1. 💢 Chez Les Meizers 💢

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Partie I.

Si habituellement les repas de famille se passaient relativement dans le calme, en cette soirée du cinq juillet, c'était l'effervescence. Ce n'était pas dû au fait que les Meizers mangeaient des pizzas commandées à la dernière minute et qu'il était rare pour eux de se laisser aller à manger ce que les parents appelaient des "crasses" mais plutôt car le lendemain, ils partiraient tous ensemble pour des vacances dans la maison familiale, à Durbuy, dans les ardennes belge.
S'il y avait clairement mieux comme destination, leurs enfants Florian et Aline étaient heureux de s'y rendre. Déjà parce qu'ils pourraient y faire des activités comme du kayak ou de l'accrobranche mais aussi et surtout car cette année, il avaient eu le droit de prendre un ami chacun avec eux afin que le séjour soit plus amusant.

Les enfants Meizers, faux jumeaux de dix-sept ans, n'avaient clairement pas cette fameuse entente et cette proximité qui caractérise habituellement les "twins", mais comme ils le disaient eux-mêmes "ils n'étaient pas de vrais jumeaux, absolument pas d'ailleurs".
Il était vrai qu'ils étaient très différents, Aline avait ce côté rock-and-roll que son frère n'aimait pas et lui ce côté timide et effacé qu'elle trouvait ennuyant à mourir. Elle était blonde, lui avait les cheveux bruns, elle avait les yeux bleus, lui bruns-noirs, elle avait un tatouage sur l'avant bras et un piercing sur le nez, lui rien car il trouvait ça moche.
Aline avait plein d'amis et passait souvent ses soirées à fumer et boire avec eux en faisant du karaoké - elle pensait avoir une belle voix, ce qui était souvent contesté par le reste du monde - tandis que Florian était plutôt du genre à regarder série sur série, Netflix, HBO et Prime Vidéo faisant partie intégrante de sa vie.

Ils ne se détestaient pas non, mais n'avaient rien à se dire en général. S'ils se côtoyaient, c'était uniquement par obligation, comme beaucoup de frères et sœurs d'ailleurs.
Heureusement, leurs parents étaient là pour qu'à la maison, l'ambiance reste conviviale malgré tout. Martine, la maman, était femme au foyer et faisait tout son possible chaque jour pour qu'ils aient de bons petits plats à se mettre sous la dent le soir et pour que la maison soit toujours rangée et nettoyée comme si le couple royal belge risquait de venir chez eux à l'improviste.
Le père, Rudy, travaillait dans une banque et était plutôt du genre à "vivre à la cool" en dehors du travail. Il détestait les histoires et trouvait triste que ses enfants ne soient pas plus proches que ça. Voilà pourquoi il avait eu l'idée de laisser ses enfants prendre un ami chacun avec eux pour les vacances.

Aline avait choisi Caroline, son amie d'enfance, celle avec qui elle avait toujours - et continuait à faire - les quatre cent coups et avec qui elle parlait de ses amours souvent chaotiques.
Florian, lui, avait décidé d'emmener son meilleur ami, Rémy. Ce garçon était comme lui et ils se sentaient à l'aise lorsqu'ils étaient ensemble. Ils étaient tous les deux calmes, introvertis et ni l'un ni l'autre n'avait déjà eu de petite amie. Si à dix-sept ans, beaucoup trouvaient ça honteux, eux, n'y voyaient pas vraiment d'inconvénient.
L'amour, les filles, le sexe, bien sûr qu'ils y pensaient parfois, mais ce n'était visiblement pas pour eux, pas pour le moment du moins.
Les deux amis n'étaient pas moches, mais transparents aux yeux des autres car ils ne faisaient rien pour se faire remarquer. Ils ne trainaient pas sans cesse sur les réseaux sociaux ou dans les soirées, ne s'intéressaient pas à la mode et n'avaient pas confiance en eux. Ils s'étaient clairement bien trouvés.

- J'ai appelé les parents de Rémy et de Caroline afin qu'ils soient là pour six heures demain matin. S'ils sont en retard, on part sans eux, j'ai aucune envie de passer des heures et des heures dans les bouchons... Prévient Martine. Et soyez sympas, ne restez pas qu'avec l'un ou l'autre, faites des choses à quatre... Votre père et moi, on veut la paix là-bas. Pas question que vous trainiez dans nos pattes ou de vous entendre vous disputer.

- J'aime bien Rémy, même s'il est encore plus coincé que Flo' j'ai l'impression... Mais il est mignon, sourit Aline en faisant un clin d'œil à sa maman.

Dieu que Florian détestait sa sœur parfois. La dernière fois qu'il avait invité Rémy à la maison à l'occasion de la fête d'anniversaire de Martine, il était clair qu'elle avait tout fait pour se faire remarquer par son ami. Elle s'était d'ailleurs promenée en bikini ce jour-là, soi-disant car elle comptait aller se baigner dans la petite piscine du jardin alors qu'elle n'avait finalement pas mis un seul pied dans l'eau. Ce qui était étrange, c'est qu'il était certain que le garçon ne l'intéressait pas vraiment et qu'elle faisait ça car elle aimait séduire et serait capable de draguer un arbre juste pour s'amuser.

- T'es sérieuse ? Rémy, mignon ? Tu disais pas qu'il était chiant à mourir l'autre fois ? Répondit Florian en haussant les sourcils. T'es juste chaude comme la braise dès que tu vois un gars...

- J'en peux rien si ta vocation est d'être curé, petit con... Rétorqua-t-elle, tout sourire.

Rudy se mit à soupirer, Martine leva les yeux au plafond avant de se lever de table et de prendre la parole.

- Encore un mot et ni Rémy ni Caroline ne viendront avec nous je vous préviens. Allez finir de préparer vos affaires, votre père et moi nous allons aller dormir.

Florian monta dans sa chambre, de mauvaise humeur. Sa sœur avait le don de l'énerver pour un rien et elle en profitait clairement. Il en avait assez qu'elle se prenne pour une princesse-rockeuse-pouf et tentait de se rapprocher de son seul vrai ami.
Si Rémy passait son temps avec Aline pendant les vacances, lui se retrouverait seul et ça, c'était hors de question. Il allait trouver de quoi les occuper loin des deux autres pendant les deux semaines, c'était clair. Ils allaient louer des vélos, visiter la ville, faire de la randonnée, aller se baigner, bref, se réveiller tôt et partir s'amuser tant que les filles dorment encore.
Du moins, c'était comme ça qu'il prévoyait les choses.

Après avoir bouclé sa valise, Florian se posa sur son lit et s'endormit facilement, près pour deux semaines dans la ville que l'on surnomme "la plus petite ville du monde" bien que cette appellation soit erronée. Les vacances étaient enfin là et il était grand temps qu'elles commencent !

 Les vacances étaient enfin là et il était grand temps qu'elles commencent !

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