- C'est votre grand-mère Mireille... Elle est décédée d'une crise cardiaque il y a - on pense - même pas une heure. C'est tante Alexia qui l'a retrouvée comme ça, dans son lit alors qu'elles étaient supposées partir en voyage demain...
Mireille n'était pas une vieille dame malade malgré ses septante et un an. Au contraire, elle n'avait que très peu été chez le médecin pendant sa longue vie et avait gardé son amour pour les voyages, même après la mort de son mari, il y a de cela neuf ans. Elle s'était éteinte paisiblement dans son lit, comme elle l'avait toujours souhaité. Sa relation avec ses petits-enfants Aline et Florian était très bonne, elle les adorait et il n'était pas rare qu'ils aillent manger chez elle le dimanche. Il fallait dire que les deux Meizers étaient les seuls petits-enfants qu'elle voyait souvent. Alexia, la soeur de Martine n'en avait pas, sa femme et elle n'avaient jamais tenté d'en avoir et leur frère Marc, qui lui en avait deux, était parti avec sa femme et ses enfants vivre en France, en Normandie.
Aline se mit aussitôt à pleurer à chaudes larmes, quant à Florian, lui, il prit immédiatement sa maman dans ses bras.- Votre mère va devoir s'occuper de l'enterrement avec Alexia... reprit Rudy. Je suis désolé mais il va falloir qu'on rentre, c'est beaucoup de paperasses, de choses à faire, et puis il y aura rapidement l'enterrement... Mais nous reviendrons la semaine prochaine, enfin, dès que tout sera terminé...
- C'est important que vous soyez là, vous comprenez ? ajouta Martine, désolée pour eux.
Aline se mit à pleurer de plus belle et préférait ne pas montrer sa déception afin de ne pas paraître méchante ou égoïste. Elle n'avait aucune envie de partir de la maison de vacances mais n'avait pas le choix. Le garçon, lui, ferma les yeux un instant, complètement dégoûté. Il aimait énormément sa grand-mère, oui, mais n'avait absolument pas envie de retourner à la vie normale. Dieu qu'il était bien ici... Surtout que parfois, il avait l'impression que les choses devenaient spéciales, dans le bon sens du terme, même s'il n'en était pas certain.
- Que tout le monde soit réveillé pour sept heures demain matin, nous partirons tôt. Préparez ce que vous avez à prendre avec vous, vos chargeurs de téléphone par exemple... Vous pouvez laisser vos vêtements ici, comme je l'ai dis, on reviendra, dit Rudy en caressant doucement le bras de sa femme.
- Et Caro et Flo ? Les pauvres, ils vont être dégoûtés... lui dit Aline.
- Vas les appeler, dis leur de descendre deux minutes...
Caroline et Rémy descendirent après qu'Aline leur ait annoncé le décès de sa grand-mère. Ils comprirent tous les deux que leur séjour s'arrêtait là mais ne dirent rien. Une fois en bas, ils s'asseyèrent eux aussi un instant après avoir fait part de leurs sincères condoléances à toute la famille Meizers. Rudy leur expliqua la situation et leur fit part du départ de tout le monde prévu le lendemain matin.
- Si vous voulez rester ici et profiter de vos vacances, il n'y a pas de soucis pour Martine et moi, nous savons que nous pouvons vous faire confiance... Tant que vous ne brûlez pas la maison et ne mettez pas un bordel pas possible, bien sûr... leur proposa le père. Il y a pas mal de choses à manger dans le congélateur et dans le frigo... Enfin, si vos parents sont d'accord et que vous en avez envie...
Florian sentit une légère amertume parcourir tout son corps, voir une certaine haine. "Mais quelle belle idée de merde !" se disait-il. Aline, elle, était plutôt contente, car cela voulait dire qu'ils allaient bel et bien revenir après une semaine qui s'annonçait affreuse. Martine n'y voyait aucun inconvénient, elle adorait ces deux "gosses" qu'elle voyait très régulièrement et avaient toujours été très corrects avec elle.
- Personnellement, ça m'arrangerait beaucoup car mes parents sont à Ostende en train de passer leurs vacances en amoureux et je n'ai pas vraiment envie de me retrouver au milieu... dit timidement Caroline. Après, je ne sais pas ce que tu en penses, Rémy ?
Pour Rémy, les choses étaient différentes. Il venait d'une famille de la classe moyenne - bien qu'un peu en dessous - et sa mère venait de rencontrer un homme que le blond ne supportait pas de voir. Cela mis à part, il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire de ses journées sans Florian.
- Je suis d'accord pour rester, moi aussi... répondit-il simplement.
- Parfait, on vous laissera un peu d'argent dans le tiroir de la cuisine et n'oubliez pas de prévenir vos parents du fait qu'on ne sera pas là, conclut Rudy.
Les deux jeunes gens répondirent par l'affirmative et se contentèrent d'envoyer un simple SMS à leurs parents respectifs, puis, les filles remontèrent se coucher, suivies par Florian et Rémy. Dans le couloir du deuxième étage, le blond souhaita la bonne nuit à son ami, qui ne lui répondit pas.
- Flo ? Je suis désolé pour ta grand-mère... dit doucement le blond, compatissant.
- J'espère que tu t'amuseras bien, se contenta de répondre Florian. Je vais dormir.
Il entra dans sa chambre et ferma la porte, complètement dégoûté de la vie. C'était injuste, c'était dégueulasse, c'était insupportable. Pourquoi son père avait-il dû leur proposer ça, bon sang ? Le brun en était certain, Caroline et Rémy allaient sortir ensemble, se préparer de bons petits plats en amoureux, coucher ensemble dans toutes les pièces de la maison et vivre leur meilleure vie. Ensuite viendrait le mariage et les enfants et ces deux connards allaient lui demander d'être le parrain d'un enfant moche appelé Liam ou Ayden, enfant à qui il serait obligé de mettre des claques en cachette. Non, il n'était pas jaloux, il trouvait juste que la vie était moche.
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Just Love Me
Roman d'amourRémy et Florian, deux adolescents de dix-sept ans le savent : ils ne sont pas parfaits. Ils ne sont pas populaires, ce ne sont pas des bad boys et ils n'ont même jamais eu de relations sexuelles. Ils n'intéressent pas franchement les filles, mais c...