Les Passions de Sarah - Tome V

Rechute - 1

Les mois passèrent et après avoir pris la décision d'abandonner ma nationalité marocaine et d'acquérir la nationalité turque, je savais que ce choix soulèverait des questions. C'était une décision difficile, mais nécessaire, qui touchait à des aspects de ma vie que je ne souhaite pas dévoiler. Les raisons profondes de ce changement restaient mon secret, un pan de ma vie que je préférais garder enfoui. Même Sevda, avec qui j'avais partagé tant de choses, n'en connaissait pas les détails. Je voulais protéger une part de moi, une part de mon histoire, de mes origines, et je savais que cette protection passait par le silence.

En revanche, cette transition, ce nouveau départ, semblaient réveiller en moi mes anciens démons. Avec la nationalité turque en poche, je sentais que j'avais franchi un cap, et ce sentiment de renouveau me poussa à replonger dans mes anciennes habitudes, celles que j'avais temporairement mises de côté pendant les tumultes de ma relation avec Sevda.

Je repris mes activités libertines, mais cette fois, je me plongeai dans l'excès, presque comme si je cherchais à combler un vide que je ne voulais pas admettre. Mes rencontres se multipliaient, mes nuits devenaient des aventures sans lendemain, marquées par des excès de plaisir et de désir. Je fréquentais des hommes, toujours différents, avec une frénésie qui m'étonnait moi-même. Ces relations étaient délibérément superficielles, sans attache, sans engagement. Je savais que c'était un moyen de me protéger, de garder le contrôle, de ne pas me laisser happer par des sentiments que je ne voulais plus gérer.

Malgré cette débauche de libertinage, je restais fidèle à Sevda dans un sens qui me semblait acceptable : je ne fréquentais pas d'autres femmes. Pour moi, cela marquait une frontière claire entre mon amour pour elle et mes escapades nocturnes. Sevda était la seule femme dans ma vie, celle avec qui je partageais mes moments les plus intimes, mes confidences, mes rêves. Mais les hommes que je fréquentais ne représentaient rien d'autre que des distractions, des moyens de satisfaire des pulsions que je ne voulais pas refouler.

Cependant, avec le temps, je réalisai que je commençais à tomber dans l'excès. Ces rencontres, autrefois excitantes et libératrices, devenaient de plus en plus vides de sens. Chaque nuit passée avec un inconnu me laissait un peu plus vide, un peu plus désillusionnée. Je sentais que je perdais le contrôle, que je m'enfonçais dans une spirale dont je ne savais plus comment sortir. Les soirées se succédaient, de plus en plus folles, de plus en plus débridées, et je commençais à me demander où tout cela allait me mener.

J'essayais de masquer ce sentiment de perte, de garder une apparence de maîtrise, mais je savais que je glissais sur une pente dangereuse. Chaque fois que je rentrais chez moi après une de ces nuits, je ressentais un mélange de honte et de frustration. Je me regardais dans le miroir, cherchant à comprendre ce que j'étais devenue, mais la réponse me semblait toujours plus lointaine.

Malgré les avertissements de Sevda, je continuais à m'enfoncer dans une spirale que je savais dangereuse. Mes soirées se faisaient de plus en plus débridées, marquées par des rencontres éphémères avec des hommes que je n'avais aucun intérêt à revoir. Ces nuits me procuraient une excitation fugace, une échappatoire à une réalité que je refusais d'affronter. Mais cette fuite en avant commençait à me coûter cher, et ce n'était qu'une question de temps avant que tout ne s'effondre.

Sevda voyait clair dans mon jeu. Elle connaissait mes failles, mes tendances autodestructrices, et elle s'inquiétait de me voir replonger dans des excès qui, par le passé, avaient failli me détruire. Un soir, alors que je rentrais tard d'une de ces soirées sans lendemain, elle m'attendait dans le salon, ses yeux brillants d'inquiétude.

- Sarah, il faut qu'on parle, dit-elle d'une voix douce mais ferme, coupant court à toute tentative d'évasion de ma part.

Je soupirai, fatiguée et déjà agacée par ce qui allait suivre.