Prologue 🏁

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Deux ans auparavant.

Dans la voiture avec sa maman afin de se rendre au supermarché, Florian décida de connecter son compte Spotify à la voiture afin de mettre de la musique. En ce moment, il adorait particulièrement une chanson de la chanteuse Hoshi nommée "Amour Censure".

"Au placard mes sentiments

Surtout ne rien dire, et faire semblant

Être à part, un peu penchant

Au bout du navire, je coule doucement

Maman désolée, j'vais pas te mentir

C'est dur d'effacer tout ce qui m'attire

Un peu dépassée par tous mes désirs..."

Il ne savait pas vraiment ce qu'il aimait autant dans cette chanson ni pourquoi il la passait en boucle. Peut-être était-ce dû au fait qu'il trouvait les paroles touchantes et qu'il savait qu'un bon nombre de jeunes - et de moins jeunes - vivaient cette situation pour de vrai.

Même s'il n'avait jamais eu à faire face lui-même à l'homophobie et ne se définissait pas comme gay, il avait pu voir un certain nombre de ses camarades à l'école se faire insulter ou même frapper simplement parce qu'ils semblaient trop éfféminés pour des garçons ou trop masculines pour des filles.
Il y avait cette fille aussi, Sofia, qu'il ne connaissait que de loin et était transgenre. La pauvre se faisait harceler tous les jours et pourtant, elle avait ce don fabuleux de garder la tête haute. Il était fasciné par elle, par sa force, son courage.

Florian aimait tous ces gens-là, les LGBT, qu'il trouvait touchants et souvent adorables, même s'il savait que certains avaient la langue aussi bien pendues que des vipères. Le jeune homme aimait aussi le rappeur homosexuel Eddy De Pretto dont il adorait par-dessus tout la chanson "Kid", mais aussi la série "Elite" qui montrait aussi bien des lycéens hétéros que des gays et des bisexuels.

Devait-il se poser des questions sur lui-même ? Pourquoi avait-il un sacré penchant pour tout ça ? il n'en savait rien, mais ce qu'il savait, c'était que les médias mentaient lorsqu'ils disaient que l'homophobie ou la transphobie n'était qu'un lointain souvenir. Il le voyait sous ses yeux, qu'elle existait toujours et que les gens "normaux" se plaignaient de tout.
Trop de gays à l'Eurovision, trop de LGBT dans les séries, "honteux" d'avoir un enfant gay dans un film d'animation, "c'est quoi cette émission télé de pervers qu'est Drag Race ?"...
De toute façon, les gens aimaient toujours se plaindre de tout et cela ne concernait pas que les LGBT.
"Hermione est noire dans la pièce de théâtre Harry Potter ! C'est scandaleux".

Etait-ce vraiment un problème de laisser les gens vivre leur vie ? Quel était leur soucis à la fin ? Lui, tout ça le passionnait, tout comme la guerre entre la Russie et l'Ukraine ou celle entre Israël et la Palestine le rendait dingue. Pourquoi les gens n'arrivaient-ils pas à se supporter et à vivre en paix bordel de merde ?

La maman de Florian écoutait sans rien dire les paroles de la chanson de Hoshi, tout comme elle l'entendait chanter du Eddy De Pretto à la maison.
Elle avait évidemment remarqué que son fils écoutait des chansons destinées à un public LGBT - mais pas que, bien sûr - et se doutait qu'un jour viendrait où il lui annoncerait probablement qu'il est gay mais elle préférait ne pas lui en parler elle-même et lui laisser le temps de grandir, de devenir celui qu'il souhaite être sans lui mettre de pression.
Ou peut-être qu'il n'était absolument pas homosexuel mais aimait simplement ce genre de musique, ce genre de série, ce genre de film. Peu importait, finalement, car son fils resterait son fils et elle l'aimait comme il était. Ce qu'elle espérait simplement était qu'il n'aurait pas à souffrir, qu'il ne se verrait pas se faire insulter par des gamins de merde et surtout qu'il trouverait l'amour.

La chanson se termina quelques minutes plus tard avec ces paroles :

Il n'y a pas d'amour censure

Il n'y a que d'l'amour sincère (les enfants, c'est pour un homme et une femme)

Il n'y a pas d'amour censure (ce n'est absolument pas pour des homosexuels)

Il n'y a que d'l'amour sincère (de plus en plus de gays à la télé, donc les gens se posent des questions sur eux-mêmes ; ça s'propage, en fait, comme une maladie qui s'propage)

(et puis alors, avec des chiens, puis avec des chats, des singes, et puis quoi après ?)

(alors, disons qu'ça fait partie du mal parce que ça n'va pas dans le sens de l'amour qui a été donné par Dieu entre un homme et une femme)

- Tu adores cette chanson, pas vrai ? Lui demanda sa mère en souriant.

- Oui, mais je te rassures, ça ne veut pas dire que je suis gay, m'man.

- Je n'ai pas dit ça... sourit-elle. Au fait, Rémy vient toujours ce soir, pour ton anniversaire ? 

 Au fait, Rémy vient toujours ce soir, pour ton anniversaire ? 

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