dans les recoins les plus secrets de mon esprit. Peut-être espérais-je qu'elle s'évanouirait d'elle-même, que ce fantasme finirait par perdre de sa force avec le temps. Mais au fond de moi, je savais que cela n'arriverait pas.
Chaque jour, je pensais un peu plus à ce que serait cette grande orgie, à ce que cela signifierait pour moi, pour ma vie, pour mes relations avec Alex et Sevda. Je me demandais si je serais capable de tout concilier, de ne rien perdre dans cette quête de plaisir absolu. Et chaque jour, l'idée prenait un peu plus de place, jusqu'à devenir presque obsédante. C'était comme une aventure que je n'avais jamais osé entreprendre, mais qui, une fois envisagée, devenait impossible à ignorer.
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Les Passions de Sarah - Tome V
RomanceAprès s'être libérée de ses démons, Sarah décide de renouer avec son mari, Alex, et de quitter son amour et amante, Isabela. Pendant un an, sa vie sexuelle est mise en suspens par sa grossesse. Après la naissance de leur enfant, elle propose à Alex...