Les Passions de Sarah - Tome V

Mariage - 2

Les jours qui suivirent mon explosion de colère contre Sevda furent marqués par un sentiment de vide et de culpabilité grandissant. L'adrénaline qui m'avait poussée à la mettre dehors s'était estompée, laissant place à une profonde tristesse et un regret tenace. Je n'arrêtais pas de repenser à ce moment, à la manière dont j'avais réagi en découvrant qu'elle voyait une autre femme. La colère avait pris le dessus, et j'avais agi impulsivement, sans réfléchir aux conséquences de mes actes.

Je me rendais de plus en plus fréquemment chez Lale, cherchant dans sa sagesse un réconfort et des conseils. Lale avait ce don de percevoir la vérité derrière les apparences, et je savais qu'elle ne me ménagerait pas. Un après-midi, alors que je m'effondrais une nouvelle fois sur son canapé, je lui racontai ce qui s'était passé avec Sevda, espérant peut-être qu'elle me dirait que j'avais eu raison de réagir comme je l'avais fait.

Mais au lieu de cela, Lale me regarda avec un mélange de déception et de compréhension dans les yeux.

- Sarah, commença-t-elle doucement, tu sais que tu as encore merdé, n'est-ce pas ?

Ces mots, si simples, me frappèrent comme une claque en plein visage. J'ouvris la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. Elle avait raison, bien sûr. Je le savais au fond de moi, mais l'entendre de la bouche de Lale rendait cette vérité encore plus douloureuse.

- Tu t'es laissée emporter par la colère, par la jalousie, poursuivit-elle. Mais Sevda avait ses raisons. Tu l'as entraînée dans une situation où elle se sentait libre d'explorer ses propres désirs. Et quand elle l'a fait, tu l'as punie pour ça. Sans parler du fait que toi de ton côté, tu as tous les droits.

Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard.

- Je ne voulais pas... je ne pensais pas...

- Tu n'as pas pensé du tout, c'est ça le problème, coupa-t-elle avec douceur mais fermeté. Tu as agi sur un coup de tête, et maintenant, tu es en train de perdre quelqu'un qui t'aime vraiment.

Je sentis mon cœur se serrer de peine.

- Je sais que j'ai été injuste, murmurai-je. Mais je ne sais pas comment réparer ça, Lale. Je ne sais pas comment la retrouver, comment lui montrer que je regrette.

Lale resta silencieuse. Après un moment, elle posa doucement sa main sur la mienne.

- Sevda est blessée, Sarah. Elle a besoin de temps pour guérir, et tu dois lui laisser cet espace. Mais cela ne veut pas dire que tu dois abandonner. Si tu l'aimes vraiment, tu devras faire preuve de patience et de compréhension. Tu devras lui montrer, pas seulement avec des mots, mais avec des actes, que tu es prête à changer, à réparer ce que tu as brisé.

Je hochai la tête, réalisant la profondeur de mes erreurs. Lale avait raison : j'avais merdé, et maintenant, je devais trouver un moyen de me racheter. Mais comment ? Sevda refusait de me voir, de répondre à mes appels ou à mes messages. Chaque tentative de contact était accueillie par un silence glacial, et cela me brisait le cœur un peu plus chaque jour.

Je passai les jours suivants à chercher un moyen de lui parler, de la retrouver. Je fis le tour des endroits où nous avions l'habitude d'aller ensemble, espérant la croiser par hasard. Je demandai à nos amis communs s'ils avaient eu des nouvelles d'elle, mais personne ne savait où elle se trouvait. C'était comme si elle avait disparu, me laissant seule face à mes regrets.

Chaque soir, je rentrais chez moi dans un appartement qui semblait soudainement trop vide, trop silencieux. Les souvenirs de Sevda étaient partout, dans chaque recoin, et je ne pouvais m'empêcher de me reprocher encore et encore ce que j'avais fait. J'avais laissé ma colère détruire quelque chose de précieux, et maintenant, je me demandais si j'aurais jamais la chance de réparer les dégâts.

Lale continuait de me soutenir, me rappelant que le chemin de la réconciliation était long et difficile, mais pas impossible.

- Si elle t'aime toujours, elle finira par te laisser une chance de t'expliquer, me disait-elle. Mais tu dois être prête à accepter ses conditions, à accepter qu'elle puisse ne jamais te pardonner.

Ces mots étaient douloureux à entendre, mais je savais qu'ils étaient vrais. Je devais me préparer à l'éventualité que Sevda ne veuille plus de moi dans sa vie, que je l'aie perdue pour de bon. Mais je ne pouvais pas abandonner, pas encore. J'étais prête à tout pour la retrouver, pour lui montrer que je pouvais changer, que je pouvais être la personne qu'elle méritait.

Les jours passaient, et avec eux, l'espoir diminuait, mais je refusais de laisser la culpabilité me paralyser. Je continuais d'essayer, d'envoyer des messages, d'appeler, de laisser des notes devant sa porte. Je savais que cela prendrait du temps, beaucoup de temps, mais j'étais déterminée à réparer ce que j'avais brisé. Sevda avait été mon ancre, mon refuge, et je ne pouvais pas la laisser partir sans me battre pour elle, sans tout tenter pour regagner sa confiance et son amour.