Les semaines qui suivirent mon altercation avec Sevda furent marquées par une douleur sourde, omniprésente, qui ne me quittait jamais vraiment. Chaque matin, en me réveillant, je sentais ce vide à côté de moi, ce froid dans les draps qui me rappelait que Sevda n'était plus là, que j'avais perdu plus qu'une amante : une complice, une présence réconfortante dans ma vie. Chaque jour qui passait sans elle me semblait une épreuve de plus à surmonter, et je me retrouvais à errer dans mon propre appartement, hantée par l'absence de celle que j'avais repoussée.
Pour tenter d'oublier, je me lançai à nouveau dans le libertinage, cherchant désespérément à retrouver cette étincelle, cette excitation qui m'avait autrefois tant animée. Les rencontres se succédaient, mais elles me laissaient toujours plus vide, plus lasse. Je me retrouvais à chercher des sensations dans des bras inconnus, mais tout ce que je ressentais était une profonde indifférence. Ces plaisirs autrefois intenses étaient devenus fades, dénués de la passion qui les avait rendus si attrayants. La vérité, c'était que mon cœur n'y était plus. Chaque fois que je croisais un regard, chaque fois que je cédais à la tentation, je ne pouvais m'empêcher de penser à Sevda, à ce que nous avions perdu, et à la manière dont je m'étais moi-même éloignée de ce que j'avais autrefois désiré.
Les souvenirs de l'orgie, qui m'avait semblé être l'apogée de mes désirs, ne faisaient qu'alourdir ce sentiment de vacuité. Je me rappelais de l'excitation initiale, de l'adrénaline qui avait parcouru mon corps en orchestrant cet événement, mais maintenant, tout cela me semblait si loin, si déconnecté de ce que je ressentais vraiment. L'absence de Sevda avait creusé un gouffre en moi, et aucune de mes anciennes habitudes, aucun de mes anciens plaisirs, ne parvenait à combler ce vide.
C'est alors que je commençai à passer de plus en plus de temps en Espagne. L'idée de revenir auprès de mon enfant, de retrouver une vie plus simple, plus ancrée dans la réalité, devint de plus en plus attrayante. Chaque visite en Espagne était un baume pour mon âme tourmentée. Revoir mon enfant, le voir grandir, être témoin de ses progrès, de ses découvertes, me rappelait ce que j'avais autrefois considéré comme essentiel, mais que j'avais laissé de côté en poursuivant mes désirs. Il y avait une pureté, une innocence dans ces moments passés avec lui, qui contrastaient tellement avec la complexité de ma vie à Istanbul.
Alex, avec sa patience habituelle, observait mes allers-retours entre la Turquie et l'Espagne avec une compréhension silencieuse. Il voyait bien que quelque chose avait changé en moi, que je n'étais plus la femme qu'il avait connue. Il voyait mes hésitations, mes doutes, et un soir, alors que nous étions assis dans le salon après avoir couché notre enfant, il brisa le silence avec une proposition qui résonna en moi comme une évidence que je refusais d'admettre.
- Sarah, tu passes de plus en plus de temps ici, dit-il calmement, son regard posé sur moi avec une bienveillance que je n'avais pas méritée. Peut-être que c'est le moment de penser à vivre ici de façon permanente. Pour toi, pour notre enfant... pour nous.
Je restai silencieuse, surprise par sa suggestion, même si une part de moi s'attendait à ce qu'il aborde le sujet. Alex avait toujours été plus ancré dans la réalité que moi, plus pragmatique. Pour lui, cette décision semblait logique, presque naturelle. Mais pour moi, elle représentait un dilemme, un choix entre deux vies, deux identités qui, malgré tout, faisaient partie de moi.
- Je sais que ce n'est pas facile, continua-t-il, voyant mon hésitation. Istanbul t'a beaucoup apporté, mais... est-ce que tu es vraiment heureuse là-bas ? Je te vois quand tu reviens ici, tu es plus détendue, plus toi-même. Peut-être que vivre ici à plein temps serait ce dont tu as besoin pour trouver un peu de paix.
Ses mots résonnaient en moi, mais la décision n'était pas simple. Istanbul m'avait donné tant de choses, de libertés, de découvertes, mais elle m'avait aussi pris beaucoup. L'idée de tout quitter, de renoncer à cette vie que j'avais construite, me terrifiait autant qu'elle m'attirait. Et puis, il y avait Sevda. Une part de moi continuait à espérer la retrouver, à croire que nous pourrions un jour recoller les morceaux de ce que j'avais brisé. Mais chaque jour qui passait sans nouvelles d'elle me faisait comprendre que peut-être, il était temps de tourner la page.
Le temps passé en Espagne devint une sorte de refuge pour moi, un espace où je pouvais réfléchir sans être confrontée aux fantômes d'Istanbul. Mon enfant grandissait vite, et chaque jour passé loin de lui me semblait être une perte. Je voyais la vie plus simple, plus stable que je pouvais lui offrir ici, loin des complications de ma double vie. Mais même si l'idée de rester définitivement en Espagne devenait de plus en plus séduisante, une part de moi restait indécise. Istanbul représentait une liberté que je n'avais jamais connue ailleurs, une part de moi que je n'étais pas prête à abandonner.
Alex, avec toute sa patience, me laissait le temps de réfléchir, de peser le pour et le contre. Il savait que cette décision ne pouvait pas être prise à la légère, et il ne me pressait pas. Mais je voyais bien dans ses yeux qu'il espérait que je fasse ce choix, pour moi, pour notre enfant, pour une vie plus paisible.
Je continuais donc à aller et venir entre ces deux mondes, essayant de trouver un équilibre qui me semblait de plus en plus insaisissable. Chaque fois que je revenais à Istanbul, je ressentais ce poids, ce vide, cette absence de sens qui m'accablait. Les souvenirs de Sevda, les erreurs que j'avais commises, tout cela me hantait, rendant chaque retour plus difficile que le précédent. Et chaque fois que je revenais en Espagne, je me retrouvais à aspirer à une vie plus simple, plus ancrée dans la réalité, mais sans jamais être capable de faire le saut définitif.
Les semaines passèrent, et je restais dans cette indécision, tiraillée entre deux vies, deux identités, sans savoir laquelle choisir. Istanbul m'avait donné tant de choses, mais elle m'avait aussi pris une part de moi que je ne savais plus comment retrouver. Et chaque jour, la proposition d'Alex continuait de résonner dans mon esprit, une option que je n'étais pas encore prête à accepter, mais qui me semblait de plus en plus inévitable.
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Les Passions de Sarah - Tome V
RomansAprès s'être libérée de ses démons, Sarah décide de renouer avec son mari, Alex, et de quitter son amour et amante, Isabela. Pendant un an, sa vie sexuelle est mise en suspens par sa grossesse. Après la naissance de leur enfant, elle propose à Alex...