Mariage - 4

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Mon retour à Istanbul fut marqué par une détermination farouche de revoir Sevda. Je ne pouvais plus supporter l'idée de continuer à vivre sans elle, sans avoir au moins essayé de réparer ce que j'avais brisé. Le temps passé en Espagne avait été suffisant pour me rendre compte à quel point Sevda comptait pour moi, à quel point je regrettais ce que j'avais fait. Mais elle refusait toujours de répondre à mes appels, de lire mes messages, de me voir. Elle m'avait fermé toutes les portes, et je savais que la seule manière de la revoir était de la piéger, de la forcer à me confronter.

Je savais que c'était risqué, mais je n'avais plus rien à perdre. Je créai une fausse identité en ligne, me faisant passer pour une femme séduisante et mystérieuse, une personne que je savais pouvoir attirer Sevda. J'utilisai des photos d'une autre femme, inventai une histoire crédible, et entamai une correspondance avec elle. Cela me prit plusieurs jours, mais peu à peu, je réussis à capter son attention. Nous échangeâmes des messages, des confidences, et je pus voir qu'elle s'ouvrait, qu'elle se laissait séduire par cette nouvelle personne.

Finalement, je lui proposai un rendez-vous. Un café discret, en fin de journée, où nous pourrions nous rencontrer en toute tranquillité. Sevda accepta, visiblement intriguée par cette nouvelle relation potentielle. Je savais que ce que je faisais était mal, que je manipulais ses sentiments, mais je ne voyais pas d'autre solution. Je devais la revoir, lui parler, lui expliquer, et si cela nécessitait un subterfuge, alors je l'assumerais.

Le jour du rendez-vous, je me rendis au café en avance, mon cœur battant à tout rompre. J'étais nerveuse, mais déterminée. Je choisis une table au fond de la salle, à l'abri des regards, et attendis. Quelques minutes plus tard, je la vis entrer. Son regard cherchait la femme qu'elle croyait rencontrer. Mon cœur se serra en la voyant, et je sentis une vague de culpabilité m'envahir. Mais je savais que je devais aller jusqu'au bout.

Sevda se dirigea vers la table où je l'attendais, et je vis son expression changer lorsqu'elle me reconnut. Son regard se durcit, et elle fit demi-tour, prête à partir.

- Sevda, attends ! m'écriai-je, me levant précipitamment. S'il te plaît, ne pars pas. Juste cinq minutes, c'est tout ce que je te demande.

Elle se figea un instant, hésitant entre partir et rester, puis se retourna lentement, les bras croisés sur sa poitrine.

- Qu'est-ce que tu fais là, Sarah ? Tu penses vraiment que je vais m'asseoir et t'écouter après tout ce que tu m'as fait ?

- Je sais que tu es en colère, dis-je en essayant de rester calme. Et tu as toutes les raisons de l'être. Mais je t'en supplie, donne-moi juste cinq minutes pour m'expliquer. Après, si tu veux partir, je te promets que je ne te retiendrai pas.

Sevda me fixa longuement, puis, contre toute attente, elle s'assit, gardant une distance entre nous. Son regard était froid, méfiant, mais elle me laissait une chance, et c'était tout ce que je demandais.

- Parle, dit-elle sèchement. Mais fais vite.

Je pris une profonde inspiration, essayant de trouver les mots justes.

- Je suis désolée, Sevda. Je sais que des excuses ne suffiront pas, mais je dois te dire à quel point je regrette tout ce que j'ai fait. J'ai agi sous le coup de la colère, de la peur, et j'ai fini par te blesser, alors que tu étais la personne qui comptait le plus pour moi.

Elle resta silencieuse, ses yeux fixés sur moi, attendant que je continue.

- Je n'avais pas le droit de te traiter comme je l'ai fait. J'ai laissé mes insécurités prendre le dessus, et j'ai commis des erreurs que je regretterai toute ma vie. Mais Sevda, je t'aime beaucoup. Tu comptes pour moi, et je ne peux pas supporter l'idée de te perdre pour toujours.

Sevda détourna le regard, et je vis ses mains trembler légèrement.

- Tu m'as humiliée, Sarah. Tu m'as rejetée comme si je n'étais rien pour toi. Comment veux-tu que je te pardonne ça ?

- Je sais que c'est difficile, répondis-je doucement. Et je ne m'attends pas à ce que tu me pardonnes facilement. Mais je veux essayer, je veux réparer ce que j'ai brisé. Je suis prête à tout pour que tu me donnes une seconde chance.

Un silence lourd s'installa entre nous, puis Sevda soupira, visiblement déchirée entre ses sentiments.

- Pourquoi, Sarah ? Pourquoi devrais-je te croire ?

- Parce que je suis prête à te montrer que j'ai changé, dis-je, la voix emplie de sincérité. Laisse-moi te prouver que je peux être celle que tu mérites. Laisse-moi essayer, s'il te plaît.

Elle me regarda longtemps, son visage indéchiffrable, puis finalement, elle hocha lentement la tête.

- D'accord. Je te donne une chance, Sarah. Mais une seule.

Un soulagement immense m'envahit, et je sentis mes yeux se remplir de larmes.

- Merci, Sevda. Je te promets que je ne te décevrai pas.

Nous passâmes le reste de la soirée dans un restaurant romantique, où la tension entre nous s'apaisa peu à peu. Nous parlâmes de nos vies, de ce que nous avions traversé, et je pus voir que, malgré la douleur que je lui avais causée, elle était prête à me donner cette chance. La soirée fut douce, marquée par des sourires timides, des regards complices, et une lueur d'espoir que je n'avais pas ressentie depuis longtemps.

Avant de rentrer, je pris la main de Sevda et sortis une petite boîte que j'avais gardée dans mon sac toute la soirée.

- J'ai quelque chose pour toi, dis-je en ouvrant la boîte, révélant une bague délicate. Je sais que je ne peux pas t'offrir un mariage légal, mais je veux que cette bague symbolise notre engagement, notre relation. Sevda, veux-tu être ma femme ?

Elle resta silencieuse un instant, surprise par ma demande, puis un sourire doux éclaira son visage.

- Sarah, tu es incroyablement folle, tu es totalement givrée, murmura-t-elle en prenant la bague. Oui, je le veux.

Je glissai la bague à son doigt, sentant une vague de bonheur m'envahir. Nous nous embrassâmes tendrement, scellant notre promesse. 

Les Passions de Sarah - Tome VOù les histoires vivent. Découvrez maintenant