Rechute - 2

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Je me réveillai lentement, les paupières lourdes et la tête engourdie par une douleur sourde. Le bruit lointain des machines autour de moi m'indiquait que je n'étais pas chez moi, et l'odeur stérile qui flottait dans l'air confirma mes craintes : j'étais à l'hôpital. Je tentai de bouger, mais une vive douleur irradia dans tout mon corps, m'arrachant un gémissement. Je sentis une pression sur ma main, un contact doux et familier. Je tournai difficilement la tête et vis Alex, son visage marqué par la fatigue et l'inquiétude, me tenant la main avec douceur.

- Sarah, tu es réveillée, murmura-t-il, sa voix rauque trahissant des heures passées à veiller à mon chevet.

Je voulus répondre, mais ma gorge était sèche et ma voix ne fut qu'un faible murmure.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demandai-je, ma voix à peine audible.

Alex se pencha légèrement vers moi, ses yeux cherchant les miens.

- Tu as eu un accident, Sarah. Un grave accident. Tu as perdu le contrôle de la voiture... les médecins disent que tu as eu beaucoup de chance de t'en sortir.

Je fermai les yeux, essayant de rassembler mes pensées, mais tout me revenait en bribes désordonnées. La dispute avec Sevda, la colère qui bouillonnait en moi, le besoin irrésistible de fuir... puis le choc, les éclats de verre, et le noir total. Je me forçai à ouvrir les yeux, réalisant l'ampleur de la situation.

- À quel point... c'était grave ? demandai-je, redoutant la réponse.

- Sarah... commença Alex, sa voix se brisant légèrement. Tu as plusieurs os cassés. Une côte, ton bras droit, ta jambe... et il y a eu des contusions internes. Les médecins ont fait de leur mieux pour tout stabiliser, mais tu vas avoir besoin de beaucoup de temps pour te remettre. Et pour ça... pour ça, il faudra que tu retournes en Espagne.

Je le regardai, essayant de comprendre ce qu'il voulait dire.

- Retourner en Espagne ? répétai-je, comme si les mots n'avaient pas de sens.

- Oui, répondit-il doucement, ses yeux emplis de tristesse. Pour ta convalescence. Ici, tu es trop exposée, trop vulnérable. En Espagne, tu pourras te reposer, récupérer, loin de tout ce qui t'a menée à cet état.

Je sentis une vague d'émotions m'envahir. L'idée de retourner en Espagne, de quitter Istanbul, de renoncer à cette vie que j'avais construite, me terrifiait autant qu'elle me soulageait. Je savais qu'Alex avait raison, qu'il n'y avait plus d'échappatoire. J'avais atteint un point de non-retour, et il était temps d'accepter les conséquences de mes actes.

- Je comprends, murmurai-je finalement, mes mots lourds de résignation. Je vais retourner en Espagne. Je ne peux plus continuer comme ça.

Alex serra un peu plus ma main, ses yeux remplis d'un mélange de soulagement et de tristesse.

- Tu vas t'en sortir, Sarah. Mais cette fois, il faut vraiment que tu changes de vie. Pour toi, pour notre enfant... pour nous.

Je baissai les yeux. Il avait raison, bien sûr. J'avais fait trop d'excès, trop de mauvaises décisions, et maintenant, je devais en payer le prix.

- Je sais, murmurai-je, la voix tremblante. Je veux changer, Alex. Je ne veux plus de cette vie. Je veux être là pour notre enfant, pour toi. Je veux une vie... bien rangée, bien tranquille.

C'est alors que je remarquai Sevda, silencieuse jusqu'ici, assise de l'autre côté de mon lit. Ses yeux étaient rouges, comme si elle avait pleuré, mais elle me regardait avec une tendresse que je ne méritais pas.

- Sevda, dis-je, ma voix à peine un murmure.

Elle s'approcha doucement, posant sa main sur la mienne.

- Je suis là, Sarah, dit-elle d'une voix douce, mais ferme. Et je ne vais nulle part.

Je la regardai, cherchant dans ses yeux une réponse, une explication à sa présence.

- Pourquoi es-tu là ? demandai-je, ma voix brisée par l'émotion. Après tout ce que j'ai fait...

Sevda sourit faiblement, ses yeux brillant de larmes.

- Parce que je t'aime, Sarah. Et je ne vais pas te laisser tomber maintenant, pas après tout ce que nous avons traversé. Je sais que tu as commis des erreurs, mais je suis prête à te pardonner, à tout recommencer si c'est ce que tu veux aussi.

Je me sentis submergée par une vague de culpabilité et de gratitude.

- Je suis désolée, Sevda, dis-je. Je suis tellement désolée pour tout.

Elle serra ma main un peu plus fort, son regard fixé sur le mien.

- Tu n'as plus besoin de t'excuser, Sarah. Ce qui compte maintenant, c'est que tu te rétablisses, que tu prennes soin de toi. Nous aurons tout le temps de parler, de réparer ce qui doit l'être, mais pour l'instant, tu dois te concentrer sur ta guérison.

Je hochai lentement la tête, reconnaissante pour sa compréhension, pour son amour inébranlable.

- Merci, murmurai-je, incapable de trouver les mots pour exprimer ce que je ressentais. Merci de ne pas m'avoir abandonnée.

Sevda me sourit doucement, et je sentis la chaleur de sa présence apaiser un peu la douleur qui me rongeait.

- Je t'aime, Sarah. Et quand tu seras prête, je viendrai te rejoindre en Espagne. Nous ferons les choses bien, cette fois.

Alex, qui avait observé cet échange en silence, hocha la tête en signe d'accord.

- Nous allons tout faire pour que tu ailles mieux, Sarah. Et quand tu seras rétablie, tu pourras recommencer une nouvelle vie. Une vie où tu seras heureuse, avec nous.

Je les regardai tous les deux, mes deux amours, mes deux piliers, et pour la première fois depuis longtemps, je sentis une lueur d'espoir naître en moi. Ce ne serait pas facile, et il y aurait beaucoup à reconstruire, mais je n'étais pas seule. Alex et Sevda étaient prêts à me soutenir, à m'aider à tourner la page sur ce passé tumultueux pour en écrire un nouveau, plus serein, plus équilibré.

- Je vais essayer, dis-je finalement, ma voix faible mais déterminée. Je vais tout faire pour changer, pour être celle que vous méritez.

- Nous le savons, répondit Alex, un sourire réconfortant aux lèvres. Et nous serons là à chaque étape du chemin."

Sevda hocha la tête en signe d'approbation, et je sentis leurs mains serrer la mienne, une promesse silencieuse de ne jamais me laisser tomber, de ne jamais abandonner. Et alors que je me laissais retomber dans le sommeil, épuisée mais étrangement apaisée, je savais que cette fois, il n'y aurait pas de retour en arrière. J'étais prête à affronter les conséquences de mes actes, à reconstruire ma vie, une vie plus stable, plus sereine, avec ceux que j'aimais à mes côtés.

Les Passions de Sarah - Tome VOù les histoires vivent. Découvrez maintenant