L'odeur de plastique bon marché et de friture flotte dans l'air lourd de la petite épicerie de quartier. Je fais semblant de flâner, ralentissant mon pas alors que je traverse les allées étroites, l'air de quelqu'un qui hésite sur ses choix. Mes doigts effleurent les boîtes de conserve et les snacks, mais je garde la tête basse, le regard fuyant.
Mes pieds glissent lentement sur le sol usé, un pas après l'autre, chaque mouvement calculé. Ce n'est pas la première fois que je me trouve ici cette semaine. Peut-être même pas la deuxième. Mon regard effleure les articles sur les étagères, sans s'y attarder trop longtemps. Je sais où je vais, ce que je dois prendre. Mais la clé, c'est de paraître indécise, comme si je cherchais encore.
Arrivée au rayon des snacks, mes doigts effleurent deux sandwichs emballés. Rien d'extravagant. Juste de quoi tenir jusqu'au déjeuner ce midi. Ils disparaissent dans les poches de mon manteau, d'un geste fluide, maîtrisé. Pas besoin de précipitation. Tout semble naturel, normal.
Je me dirige vers le frigo près de la caisse. Une canette de soda. Ce sera mon alibi, la seule chose que je vais payer. Toujours avoir quelque chose à présenter à la caisse. C'est la règle. Ne jamais sortir les mains vides. Je la prends, et avance vers le comptoir.
Le caissier est là, derrière son comptoir, me fixant avant même que je n'arrive. Il a cet air que je reconnais : légèrement suspicieux, comme s'il essayait de comprendre s'il y a un truc qui cloche. Mais il ne sait pas. Pas encore.
Je pose la canette sur le comptoir, sortant un billet froissé de ma poche, le regard toujours ailleurs. Tout dans mon attitude respire l'indifférence.
— Juste ça.
Je m'efforce de garder un ton neutre, détendu. Rien qui ne trahisse ce qui se passe réellement. Le caissier ne bouge pas. Il ne prend même pas l'argent. Son regard me scrute, un peu trop insistant. Je sens que quelque chose cloche.
— Vide tes poches.
Le silence tombe brutalement. Ce n'est pas la première fois que quelqu'un me demande ça. Mais la plupart du temps, ils hésitent. Lui, il est direct. Et ça ne me plaît pas.
Je le regarde, mes yeux cherchant rapidement une échappatoire sans que mon visage ne trahisse la moindre panique. Ce n'est pas le moment de se montrer faible.
— Pardon ?
— Tes poches, répète-t-il, plus calme, plus sûr de lui. Je t'ai vue.
Je laisse échapper un rire léger, presque désinvolte. Ce genre de situation demande de la subtilité. Pas de cris, pas de mouvements brusques. Je reste droite, tranquille, jouant la carte de la cliente offusquée.
— Sérieux ? Tout ça pour une canette ?
Il ne bronche pas. Il attend que je cède, que je fasse l'erreur de trop. Je sens la tension monter doucement, mais je garde le contrôle. Mon corps ne trahit rien de ce que je ressens à l'intérieur. Il n'y a aucune raison de paniquer. Pas encore.
— Je peux appeler la police, si tu préfères, dit-il, son ton égal, presque indifférent.
La police. Je n'ai pas besoin d'entendre ce mot une deuxième fois pour savoir que je dois partir. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans cette situation, et ça ne sera probablement pas la dernière. Je calcule mes chances. Si je reste, je perds. Si je cours, il y a une chance.
— Garde la canette.
Je recule d'un pas. Il essaie de contourner la caisse, mais je bouge plus vite. Mon corps réagit avant même que je prenne la décision consciente de partir. Mes jambes s'activent, mes poches pleines, mes pas frappant le sol de l'épicerie. Je bouscule un présentoir en fuyant, le bruit des boîtes de conserve qui tombent résonne derrière moi. Mais je ne m'arrête pas pour vérifier.
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The Midnight Girl
RomanceRiley fait de son mieux pour garder la tête hors de l'eau, mais sa vie prend un tournant dramatique lorsqu'un événement tragique la pousse à fuir. Désespérée, ne sachant vers qui se tourner, elle cherche refuge auprès de Nathan, un garçon aussi énig...