Les Passions de Sarah - Tome V

Esra - 5

- Oh oui Engin, détruis-moi hurlai-je.

Trois jours plus tard, après avoir longuement réfléchi, je décidai d'inviter Engin à nouveau chez moi. La tension avec Alex était toujours présente, mais dans une sorte de brouillard émotionnel, je me sentais attirée par l'idée de m'abandonner à quelque chose de plus physique, plus brut.

Engin arriva en début de soirée, l'air confiant, presque arrogant, ce qui n'était pas pour me déplaire. Nous échangeâmes à peine quelques mots avant que l'atmosphère ne devienne électrique, et nous nous retrouvâmes rapidement à baiser dans le salon comme la dernière fois. Les ébats furent, comme je m'y attendais, passionnés et intenses, marqués par une énergie presque animale. Il n'y avait aucune tendresse, seulement un désir brut qui s'exprimait sans retenue.

Après un moment qui sembla à la fois durer une éternité et passer en un éclair, Engin se retira, visiblement satisfait, mais sans une once de l'affection ou de la chaleur qui pourrait suivre un tel moment. Je l'observai alors qu'il se rhabillait, ses gestes rapides et précis, comme s'il avait déjà l'esprit ailleurs.

- C'était... intense, dit-il en me jetant un regard de côté, un sourire en coin.

- Oui, c'était bien, répondis-je simplement.

Une fois qu'il fut parti, j'attendis quelques instants, le silence de l'appartement devenant presque oppressant. Puis, calmement, je me levai du lit et me dirigeai vers la porte de la chambre d'amis. Je l'ouvris doucement, révélant Esra, qui était cachée à l'intérieur depuis le début.

Elle sortit lentement, son visage rouge de gêne, mais aussi marqué par une curiosité indéniable. Je l'avais invitée à observer, à comprendre ce que signifiait vraiment une relation purement physique, et elle avait accepté, bien que réticente.

- Alors ma chérie, qu'en as-tu pensé ? demandai-je, un sourire se dessinant sur mes lèvres.

Elle hésita, ses yeux baissés, les joues encore rougies par ce qu'elle venait de voir.

- C'était... différent de ce que j'imaginais. Je pensais que... le sexe, c'était...

- Plus doux, plus sentimental ? l'interrompis-je doucement. Le sexe peut être tout ça, Esra, mais il peut aussi être autre chose. C'est un besoin physique, parfois brut, parfois intense. Il n'est pas toujours lié aux sentiments.

Esra me regarda, les yeux légèrement écarquillés, comme si elle découvrait une vérité qu'elle avait toujours ignorée.

- Je ne pensais pas que ce pouvait être aussi... détaché. Mais toi... tu as aimé ?

Je haussai les épaules, un sourire amusé au coin des lèvres.

- Ce n'est pas toujours une question d'aimer ou non. Parfois, c'est simplement une façon de satisfaire un besoin, de se sentir vivante, même si ce n'est que pour un moment. Mais ce n'est pas tout le temps comme ça.

Esra resta silencieuse, ses pensées manifestement troublées par ce qu'elle avait vu et entendu.

- Ça ne te gênait pas quand il insultait ton mari ? Me demanda-t-elle toute rouge.

- Comment ça ?

Il hésita un instant ensuite reprit.

- Quand il te disait que tu étais une salope, que ton mari était cocu, tout ça.

- Ah ça.

Je souris.

- Il n'insultait pas vraiment mon mari, disons que ça fait partie de la mise en scène. Une façon pour lui de mieux s'exciter en se présentant comme le mal alpha.

- Je ne comprends pas, répondit Esra.

- Ce n'est pas grave, c'est trop prématuré. Regarde, j'insulte tout le temps ton copain moi.

Elle sourit malgré elle.

- Ce n'est pas pareil. Tu ne le fais pas pendant le sexe.

- Je peux le faire pendant le sexe aussi si tu veux.

Nous éclatâmes de rire.

Je savais qu'Esra se posait des questions, qu'elle hésitait à franchir une étape qu'elle n'avait jamais envisagée auparavant. Finalement, elle leva les yeux vers moi.

- Est-ce que... est-ce que tu penses que je devrais essayer quelque chose comme ça ? demanda-t-elle, sa voix à peine un murmure.

Je posai doucement une main sur son épaule.

- Seulement si c'est ce que tu veux vraiment, Esra. Personne ne devrait te pousser à faire quelque chose que tu ne te sens pas prête à faire. Mais si tu veux découvrir cette facette de toi, je peux t'aider à le faire de la manière qui te mettra le plus à l'aise.

Elle hésita de nouveau, mordant légèrement sa lèvre inférieure.

- Je... Je pense que je pourrais essayer, mais... pas avec un Turc. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que je me sentirais plus à l'aise avec quelqu'un d'une autre culture, quelqu'un qui ne me jugera pas de la même manière.

Je lui souris, comprenant son besoin de se sentir libre de toute pression sociale.

- C'est une bonne idée, Esra. Je vais te trouver ce que tu recherches. On prendra notre temps, et on s'assurera que tu te sentes en sécurité, respectée.

Esra hocha la tête, ses yeux brillants d'une nouvelle détermination. C'était un pas audacieux pour elle, et je savais qu'elle comptait sur moi pour la guider dans cette exploration de son propre désir.