Rémy et Florian, deux adolescents de dix-sept ans le savent : ils ne sont pas parfaits. Ils ne sont pas populaires, ce ne sont pas des bad boys et ils n'ont même jamais eu de relations sexuelles.
Ils n'intéressent pas franchement les filles, mais c...
📞 Rémy ___ Pareil... Je me fais chier. Je voulais te dire quelque chose...
📞 Florian ___ Heu, oui ?
📞 Rémy ___ Je ne suis pas avec Caroline. Cette photo, c'était juste une idée de merde...
📞 Florian ___ Oh, bah, tu fais ce que tu veux, non ?
📞 Rémy ___ Non.
📞 Florian ___ Bah si, t'es un grand garçon et t'es célibataire. En plus, tu es en vacances loin de chez toi...
📞 Rémy ___ J'aime quelqu'un d'autre.
📞 Florian ___ Ah, première nouvelle... T'as rencontré une meuf là-bas ?
📞 Rémy ___ Je t'aime.
📞 Florian ___ Pardon ?
📞 Rémy ___ Rien, laisse tomber.
📞 Florian ___ Allez, répète s'il te plaît.
📞 Rémy ___ Je t'aime toi, pour de vrai, amoureusement je veux dire. Ne le prend pas mal s'il te plaît, c'est juste que... Je sais pas, c'est pas ma faute et si ça te dégoûte ou quoi t'inquiètes pas, je comprendrai. J'espère juste que tu voudras bien rester mon meilleur ami.
Florian raccrocha le téléphone, les mains tremblantes et le coeur en feu. Qu'est-ce qu'il venait de dire ?! C'était vraiment arrivé, cette conversation ? Il n'avait pas su quoi répondre, parce que là, tout devenait trop réel et qu'il ne s'y était pas préparé. Est-ce que cela voulait dire qu'ils allaient se mettre ensemble ? Qu'ils allaient pouvoir se faire des câlins, des bisous, dormir ensemble ? Pour de vrai ?! Et les parents, ils allaient leur dire ? Et comment allait-il faire pour être un bon petit-ami ? Il ne l'avait jamais été. Et cela voulait-il dire qu'il plaisait à Rémy mentalement et physiquement ? C'était juste... Complètement dingue !
- Espèce de petit connard, tu le rappelles tout de suite ou je te jure que je t'assassine tout de suite ! Dit Aline, prête à tuer son frère. T'es con ou quoi, il te dit ce que tu rêves d'entendre et toi, tu raccroches !
Florian sortit de ses pensées et refit un doigt d'honneur à sa soeur. Elle ne pouvait pas comprendre son état émotionnel ! Tant pis pour elle ! Il rappela Rémy, tout en n'en revenant toujours pas .
📞 Florian ___ Rémy ?
📞 Rémy ___ Oui... Désolé si je...
📞 Florian ___ Non, chut. Je... Je rêvais d'entendre ça...
📞 Rémy ___ Tu veux dire quoi par là ?
📞 Florian ___ Que je t'aime... De la même façon...
📞 Rémy ___ Oh, wow... Sérieusement ?
📞 Florian ___ Ouais... Je crois qu'on devrait en parler de vive voix, dès mon retour...
📞 Rémy ___ Je pense aussi... Je suis super impatient que tu sois là.
📞 Florian ___ Moi aussi, même si ça fait un peu peur... Je te laisse, je dois... Enfin je dois... Crier. Bisou.
Après avoir raccroché, Florian prit un coussin et se mit à hurler dedans afin de ne pas faire trop de bruit. Il avait peur, atrocement peur et il était heureux, plus que ça même. Mais tout ça lui semblait irréel, et si c'était une blague ?
- T'as entendu la même chose que moi ou je deviens taré ? Demanda-t-il à sa soeur.
- Ouais et je dois dire que suis super fière de moi ! C'est un peu grâce à moi, quoi ! Punaise, si on m'avait dit que lui et toi vous finiriez par vous enfiler pour de vrai... s'amusa-t-elle.
- Tais toi ! Rit-il. Par contre, pas un mot aux parents ! Tant que je ne l'aurai pas vu et que je ne serai pas sûr à cent pour cent qu'on est vraiment ensemble, je préfère ne pas trop me réjouir... Ça me semble limite étrange !
- Comment ça peut te sembler étrange alors que vous étiez déjà fourrés vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble ? T'inquiètes, je ne dirai rien.
Florian était certes très content, mais il préférait garder les pieds sur Terre. Peut-être que Rémy avait bu en lui disant ça, peut-être qu'il allait changer d'avis, peut-être qu'il se sentait juste un peu seul là-bas, peut-être que c'était une blague, peut-être qu'il allait se dégonfler. Il préférait clairement ne pas crier "victoire" trop vite pour ensuite tomber des nues en cas de malheur. C'est pourquoi il décida, pendant le restant de la semaine, de ne pas écrire de SMS en mode amoureux ou de s'emballer. Certes, sa bonne humeur était flagrante et remarquée, mais tout de même, il faisait attention.
Depuis le fameux appel, Florian et Aline semblaient plus proches, ils discutaient ensemble, passaient leurs soirées à regarder des films à deux et semblaient chuchoter de temps à autre, ce que Martine et Rudy trouvaient étrange, bien qu'ils étaient ravis qu'ils se comportent enfin comme de vrais frères et soeurs.
Si la semaine semblait interminable, l'enterrement eut enfin lieu le jeudi, et bien sûr, ce fut le jour le plus difficile pour tout le monde. Martine était dans tous ses états mais tentait de rester digne devant le reste de la famille et des amis de sa maman, Rudy soutenait sa femme comme il le pouvait et les deux enfants pleuraient à chaudes larmes sans pouvoir se contôler. Avant de l'avoir vue dans son cercueil, ils ne se rendaient pas vraiment compte que c'était réel et que leur grand-mère était réellement morte, partie à tout jamais. Désormais, ils n'avaient plus d'autre choix, il leur fallait accepter la réalité. Ce n'est qu'à leur retour sur Namur - la ville où ils habitaient - qu'ils retrouvèrent tous un semblant de sourire lorsque Rudy leur annonça :
- Je pense qu'on ne va pas rester à la maison, ça vous va si on part ce soir pour Durbuy ? Votre mère a vraiment besoin de reprendre ses vacances...
- Evidemment que ça nous va ! Dirent en chœur Aline et Florian.
Ils firent un passage par la maison afin de prendre les affaires dont ils avaient besoin puis Rudy se chargea de téléphoner à Caroline afin de la prévenir de leur retour pour ce soir.
Sur le trajet, le calme régnait. Martine n'avait clairement aucune envie de discuter, elle s'imaginait seulement enfin arrivée à Durbuy, se prendre une bouteille de vin et se poser dans le jardin en oubliant l'existence de cette journée, de cette semaine, de la mort de sa maman. Rudy savait pertinemment que sa femme avait besoin de calme, ce qu'il respectait entièrement en conduisant. Aline regardait des vidéos sur TikTok pour s'occuper et Florian, lui, stressait complètement à l'idée de voir Rémy.
Allaient-ils se parler dès ce soir ? Comment allaient-ils se dire bonjour ? Allaient-ils regarder un film ensemble ? Avait-il le droit de le toucher, de lui donner un baiser, de le prendre dans ses bras ? Rémy allait-il oser ? Allait-il faire son grand timide ? Comment allaient-ils faire devant les parents ? Et si Rémy se rendait compte que c'était une erreur et qu'il ne voulait pas vraiment être avec lui ?
C'est à vingt-et-une heures que la voiture se gara dans l'allée de la maison de vacances, pour le plus grand bonheur d'Aline qui ne souhaitait qu'une chose : vivre une soirée sympathique qui lui ferait penser à autre chose qu'à sa grand-mère.
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