Tout était allé trop vite.
Les ambulanciers étaient partis avec un Florian inerte, un jeune homme de bientôt dix-huit ans ne donnant aucun signe rassurant de vie.
Les gens dans le parc étaient sous le choc et certains avaient même décidé que leur journée dans le parc s'arrêtait là. Il fallait dire que la scène n'était pas belle à voir, il y avait ce corps allongé mais aussi du sang, bien trop de sang et personne n'était allé à Pairi Daiza pour voir ce genre de malheur : le Paradis s'était transformé en Enfer.Cynthia et Rémy avaient suivi l'ambulance de près en voiture dans un état de choc. Que fallait-il faire ? Prévenir Martine qui elle préviendrait Aline et les autres. La conversation téléphonique avait été terrible, horrible. La maman de Rémy avait eu du mal à trouver les mots et celle de Florian pleurait et hurlait de façon hystérique, comme toute maman déchirée par le chagrin. Son enfant, inconscient, la tête en sang ? Personne ne savait rien, comme si le temps était soudain suspendu, comme si plus rien n'existait autour, comme si le drame s'était abattu sur leur tête à eux tous, mais surtout sur la jeune personne formidable que Florian était pour ses proches.
Dans la voiture, Rémy fixait la vitre, il ne voyait rien. Ni la route, ni les autres voitures, ni l'ambulance qui roulait plus loin. Il n'entendait rien, ni Cynthia qui était au téléphone, ni les sirènes, ni les klaxons, ni son GSM sonner. Il ne pouvait pas réfléchir, pas penser, pas pleurer. Son cœur était en train de sortir de sa poitrine, ça oui, il le sentait. Il avait mal, mal aux jambes, mal à la tête, mal aux bras et était crevé, vidé, peut-être même mort intérieurement.
Sa source de bonheur et d'énergie était éteinte et il en était sûr : il l'avait vu, Florian, ne pas bouger, les yeux fermés et le crâne en sang. C'était de sa faute et il en était persuadé. Il aurait dû ne pas accepter de courir dans les escaliers, il aurait dû lui prendre la main à la place, ou ne pas vouloir se rendre aux toilettes avec lui. Il n'aurait pas dû lui demander de venir avec sa maman et lui à Pairi Daiza ou aurait pu éviter par mille autres moyens que la journée ne se passe pas de cette façon-là.
- Viens Rémy, on y est... dit doucement Cynthia une fois garée sur le parking de l'hôpital.
Elle savait parfaitement que la suite serait plus que difficile pour tout le monde. Elle avait peur, elle sentait aussi des bonds anormaux dans sa poitrine et ses mains tremblaient plus que de raison. Elle craignait la suite et avait bien du mal à le cacher. Elle souffrait pour son fils, pour Florian, pour Martine et Rudy qui devaient certainement lui en vouloir d'être incapable de faire une escapade avec des jeunes gens sans que l'un d'eux finisse dans un état catastrophique. Elle aussi se sentait coupable, terriblement même.
Dans la salle d'attente des urgences de l'hôpital Notre Dame de la Rose, Cynthia et Rémy ne parlèrent pas, tous deux gardèrent les yeux dans le vide en faisant abstraction du brouhaha autour d'eux. Martine, Rudy et Aline arrivèrent sur les lieux une quinzaine de minutes plus tard. Le papa semblait sonné, le visage plus blanc que jamais, il semblait ne pas comprendre ce qu'il se passait. Aline était en pleurs et semblait soudain aussi fragile que du cristal tandis que Martine, les yeux rougis par les larmes se mit à hurler sur Rémy et Cynthia en leur ordonnant de lui expliquer ce qu'il s'était passé exactement. Elle les tenait pour responsables du drame, peut-être parce qu'il lui fallait un ou des coupables.
- Vous deux ! Vous êtes les derniers à avoir vu mon fils ! Sans vous, sans vos idées à la con de courir, sans votre famille de merde il serait toujours là !
- Martine, je comprends ta souffrance mais personne n'y est pour rien... répondit doucement Cynthia en sentant quelques larmes couler le long de ses joues.
- S'il meurt, je vous tiendrai comme responsable et sachez que je vous tuerai à mon tour ! Sortez, partez, dégagez d'ici ! hurla-t-elle avant de se faire disputer par la dame de l'accueil.
Cynthia, morte de honte devant la famille et les autres personnes présentes dans la salle d'attente prit la main de son fils et le tira doucement afin qu'il la suive jusque dehors. Rémy la suivit en marchant lentement, le visage complètement livide, les jambes incapables d'aller plus vite. Dans sa tête, les mots de Martine résonnaient bien trop fort et il était persuadé qu'elle avait raison.
Dehors, la maman du blond ne savait pas quoi faire. Fallait-il partir ? Rentrer à la maison et attendre des nouvelles ? Elle avait envie de boire de l'alcool, au moins trente verres. Elle avait de fumer, même si elle avait arrêté il y a bien longtemps. Rémy, lui, prit son puff et se mit à inhaler longuement.- Tu n'as rien fait de mal Rémy. Ce n'est absolument pas de ta faute. C'est injuste, c'est horrible, mais tu n'as rien à te reprocher. Il faut y croire, il va s'en sortir, Florian est un garçon plein de vie... dit-elle en le prenant dans ses bras.
- Je vais attendre ici maman, devant l'hôpital... Je ne peux pas rentrer à la maison... répondit-il.
- On va aller à la cafétéria se prendre un petit remontant et on verra ensuite, d'accord mon chéri ?
Ils commandèrent deux Irish Coffee et allèrent s'asseoir en silence, exténués tous les deux.
- Saches qu'elle a dit tout ça car elle est sous le choc Rémy, elle ne le pensait pas vraiment, tu comprends ?
- Je sais, même si je pense qu'elle a raison. Je porte la poisse à tous ceux que j'aime... Florian, toi... répondit-il, abattu.
- Tu ne portes la poisse à personne, au contraire, tu es un garçon merveilleux !
- Il a le crâne défoncé et tu as un cancer... lâcha-t-il avant de se mettre à pleurer de plus belle.
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Just Love Me
RomansaRémy et Florian, deux adolescents de dix-sept ans le savent : ils ne sont pas parfaits. Ils ne sont pas populaires, ce ne sont pas des bad boys et ils n'ont même jamais eu de relations sexuelles. Ils n'intéressent pas franchement les filles, mais c...