Mariage - 1

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Les jours qui suivirent l'orgie furent marqués par une étrange sensation de satisfaction mêlée de tranquillité. L'événement s'était déroulé sans accroc, bien au-delà de mes attentes. Tolga et Engin avaient fait un travail remarquable en sélectionnant des invités qui respectaient mes critères élevés, et l'ambiance créée ce soir-là avait été exactement ce que j'avais imaginé : libre, intense, et profondément gratifiante. Sevda, bien que réticente au départ, s'était finalement laissée porter par l'expérience, et je pensais que cela avait renforcé notre complicité. Mais cette illusion de paix ne tarda pas à se briser.

Quelques jours après cet événement, alors que nous étions à la maison, je remarquai que Sevda avait laissé son téléphone sur la table du salon. Ce n'était pas dans mes habitudes de fouiller dans les affaires des autres, mais quelque chose m'incita à le faire cette fois. Peut-être un pressentiment, ou simplement une curiosité maladive que je ne pouvais réprimer. En déverrouillant l'écran, je tombai sur une notification de message. Mon cœur fit un bond en lisant le nom : il s'agissait d'un message d'une femme dont je n'avais jamais entendu parler.

Je savais que je ne devrais pas, mais je ne pus m'empêcher de lire la conversation. Chaque mot, chaque échange me fit l'effet d'une gifle. Les messages étaient explicites, révélant une intimité entre Sevda et cette femme.

Je sentis une vague de colère monter en moi, une colère que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Comment Sevda avait-elle pu me cacher cela ? Après tout ce que nous avions partagé, après cette expérience ensemble... Comment avait-elle osé ? Je l'entendis entrer dans la pièce derrière moi, mais je n'étais pas prête à me retourner, pas prête à affronter ce que je venais de découvrir.

- Sarah, ça va ? demanda-t-elle doucement en s'approchant.

Je pris une grande inspiration, essayant de contenir la fureur qui bouillonnait en moi. Je me retournai lentement, son téléphone toujours en main.

- Qui est cette femme, Sevda ?

Le silence qui suivit fut écrasant. Je vis son visage se décomposer, ses yeux s'élargirent de surprise et de peur en comprenant que j'avais découvert son secret.

- C'est... c'est juste une amie, balbutia-t-elle, mais même elle semblait savoir que c'était une excuse fragile, une tentative désespérée de minimiser l'importance de ce que j'avais trouvé.

- Ne me mens pas, répliquai-je, ma voix froide et tranchante. Je sais ce que j'ai lu. Vous avez une liaison, n'est-ce pas ?

Sevda baissa les yeux, incapable de soutenir mon regard.

- Je pensais que... je pensais que j'avais le droit de voir d'autres personnes, comme toi. Tu es toujours libre de faire ce que tu veux, alors pourquoi pas moi ?

Ces mots firent l'effet d'une douche froide. Je me rendais compte qu'elle avait vu notre relation sous un angle complètement différent du mien, qu'elle s'était sentie autorisée à chercher ailleurs ce que je pensais lui offrir.

- Tu pensais que tu avais le droit ? répétai-je, ma voix montant d'un cran. Tu pensais que parce que je t'avais incluse dans l'orgie, ça te donnait le droit de faire ce que tu veux derrière mon dos ?

- Sarah, ce n'était pas... Je ne voulais pas te blesser, commença-t-elle, tentant de justifier ses actions, mais je ne l'écoutais plus.

La colère, la trahison, tout ce que je ressentais se transforma en une impulsion incontrôlable. Avant même de m'en rendre compte, j'avais levé la main et je l'avais poussée violemment, la faisant reculer de quelques pas.

- Sors d'ici, ordonnai-je, ma voix tremblante de rage. Je ne veux plus te voir.

Sevda me regarda, les yeux remplis de larmes, mais je n'avais plus de compassion à lui offrir. Elle avait détruit quelque chose de précieux, et en cet instant, tout ce que je voulais, c'était qu'elle disparaisse de ma vue. Elle hésita un moment, espérant peut-être que je me raviserais, que je lui accorderais une seconde chance, mais je restai inflexible.

Finalement, elle se détourna, récupérant ses affaires à la hâte. Chaque mouvement, chaque bruit qu'elle faisait me semblait insupportable. Je restai là, immobile, figée par une colère froide, jusqu'à ce qu'elle franchisse la porte et que je l'entende claquer derrière elle.

Une fois seule, je sentis la rage se dissiper, laissant place à un vide profond, un gouffre de solitude et de regret. Avais-je encore réagi trop violemment ? 

Les Passions de Sarah - Tome VOù les histoires vivent. Découvrez maintenant