Rémy et Florian, deux adolescents de dix-sept ans le savent : ils ne sont pas parfaits. Ils ne sont pas populaires, ce ne sont pas des bad boys et ils n'ont même jamais eu de relations sexuelles.
Ils n'intéressent pas franchement les filles, mais c...
Les garçons restèrent là, couchés sur le dos un bon moment en discutant des parents Meizers, du comportement parfois spécial d'Aline, du restaurant prévu au soir et des vêtements qu'ils comptaient porter. Ils descendirent ensuite pour fumer et se servir un verre de la sangria qui était au frigo avant de flâner sur le canapé à nouveau en attendant que les heures passent. C'est à dix-sept heures qu'ils décidèrent de prendre leur douche ensemble, ce que les deux trouvaient plutôt génial.
Rémy s'occupa de laver son petit-ami et vice versa, ce qui leur provoqua inévitablement une nouvelle excitation, se toucher l'un l'autre était probablement la chose qu'ils aimaient le plus, comme s'ils étaient attirés par des aimants. Ils restèrent cependant sages malgré les mains baladeuses et s'habillèrent ensuite. Ils optèrent tous les deux pour un jeans et des t-shirts blancs en espérant ne pas avoir l'air bêtes au restaurant, qui était visiblement plutôt chic.
- En même temps, personne ne prend de belles chemises pour les vacances... dit Florian, qui se trouvait plutôt pas mal en blanc, puisque cela faisait ressortir son bronzage.
Ils marchèrent pendant une bonne vingtaine de minutes afin d'arriver devant l'établissement pour dix-neuf heures et effectivement, l'endroit était magnifique, moderne et bénéficiait d'une grande terrasse à l'arrière du bâtiment. Les lumières tamisées et les tables en bois très espacées l'une de l'autre donnaient une impression d'intimité bienvenue, surtout pour les garçons qui étaient gênés de se retrouver dans ce genre d'endroit, eux qui avaient davantage l'habitude de manger dans un Quick ou dans un McDonald's lorsqu'ils n'étaient pas en famille.
Une fois attablés sur la table du fond de la splendide terrasse, ils se mirent d'accord pour commander une bouteille de vin blanc à vingt-neuf euros, ce qui était raisonnable, peu importe le goût puisqu'ils n'y connaissaient rien.
- Santé et merci, Rémy... Merci d'être là... dit Florian, aux anges.
- Santé ! Et merci à toi, petit poussin.
Les plats proposés en entrées ne leur parlaient carrément pas, il fallait dire que les croquettes aux fromages à la truffe et autre carpaccio de boeuf avaient plutôt tendance à les faire grimacer, ils prirent tout de même tous les deux un tartare de truite saumonée, qu'ils trouvèrent répugnant.
- C'est vraiment pas mon truc la bouffe de bourges... s'amusa Rémy.
- Ma mère m'avait juré que c'était le meilleur restaurant de la ville, mais on a pas les mêmes goûts, en effet... rit le brun en buvant une gorgée afin de ne plus avoir le goût du plat en bouche.
Ils regardèrent ensuite la carte des plats, qui ne leur donnait clairement pas plus envie. Certains plats coûtaient d'ailleurs plus de quarante-cinq euros par personne, ce qui leur faisaient clairement mal au ventre, puisqu'ils ne comprenaient rien ou presque à ce qu'il était écrit sur la carte.
- C'est quoi de la sauce shiitake ? demanda Rémy.
- Je sais pas, et limousine, c'est quoi ? Ils vont nous servir une voiture sur son lit de poireaux à la vague d'épices sur son ciel noir ? rit le brun. Bon, ça te dirait qu'on se casse et qu'on aille manger ailleurs ?
- Carrément, ouais !
Les garçons allèrent payer l'addition en s'excusant de ne pas pouvoir rester pour le plat à cause d'une urgence familiale, puis, se mirent d'accord pour appeler un taxi. Ce n'est que vingt minutes plus tard que celui-ci arriva, visiblement à son aise.
- Bonsoir, emmenez-nous au Quick le plus proche, s'il vous plaît, nous avons faim, dit Rémy au vieillard.
- Au Quick ? Le plus proche est au moins à vingt kilomètres d'ici, disons un peu plus de vingt minutes... répondit l'homme. Ah, les jeunes et leur fast-foods...
- Vous nous y emmener oui ou non ? s'impatienta Florian.
- On y va, on y va.
Une fois arrivés, ils commandèrent leurs menus à la borne, bien heureux d'enfin manger un burger digne de ce nom. Certes, il ne s'agissait pas de grande gastronomie mais au moins, ils aimaient ça et cela ne coûtait pas un bras. Ils ne savaient pas où ils étaient, n'étant jamais venu à Marche-en-Famenne, mais au moins, ils savaient ce qu'ils mangeaient.
- Ça doit être chiant d'être riche, tu bouffes que des trucs de merde... rit Rémy.
- T'inquiètes, on fera tout pour être pauvres, promis, s'amusa le brun.
- Promis ?
- Promis, tu sais bien que je ne mens jamais... On vivra d'amour et d'eau fraîche.
Les garçons finirent leurs repas, prirent un nouveau taxi pour rentrer à la maison où ils dirent à Martine ô combien le restaurant était superbe et surtout à quel point ils avaient bien mangé tout en riant intérieurement. Lorsque la maman se dirigea vers le jardin, Florian décida de la suivre pour lui parler d'une chose qui lui tenait à coeur.
- Maman... Pour ce matin... commença-t-il, intimidé.
- Tu n'as rien à dire, Florian. C'est ta vie et comme je l'ai dit, je suis heureuse pour toi, pour vous deux. Rémy est un bon garçon et je pense qu'on ne devrait pas faire une affaire d'état du fait que tu sois gay. C'est toi que ça regarde, uniquement toi.
Le jeune homme ne répondit rien, se contentant de la prendre dans ses bras avant de rejoindre Rémy à l'étage afin de passer une nouvelle nuit dans ses bras, heureux comme jamais.
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