Les Passions de Sarah - Tome V

Vassilis - 7

De retour en Turquie après mes vacances à Héraklion, je ressentis une vague de familiarité me submerger. Istanbul, avec ses bruits, ses couleurs et ses senteurs, m'accueillait comme une vieille amie, mais cette fois, il y avait une ombre de doute qui planait au-dessus de moi. Le souvenir de ma conversation avec Alex et les propositions de Vassilis me suivaient, me rappelant sans cesse que des décisions importantes se profilaient à l'horizon.

Ce fut avec un mélange de hâte et de crainte que je retrouvai Esra. Son visage s'illumina dès qu'elle me vit franchir la porte de l'appartement, et elle se précipita vers moi, m'enlaçant comme si elle craignait que je ne disparaisse à nouveau. Je sentis son corps se presser contre le mien, sa chaleur, son parfum familier, et pendant un instant, j'oubliai tous mes doutes. Mais je savais que je ne pouvais pas retarder indéfiniment la conversation que je devais avoir avec elle.

Après avoir partagé quelques moments de tendresse, je pris une grande inspiration et lui parlai de mon séjour en Crète. Je lui décrivis la beauté des lieux, les moments de liberté que j'avais ressentis, et enfin, je lui fis part de l'idée de Vassilis de m'installer là-bas pour un temps. À mesure que je parlais, je vis l'expression d'Esra se transformer. Son sourire s'effaça, remplacé par une inquiétude palpable, puis par une profonde tristesse.

- Tu veux partir ? Sa voix tremblait légèrement, et je pouvais voir les larmes monter à ses yeux. Sarah, tu ne peux pas faire ça... Tu ne peux pas me laisser seule ici.

Je sentis une pointe de culpabilité m'envahir, mais je savais que je devais être honnête avec elle.

- Esra, je n'ai pas encore pris de décision. C'est juste une option, quelque chose que je considère. Mais je ne peux pas te promettre que je vais rester ici indéfiniment.

Ses larmes commencèrent à couler librement, et elle se tourna vers moi, me suppliant du regard.

- Sarah, je t'en prie, ne pars pas. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Tu es tout pour moi, tu le sais, n'est-ce pas ?

Je baissai les yeux, sentant le poids de sa douleur s'abattre sur moi.

- Esra, tu sais que je tiens beaucoup à toi. Mais tu dois aussi comprendre que je ne pourrai pas toujours être là pour toi. Tu dois aussi penser à ton avenir. Un jour, il faudra que tu trouves un homme bien, quelqu'un avec qui tu pourrais fonder une famille, bâtir quelque chose de solide. Je ne peux pas être cette personne pour toi.

Elle secoua la tête, désespérée.

- Je ne veux pas d'autre personne, Sarah. Je te veux toi, seulement toi. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi.

Je pris ses mains dans les miennes, cherchant à lui apporter un peu de réconfort malgré la dureté de mes paroles.

- Esra, je comprends ce que tu ressens, mais tu dois aussi penser à toi. Je ne suis pas quelqu'un sur qui tu peux compter éternellement. Notre relation est belle, mais elle est aussi fragile. Je veux que tu sois heureuse, que tu trouves quelqu'un qui peut te donner tout ce que tu mérites.

Mais rien de ce que je disais ne semblait apaiser son chagrin. Elle pleurait de plus en plus fort, s'accrochant à moi comme si sa vie en dépendait. Voir Esra dans cet état me brisait le cœur, mais je savais aussi que je ne pouvais pas lui mentir, ni me mentir à moi-même. Je devais faire face à la réalité, aussi cruelle soit-elle.

Esra était inconsolable, et malgré tous mes efforts pour lui faire comprendre ma position, elle refusait de se calmer. Sa détresse me plongeait dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Je me sentais coupable de lui infliger cette souffrance, mais je savais aussi que je devais être honnête avec moi-même et avec elle. L'incertitude continuait de me ronger, et malgré tout ce que je lui avais dit, je restais indécise. L'idée de partir pour la Crète me tentait toujours, mais je savais que cela impliquerait de laisser derrière moi Esra, et cela semblait de plus en plus difficile à envisager.

La conversation se termina dans une impasse, avec Esra en larmes, et moi, perdue dans mes pensées, incapable de prendre une décision. Le poids de cette incertitude semblait s'intensifier chaque jour, et je savais que tôt ou tard, je devrais faire un choix. Mais pour l'instant, je restais paralysée, entre deux mondes, sans savoir lequel choisir.