- Rémy réveilles-toi, Martine est en bas... lui dit sa mère au petit matin.
- Martine ? Oh putain... répondit-il en sentant immédiatement un mal de crâne atroce.
- Punaise Rémy, c'est quoi ces bouteilles d'alcool là ?! Ça pue, aère ta chambre et descends.
Le blondinet ouvrit grand la fenêtre puis se dépêcha de se rendre dans la salle de bain. Il avait une sale tête, les yeux rouges et une haleine pas possible. Il se lava les dents, passa de l'eau sur son visage puis descendit en ayant l'impression d'être un zombie ou un vieil alcoolique. Martine se tenait sur le canapé, un café à la main face à Cynthia. La maman de Florian le regarda un moment avant de se lever et de le prendre dans ses bras.
- Je suis désolée pour ce que j'ai dit hier, Rémy. Je sais que tu l'aimes profondément et que tu ne lui ferait jamais de mal. Je sais que ce n'est pas une excuse mais je suis à bout, je ne pensais pas qu'une chose aussi atroce arriverait à mon fils un jour... Mais je sais que Florian me tuerait s'il savait à quel point j'ai été mauvaise avec ta maman et toi... Je suis vraiment désolée.
- Vous faites partie de ma famille... répondit-il tout bas.
- Toi aussi, Rémy, tu es mon deuxième fils.
Cynthia sourit sincèrement, persuadée que si elle venait à mourir, les Meizers seraient là pour lui. Elle était soulagée de savoir que Rémy allait maintenant pouvoir arrêter de s'en vouloir, de se sentir coupable pour quelque chose dont il n'y pouvait strictement rien.
- Je vais aller à l'hôpital voir Florian, est-ce que tu souhaites venir avec moi ? Je suis certaine que t'entendre lui fera du bien...
- Bien sûr !
Quelques instants plus tard, le garçon se retrouva dans la voiture avec sa belle-mère, direction l'hôpital. Il était stressé, il avait peur, il ressentait une énorme boule à l'estomac et sentait d'ailleurs tout son corps trembler. Il allait voir son petit-ami dans un état qu'il n'avait jamais vu et avait peur de craquer, ce qu'il ne pouvait absolument pas faire.
Il fallait qu'il lui parle, qu'il se montre confiant et positif. Il était persuadé que les personnes dans le coma entendaient tout ce qu'il se passe autour d'eux, il avait déjà vu de nombreux témoignages de gens sortis de là ou de cas de morts imminentes qui disaient tous la même chose : ils entendaient tout et se voyaient même à côté de leur corps. Il y croyait, pour sûr, même s'il préférait garder ce genre de croyance pour lui.
C'est au moins un, dans la partie de l'hôpital dédiée aux soins intensifs qu'ils se rendirent dans le silence, tous deux complètement stressés. Ils annoncèrent leur présence à la personne derrière un bureau rempli de paperasses et furent soulagés qu'elle ne leur annonça rien de mauvais. Martine ouvrit lentement la porte de la chambre en se mettant immédiatement à pleurer en silence en voyant son enfant branché à plusieurs appareils via des tuyaux surveillant son état à chaque instant. Les bruits incessants de ses machines étaient complètement horribles et le fait de penser que Florian n'entendait que cela depuis la veille était terrible.
Lorsque Rémy posa son regard sur son petit-ami, son cœur se serra bien trop fort, il était évident qu'il n'avait jamais ressenti pareille tristesse.
Le brun avait plusieurs hématomes sur le visage. Son front était bleu-noir, l'un de ses yeux était de la même couleur, son nez était recouvert d'un gros pansement et son crâne était recouvert d'un bandage. En un instant, la vie avait amoché le garçon le plus adorable que Rémy connaissait, en un instant, la mort avait souhaité le prendre avec lui.La mort et la vie se battaient désormais pour l'avoir.
Les pleurs des deux visiteurs se stoppèrent lorsqu'un médecin - celui à qui Martine avait parlé la veille - ouvrit la porte de la chambre.
- Bonjour madame Meizers. Son état est stable et même si la médecine n'est pas une science exacte, nous avons de bonnes raisons de penser qu'il devrait se réveiller sous peu. Après un choc comme celui-là, il n'est pas anormal de ne pas encore avoir ouvert les yeux même si cela pourrait - sans vous mentir car je ne suis pas là pour cela - devenir problématique si cela venait à durer dans le temps. Il a eu le nez cassé ainsi que, comme vous vous en doutez, un traumatisme crânien. Il est probable qu'il se réveille dans un état de confusion mentale, qu'il ait la vision trouble, des difficultés de concentration et que cela dure un moment. On lui fera quoi qu'il en soit des tests en laboratoire ou en imagerie.
- Il va s'en sortir, c'est bien ça ? demanda Martine, qui souhaitait ne rien entendre d'autre que ça.
- Il doit impérativement se réveiller, c'est ça l'important à l'heure actuelle. Je vous laisse tranquille, n'hésitez pas à lui parler.
Une fois l'homme parti, Martine et Rémy se regardèrent, confus. Ils ne savaient pas si c'était bon ou pas, si les choses allaient bien ou mal. Pourquoi Florian n'ouvrait-il pas les yeux ? Ils étaient certains que le médecin lui-même ne savait pas pourquoi. Il était dans le coma depuis la veille en journée, mais ils avaient l'impression que cela faisait déjà des semaines.
- Je vais aller nous chercher quelque chose à manger et je vais en profiter pour téléphoner à Rudy. Je te laisse avec lui, tu as mon numéro s'il se passe quelque chose, d'accord ?
- D'accord. Je vais lui parler un peu.
Après le départ de Martine, Rémy rapprocha sa chaise de son petit-ami et le regarda un long moment. Dieu qu'il détestait le voir dans cet état-là et ne rien savoir faire pour l'aider. Foutu Pairi Daiza, foutu escalier, foutue vie. Il lui prit délicatement la main avant de se racler la gorge.
- Bonjour mon ange. Je suppose que j'ai le droit de dire que j'ai gagné la course...
Le blond se mit à fondre en larmes avant de se frapper la tête. Il se reprit une dizaine de secondes plus tard.
- Florian, réveilles-toi s'il te plaît. J'ai l'impression que ça fait une éternité que tu dors... Parce que si, tu dors et rien d'autre. Je ne peux rien faire quand tu n'es pas là, je ne suis pas allé en cours et je ne compte pas m'y rendre tant que tu n'ouvriras pas les yeux. Tu m'imagines en classe, sans toi sur la chaise d'à côté ? Tu penses à quoi ? Tu es en train de rêver ou tu m'entends parler ? Fais quelque chose s'il te plaît... Tu ne peux pas me laisser seul...
Rémy se frotta les yeux avant de poser un baiser sur la main du garçon puis continua :
- On devrait trouver une solution pour habiter ensemble. Je pourrai travailler au lieu de poursuivre mes études, puis mon père va me payer le permis de conduire alors je pourrai t'emmener à la mer quand on le souhaite, ou à Walibi... On pourrait même retourner à Durbuy mais rien qu'à deux cette fois... Après avoir trouvé notre appartement, ça te dirait qu'on se marie ? Je sais que ça semble un peu enfantin mais j'aimerai vraiment... On est trop jeunes tu penses ? Moi je pense qu'il n'est jamais trop tôt si on est sûrs de nous, de nos sentiments et je n'ai jamais été aussi sûr de moi. Tu sais que je déteste les gosses mais si tu souhaites être papa, on pourrait adopter... Je m'en fou, on fera tout ce que tu voudras, la seule chose que je te demande est d'ouvrir tes beaux yeux.
Le jeune homme, désespéré, posa son front contre la main de sa moitié un long moment avant d'ajouter :
- Je t'en supplie... Je suis désolé de ne pas avoir pu empêcher ça, de ne pas t'avoir rattraper quand tu es tombé.
VOUS LISEZ
Just Love Me
RomansaRémy et Florian, deux adolescents de dix-sept ans le savent : ils ne sont pas parfaits. Ils ne sont pas populaires, ce ne sont pas des bad boys et ils n'ont même jamais eu de relations sexuelles. Ils n'intéressent pas franchement les filles, mais c...