Une fois devant l'établissement scolaire, les filles allèrent directement rejoindre leur groupe d'amies, des filles toutes plus maquillées les unes que les autres, tandis que les garçons restèrent comme à leur habitude, à deux. Ils avaient beau regarder autour d'eux, ils n'aimaient personne. Tous les deux regrettaient que Caroline et Aline n'étaient pas dans la même classe qu'eux, puisqu'elles avaient toutes les deux raté une année. Lorsque la cloche se mit à sonner, Rémy posa sa main dans le dos de son petit-ami un court moment, comme pour lui donner du courage. S'ils réussissaient cette année, ils n'auraient plus à revenir à Saint-Michel l'année prochaine, c'était le plus important.
La classe de sixième secondaire était composée de dix-sept élèves. Hormis le couple, il y avait Sofia et son petit-ami, le clan des connards composés de trois brutes, le groupe des pétasses pseudos influenceuses qui étaient toujours par quatre, le groupe des moches, mais aussi deux nouveaux. Les autres étaient plutôt comme Rémy et Florian, complètement effacés.
Le professeur de néerlandais, monsieur Meerts, était plutôt du genre sympathique mais ne supportait absolument pas que l'on parle français dans sa classe. Il disait toujours que même si quelqu'un devait faire un pet, celui-ci devait se faire dans la langue de Vondel, ce que Mattéo, Dylan et Sofian du groupe des brutes avaient tenté de faire à plusieurs reprises, visiblement sans succès.
Le cours de deux heures, où Florian avait beaucoup de facilité, se passa rapidement et dans le calme, puisque tout le monde semblait avoir du mal à se réveiller et à se remettre dans le bain après de longues vacances.- C'était pas si horrible comme début... sourit Florian, évidemment assis près de son petit-ami.
- Je suis rassuré qu'il y ait deux nouveaux... Ils ont l'air normaux... répondit Rémy, persuadé que l'un deux devait être gay.
C'est lors du prochain cours, celui de mathématiques, que l'ambiance changea légèrement. Le professeur Lindekens était du genre bien cool, ce qui laissait la place aux bavardages, surtout après qu'il ait demandé aux deux nouveaux élèves de se présenter. Le premier, un élève souffrant de problèmes de poids se nommant Julien avait fait rire les filles et le groupe des brutes en disant après s'être présenté qu'il espérait que la classe serait respectueuse envers lui et envers tout un chacun car il avait connu de nombreux problèmes dans son ancienne école.
"T'inquiètes mec, on va pas t'en mettre plein la panse, elle est déjà assez remplie comme ça..." avait lancé l'un d'eux, ce que le professeur n'avait pas franchement relevé, au grand dam du couple.Le second s'appelait Ahmed et était très efféminé, il s'était présenté en coup de vent et n'avait osé regarder personne en parlant. Mattéo, Dylan et Sofian s'étaient amusés à reproduire les mêmes gestes que le garçon pour se moquer de lui sans que personne ne dise rien et évidemment, cela avait conforté Rémy et Florian qu'il ne fallait surtout pas qu'ils se montrent main dans la main dans l'établissement. Ils n'avaient, eux, jamais été confrontés à l'homophobie car cela ne se voyait absolument pas à leur apparence, ni à leur façon de marcher ou de parler et ils se savaient chanceux.
C'est pendant la pause de midi, en voyant les deux nouveaux seuls assis à la table du fond de la cantine que Florian proposa à son amoureux d'aller les rejoindre. Après tout, eux aussi étaient seuls et se doutaient bien qu'il était difficile d'être là, d'être moqué dès le premier jour dans une école pleine de cons.
- Salut, on peut s'asseoir ? Demanda Florian aux deux garçons qui ne se parlaient pas.
- Oui, oui... répondit Ahmed, sans vraiment les regarder.
- Pas trop dur, ce premier jour ? tenta le brun, même s'il avait l'impression de les déranger.
- Franchement, j'ai juste envie de rentrer chez moi... répondit Julien. J'ai juste dis que j'espérais que le respect serait de mise et on s'est foutu de ma gueule...
- Ce sont des attardés... Fais pas attention à eux, lui dit Rémy, compatissant.
- T'as bien vu qu'ils se foutaient aussi de sa gueule à lui en faisant des gestes en mode "grande folle"... C'est quoi ça, on est où ici, dans la rue ?
Si Julien était énervé et n'était visiblement pas du genre à se taire, Ahmed semblait encore plus effacé que le couple. Cependant, il se décida à ouvrir la bouche après avoir longuement regardé les deux zigotos qui lui faisaient face.
- Vous, vous êtes ensemble. Mon gaydar est plus aiguisé qu'une lame... dit-il en souriant, malgré qu'il semblait toujours aussi peu à l'aise.
Florian et Rémy pouffèrent de rire, comment savait-il ça ? Ils ne savaient d'ailleurs pas quoi répondre, n'ayant aucune envie que les autres le sachent.
- Je ne vois pas pourquoi tu dis ça... s'amusa Rémy.
- Nous ? Genre lui et moi ? sourit Florian.
- Quoi, je me suis trompé ? demanda timidement le garçon. C'est juste que vous êtes littéralement collés l'un à l'autre là, tellement qu'on dirait vraiment que vous n'avez qu'un corps pour deux... Et vous vous regardez comme si vous alliez vous sauter dessus même quand c'est à nous que vous parlez... Enfin, désolé si je me suis trompé...
- Oh putain c'est trop chou... C'est pas mal, cette description de nous deux... rit Rémy. On est ensemble, mais on a pas vraiment envie que ça se sache...
- On devrait laisser quelques centimètres entre nous, je crois... dit le brun en reculant légèrement.
- Je le savais ! purée, je suis soulagé de ne pas être le seul... Vous allez super bien ensemble, de vrais beaux gosses, punaise ! répondit Ahmed, enfin à l'aise.
- Je peux rester avec vous même si je ne suis pas gay ? sourit Julien, amusé et surpris.
- Je propose qu'on se soutienne tous les quatre dans cette classe de cas sociaux ! conclut le blond en faisant un clin d'oeil à son petit-ami.
C'était parfait, complètement génial pour les garçons et c'était d'ailleurs la première fois qu'ils allaient vers des gens. Ils l'avaient senti, que les deux nouveaux étaient dotés d'un cerveau en état de marche.
Julien et Ahmed, eux, étaient de meilleure humeur et beaucoup plus serein grâce au couple, tout le monde était donc content. Le reste de la journée se déroula comme elle avait commencé, avec des moments sérieux et des moments agaçants. Ce qui était certain, c'était qu'ils ne comptaient plus faire attention aux autres et faire comme s'ils ne les entendaient pas débiter des âneries.
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Just Love Me
Roman d'amourRémy et Florian, deux adolescents de dix-sept ans le savent : ils ne sont pas parfaits. Ils ne sont pas populaires, ce ne sont pas des bad boys et ils n'ont même jamais eu de relations sexuelles. Ils n'intéressent pas franchement les filles, mais c...